Depuis le début de l’été, le constructeur chinois de véhicules électriques BYD (Beyond the Dream) fait la une des journaux dans tout le pays. Et pas seulement dans les médias spécialisés dans l’automobile. Tous ceux qui couvrent l’actualité politique font fortune.
Les tarifs, et alors ?
Déjà, le gouvernement américain avait annoncé au début de l’été qu’il imposait des droits de douane de 100% sur chaque véhicule électrique BYD qui touchait le sol du pays de l’Oncle Sam, le gouvernement canadien vient de déclarer qu’il ferait de même. Le gouvernement Trudeau va également exiger des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de Chine. L’imposition de ces droits de douane devient d’ailleurs un enjeu électoral entre les principaux partis politiques du pays.
Tout ce tapage ne semble pas trop peser sur les projets d’expansion du constructeur automobile chinois. Selon Bloomberg, BYD Co. s’attend à ce que ses expéditions de véhicules à l’étranger représentent près de la moitié de ses ventes totales dans un avenir très proche. Cela suggère que BYD pourrait créer des centres de production mondiaux pour contourner les droits de douane punitifs imposés par les pays d’Amérique du Nord.
Ce que pensent les concessionnaires du Québec
En attendant de voir la suite des choses, quelques dirigeants des dix plus grandes organisations automobiles de la province ont accepté de partager leurs réflexions sur la situation. « Si nos gouvernements veulent atteindre leurs objectifs en matière de véhicules électriques, il va falloir trouver des solutions abordables pour les consommateurs. Il semble que BYD pourrait faire partie de la solution », affirme Jacques Olivier, PDG du Groupe Olivier.
Le Groupe Olivier : pas pour tout de suite
Cela dit, même si BYD parvient à s’implanter en sol canadien, le Groupe Olivier ne sera pas parmi les premières entreprises à l’introduire au Québec. « Ce n’est pas notre modèle d’affaires d’ouvrir de nouvelles concessions. À l’exception de notre concession Hyundai à Saint-Basile, qui était une toute nouvelle entreprise (et un constructeur déjà bien établi au Québec), lorsque nous prenons de l’expansion, nous privilégions les concessions qui sont déjà en affaires depuis plusieurs années », précise-t-il.
Autrement dit, Jacques Olivier suivra de près l’arrivée de BYD en Amérique du Nord. « Nous verrons comment se déroulera leur implantation sur le sol nord-américain. Nous verrons ensuite si nous embarquons ou non », précise le concessionnaire.
Groupe Ouellet : Donnons une chance au coureur
Le président du Groupe Ouellet, Olivier Fleury Bellavance, soutient que les discussions entourant l’arrivée ou non de BYD en sol canadien se déroulent entre plusieurs têtes, dont celles des concessionnaires eux-mêmes. Toutefois, le patron de la deuxième plus grande organisation automobile au Québec ne voit pas pourquoi BYD devrait faire face à autant d’obstacles. « Pourquoi dire non avant d’avoir considéré l’offre? Je pense que ça vaut la peine de lui donner une chance. Surtout si les véhicules sont plus abordables pour les consommateurs », dit-il.
Groupe L’Ami Junior : à voir
Même discours du côté de Jean-Bernard Tremblay, qui tient les rênes du Groupe L’Ami Junior et qui figure pour la première fois parmi les 10 plus grandes entreprises automobiles de la province. Ce dirigeant n’a pas encore pris position sur le constructeur chinois. « Je ne connais pas encore très bien cette entreprise. Mais ce n’est pas une raison pour lui fermer les portes. On verra ce qui va se passer », philosophe-t-il.
Park Avenue Group : Impressionné
Finalement, le président de Park Avenue, Norman J. Hébert, se dit très impressionné par les réalisations de BYD. « J’ai eu l’occasion de voir des véhicules de ce constructeur en Europe. Tant ses véhicules que ses installations sont impressionnants. En tant que concessionnaire, je crois que le Canada devrait faire preuve d’ouverture envers ce constructeur de véhicules électriques qui connaît une forte expansion mondiale », affirme le concessionnaire Hébert. « Tant qu’il répond aux tests techniques et autres réglementations canadiennes, je ne vois pas pourquoi on ne lui donnerait pas sa chance. Je suis convaincu que BYD fera partie de la solution pour l’électrification des transports. Pour cette raison, je regarde avec beaucoup d’intérêt ce qui se passe et ce qui se dit à son sujet », ajoute-t-il.
Calendrier encore incertain
Bien que le président de BYD, M. Li, n’ait pas fourni de calendrier précis pour ses objectifs de ventes mondiales, on sait déjà que le constructeur automobile est en passe d’atteindre 500 000 ventes à l’étranger cette année. Il a déjà vendu plus de 270 000 véhicules au cours des sept premiers mois. Il convient de mentionner que BYD prévoit de vendre environ 3,6 millions de voitures entièrement électriques et hybrides rechargeables en 2024, principalement sur son marché intérieur.
Un objectif ambitieux
Selon Joanna Chen, analyste automobile chez Bloomberg Intelligence China, l’objectif de 50 % des ventes mondiales ne sera probablement pas atteint avant la fin de la décennie. Mais BYD travaille dur pour y parvenir. L’entreprise dispose déjà d’une usine opérationnelle en Thaïlande et d’autres installations sont en construction en Hongrie, au Brésil et en Turquie.
Production au Mexique
Alors qu’il s’est engagé à construire une usine en Indonésie, le constructeur automobile chinois est sur le point de signer un accord de production au Mexique. Et ce n’est pas tout. Afin de renforcer la notoriété de sa marque en dehors de la Chine, BYD a conclu cet été un accord avec Uber Technologies Inc. pour mettre 100 000 véhicules électriques sur la plateforme de l’entreprise de VTC. BYD a également été l’un des principaux sponsors des tournois de football Euro 2024 et Copa America.
Une affaire à suivre assurément…