Un ancien patient a engagé des tueurs géorgiens pour se venger de son physiothérapeute

Un ancien patient a engagé des tueurs géorgiens pour se venger de son physiothérapeute
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L’accident cachait une tentative d’assassinat. Le 6 mai 2019, Michel H., 65 ans, venait de garer son scooter avenue d’Eylau (16e), non loin de son bureau parisien. Il est vers 7 heures lorsque le kiné s’apprête à traverser la rue. Le conducteur d’une Citroën Saxo fait semblant de s’arrêter pour le laisser passer. Puis accélère brusquement pour se précipiter vers lui. Le sexagénaire tombe. Heureusement, il n’avait pas encore retiré son casque et il s’en est sorti miraculeusement. Légèrement blessé, il s’est vu prescrire quatre jours d’ITT.

Les occupants du véhicule ont pris la fuite. Une plainte a été déposée et une enquête ouverte, confiée aux policiers de la 1ère circonscription de police judiciaire. Les enquêteurs ont vite compris qu’il ne s’agissait pas d’un simple accident de la route. Ils découvrent que Michel H. a été victime du ressentiment tenace d’un ancien patient.

Lésion de la moelle épinière

Cinq ans après les faits, Sylvain F., 52 ans, comparaît devant la cour d’assises de Paris à partir de lundi pour tentative d’assassinat en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs en vue de préparer un crime. Pour le parquet, ce professeur de guitare a sponsorisé l’opération visant à éliminer celui qui lui a gâché la vie. Ce qu’il nie. L’affaire a débuté en 2009. Le musicien avait pris rendez-vous avec Michel H. qui se présentait faussement comme ostéopathe. Pourtant, ce dernier n’avait ni le titre… ni les compétences.

Une mauvaise manipulation de sa part entraîne chez son patient des lésions irréversibles de la moelle épinière. En février 2015, il est condamné par le tribunal de grande instance de Paris à verser 30 000 euros à Sylvain F., depuis gravement handicapé. Michel H. a également été sanctionné par la chambre disciplinaire de l’ordre des kinésithérapeutes d’Ile-de-France pour avoir exercé la profession d’ostéopathe.

Un trio de tueurs géorgiens

Pour Sylvain F., qui passe une grande partie de ses journées alité, la sanction n’est pas assez sévère. Le physiothérapeute, selon lui, ne devrait plus avoir le droit d’exercer sa profession. Petit à petit, l’idée de prendre la justice en main émerge. « La vengeance était devenue son letimotiv, sa raison de vivre », note le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi.

En le mettant sur écoute, la police a appris qu’il avait demandé à une petite amie d’origine géorgienne, rencontrée sur Tinder, de l’aider à se venger. Par l’intermédiaire de son père, Maria I. aurait amené en France une équipe de tueurs à gages géorgiens pour régler ses comptes avec le physiothérapeute.

Mais au téléphone, Sylvain F. ne cache pas sa colère contre le trio qui a quitté le pays après avoir légèrement blessé la victime en la percutant avec une voiture. “Ils ne peuvent même pas le battre!” » Il demande à sa copine de trouver une nouvelle équipe pour commettre un home jacking chez Michel H., le kiné. « Quand vous allez chez lui et que vous demandez où sont l’argent liquide, les bijoux, et que le gars ne répond pas, alors vous le lui mettez dans la bouche. Là, on peut frapper plus fort», explique-t-il à la jeune femme.

Craignant l’imminence d’un nouvel acte, la police a interpellé l’auteur de cette opération. Mais aussi sa petite amie, son père, ainsi que Besik T., chauffeur de taxi clandestin.

En garde à vue, Maria I. reconnaît les faits. Sylvain, qui avait de la « rage », « voulait le voir souffrir, il voulait qu’il soit handicapé ». «C’est le but de sa vie», assure-t-elle aux policiers. Les gros gars recrutés devaient, selon elle, « casser les poignets et les genoux » du kiné et « le frapper au visage », « avec une masse par exemple ».

Besik T. est allé chercher les trois tueurs à l’aéroport de Beauvais le 2 mai 2019 et les a aidés à acheter la Citroën qui a servi à écraser la victime. “Il n’avait aucun lien avec eux, c’est par hasard qu’il les a rencontrés”, explique 20 minutes son avocat, Me Matthieu Chavanne. A l’époque, son client se trouvait « dans une situation assez précaire ». Il a été payé « quelques centaines d’euros » pour « les accompagner pendant trois jours à Paris ». « Mais il a toujours dit qu’il ne savait pas qu’ils allaient s’en prendre à la victime », insiste-t-il, ajoutant qu’il n’avait « jamais été en contact » avec le principal accusé.

Libéré en attendant son procès

Tous les quatre comparaîtront devant la cour d’assises jusqu’au 10 mai. Ils risquent la réclusion à perpétuité. Les trois exécuteurs du contrat sont toujours recherchés et font l’objet d’un mandat d’arrêt européen. Enfin, un ami du principal accusé ne sera jugé que pour défaut de dénonciation d’un crime. Un autre accusé est décédé en détention en février dernier.

Placé en détention provisoire à la prison de la Santé après sa mise en examen, le professeur de guitare lourdement handicapé a finalement été libéré dans l’attente de son procès. Contacté par 20 minutesni l’avocat de Sylvain F., Me Jonathan Levy, ni celui de Michel H., Me Martine Mandereau, ni celui de Maria I., Me Rachid Madid, n’ont répondu à nos demandes.

 
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