la terrible vengeance du patient blessé par une mauvaise prise en charge de son kiné

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Par Antoine Blanchet
Publié le

21 avril 24 à 6h04

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En matière de vengeance, il ferait passer le comte de Monte-Cristo pour un amateur. Le lundi 22 avril 2024 s’ouvre devant la cour d’assises de Paris le procès de Sylvain F., 52 ans. Ce dernier est jugé avec six autres personnes pour avoir comploté la mort d’un physiothérapeute qui aurait mal pris soin de lui. Une affaire aux contours inhabituels et où une rancune tenace a conduit au crime.

Frappé dans la rue

Le 6 mai 2019 est un jour comme les autres pour Lionel* M., physiothérapeute depuis de nombreuses années. Comme chaque matin, il se rend dans le 16e arrondissement, où se trouve son bureau, sur son scooter. Après avoir garé son véhicule, il traverse la rue qui le sépare de son lieu de travail. Pour ces quelques mètres, il porte toujours son casque sur la tête.

Une voiture Citroën, qui s’apprêtait à traverser le passage piéton, s’arrête. Le chauffeur fait signe au pratiquant pour qu’il puisse passer. Alors que Lionel M. arrive au véhicule, ce dernier accélère et le percute violemment. La victime est projetée en l’air et tombe lourdement au sol. La Citroën s’enfuit vers la place du Trocadéro.


Soutenu par les secours, Lionel M. s’en est sorti miraculeusement. Le port de son casque l’a sauvé. Souffrant de blessures légères, il a obtenu incapacité totale de travail pendant quatre jours. Un témoin, présent sur les lieux, a déclaré à la police que la voiture avait délibérément percuté le kiné. L’hypothèse d’un accident a été rapidement écartée.

Un numéro de téléphone mystérieux

Les enquêtes commencent. Le véhicule a été retrouvé abandonné dans les rues de la capitale. Avec le vidéosurveillance, les enquêteurs ont réussi à identifier les cinq occupants de la voiture comme étant des hommes de nationalité géorgienne. Ces derniers résidaient dans un hôtel en banlieue parisienne et ont disparu après les événements.

Le traçage des téléphones va alors mettre au jour une autre découverte : un numéro a été délivré à l’hôtel où séjournaient les mystérieux suspects, mais aussi près du bureau de la victime, quelques jours avant les faits ! Le téléphone appartient à Maria G.. D’origine géorgienne, elle est la compagne de Sylvain F., un homme qui n’est malheureusement pas inconnu de la victime.

Une consultation qui se termine mal

Sylvain F., professeur de guitare et batterie, a ouvert la porte du cabinet de Lionel F. en 2009. Lors de la consultation, le praticien aurait réalisé un mauvaise manipulation sur la nuque de son patient. Ce dernier aurait subi des séquelles douloureuses : douleurs lancinantes, nausées intempestives, entraînant des journées passées au lit. De cette rencontre naîtra alors une terrible rancoeur de la part du quinquagénaire.

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Sylvain F. traînera d’abord le kinésithérapeute devant le Conseil de l’Ordre. Lionel M. est ainsi contraint de payer plus de 30 000 euros à son ancien patient. Une victoire qui ne suffit pas à Sylvain F.. « La prochaine fois, ce sera la mort », aurait-il déclaré au praticien après la condamnation.

S’ensuivent alors des années de calvaire pour Lionel M.. Appels téléphoniques, menaces… L’ancien patient ne lâchait rien. « Vous n’imaginez pas à quel point je souffre chaque jour. Je peux vous garantir que, jusqu’à mon dernier jour, je serai derrière lui», glisse l’accusé à un ami. Quelques mois avant les événements, le patient rancunier rencontré une femmede nationalité géorgienne.

“Tu le pousses chez lui, tu le bâillonnes”

La présence de cette dernière à proximité du bureau de la victime va pousser les enquêteurs à la mettre sur écoute ainsi que son compagnon. Les enregistrements sont effrayants. On comprend que Sylvain F. a payé l’équipe de Géorgiens pour qu’ils nuisent au kiné. Sa petite amie lui aurait servi d’intermédiaire, échangeant avec son père qui aurait des relations.

Pire encore, l’accusé, insatisfait des résultats de l’entreprise, se lance dans une nouvelle opération. Cette fois, l’idée d’un faux home-jacking se met en branle : “Vous le poussez jusqu’à chez vous, vous entrez et vous le bâillonnez”, explique Sylvain F., qui parle de “casser un genou” et de “casser un poignet”. Finalement, l’accusé et sa compagne ont été arrêtés le 14 mai. Cette dernière lutte contre la police. Un pistolet est retrouvé sur lui.

“Il voulait qu’il devienne handicapé”

Si Sylvain F. reste dans un premier temps silencieux, ce n’est pas le cas de sa compagne. Elle explique comment, à travers elle et son père, l’accusé est entré en contact avec une équipe de voyous spécialisé dans les sales besognes. C’est dans un café de Pigalle que le professeur de guitare a versé 2 000 euros d’avance à l’équipe.

La jeune femme a également expliqué que Sylvain F. était furieux après l’attentat du 6 mai. Alors qu’il se réfugiait en dehors de Paris, l’équipe lui aurait montré une vidéo de l’attaque. Peu convaincu, l’accusé aurait payé un de ses amis pour qu’il suive la victime afin de savoir si elle était grièvement blessée. « Il voulait qu’il devienne handicapé. C’était le but de sa vie”, a confié sa compagne aux enquêteurs.

Nouvelles arrestations

Les semaines passent et de nouvelles arrestations ont lieu. Le 24 mai 2019, un homme s’est présenté au commissariat. Il est le père de Maria F.. Inquiet de ne pas avoir de nouvelles, il vient d’arriver de Grèce. Il est immédiatement placé en garde à vue. Il reconnaît avoir servi d’intermédiaire, mais avoir tout fait pour que Sylvain F. ne réalise pas son projet.

Des connaissances du principal accusé sont également arrêtées, soupçonnées d’avoir eu connaissance des intentions du professeur de guitare. Un membre du commando géorgien est enfin retrouvé à Athènes. Il est extradé en 2022. Il nie toute implication dans les faits.

“Il manipule tout le monde”

Si les pièces du puzzle s’emboîtent petit à petit, les accusés tenteront de faire bouger la table. Aux enquêteurs, il explique ayant juste eu envie de « casser la gueule » au physiothérapeute. Selon lui, c’est son partenaire qui aurait organisé l’embuscade du 6 mai sans son accord. « Elle a vu notre relation s’effondrer. Elle voulait me faire plaisir pour me garder”, a-t-il déclaré lors de l’audience.

Une version critiquée par la défense des autres accusés : « Il manipule tout le monde et est prêt à tout pour se sauver. Ce que j’attends de ce procès, c’est que la vérité éclate », a protesté Moi Ballingqui défend l’ex-beau-père de Sylvain F.. Le procès doit durer jusqu’au 10 mai 2024.

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