rond point du chaman Cayenne
Agrandir l’image : Figure 1
En février, Marine Calmet, Présidente de l’association Sauvage Légal et Jean Pierre Havard de l’association Solidarité Guyanes’est rendu dans plusieurs villages amérindiens pour faire des prélèvements avec l’Association Wayana des Victimes du Mercure Haut-Maroni. Au total, plus de 60 habitants ont souhaité participer à cette campagne dépistage, dont certains ont été détectés l’année dernière. Ces échantillons ont été envoyés au laboratoire japonais de Minamata, spécialisé dans la détection du mercure. Les résultats nous sont parvenus cette semaine et ils sont clairs : des analyses réalisées par des experts indépendants révèlent que les échantillons de cheveux prélevés présentent des concentrations de mercure bien supérieures aux limites de sécurité établies par les normes internationales.
Les échantillons présentent des taux de mercure allant jusqu’à 22,41μg/g de cheveux au village de Kayodé et 22,82μg/g de cheveux au village de Taluen. Soit des tarifs 10 fois supérieurs à ceux d’un Guyanais côtier.
Ces résultats mettent en évidence la contamination des habitants de la région et prouvent que la situation est loin de s’améliorer. Ces résidents sont à risque car les personnes exposées au mercure courraient un risque accru de problèmes neurologiques, de troubles cognitifs et d’autres complications médicales graves.
“Ça donne le vertige, tu perds tes cheveux, tu as mal
presque partout dans les muscles. Quand je suis très
mauvais, j’arrête de manger. Nous tombons malades parce que l’eau
et les poissons sont contaminés par le mercure. “
_Linia Opoya.
Le témoignage de Linia à Vakita sur ce lien
Il est établi que la principale Source de cette contamination au mercure est l’orpaillage illégal qui sévit dans la région. L’utilisation du mercure dans le processus d’extraction de l’or est une pratique courante parmi les opérateurs illégaux, mais elle entraîne des conséquences dévastatrices sur l’environnement et la santé humaine. En effet, le mercure se propage dans les cours d’eau, contaminant ainsi les poissons, principale Source de nourriture des communautés riveraines.
« L’État doit réagir. Laisse ces gens là
la situation est une violation de la plupart de leurs droits
essentiel, le droit à la vie, à la santé et
environnement sain”
_Marine Calmet
Prélèvement de cheveux pour analyse mercurielle
Agrandir l’image : Figure 2
Pour rappel, les quatre associations précédemment citées ainsi que deux autres Maiouri Nature Guyane, la Coordination des Organisations des Peuples Autochtones de Guyane (COPAG) a lancé en janvier 2024 une action en justice contre l’État français pour manquement fautif dans une affaire d’orpaillage illégal. Les six associations accusent l’État français de ne pas remplir ses obligations en matière de lutte contre les activités minières illégales. En ne se donnant pas les moyens d’éradiquer ces pratiques, la France abandonne les écosystèmes du Haut-Maroni et les citoyens qui y vivent.
Actuellement et jusqu’au 26 avril Clarisse Taulewali Da Silva de la Jeunesse autochtone de Guyane, participe à l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones à New York. Elle entend alerter la communauté internationale sur cette situation catastrophique et exiger des actions pour soutenir les efforts visant à éliminer cette menace toxique et à restaurer la santé de l’écosystème du Haut Maroni.
« Ce scandale porte atteinte à nos droits reconnus par le
Déclaration des Nations Unies sur les droits des personnes
peuples autochtones, notamment en termes de droit à la vie,
la santé et un environnement sain, améliorant
nos conditions de vie, ainsi que notre droit à
l’autodétermination, telle que prévue aux articles 1, 3, 4, 7, 21 et 22. »
_Clarisse Taulewali Da Silva
Agrandir l’image : Figure 3
Face à cette situation critique, nous appelons les autorités locales et nationales à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à l’orpaillage illégal dans la région du Haut Maroni. Les associations alertent depuis des décennies et mener des campagnes de dépistage avec leurs moyens pour informer la population sur leur exposition au mercure, il est donc édifiant qu’il faille attendre 2025, selon les annonces de l’ARS Guyane, pour la mise en place d’un programme pilote dépistage systématique à Maripasoula qui ciblera uniquement les femmes enceintes et leurs jeunes enfants, alors que cette situation concerne tous les enfants (dont le développement neurologique est potentiellement gravement perturbé) ainsi que tous les autres habitants et est connu depuis les années 90 !
Des actions immédiates sont nécessaires pour protéger la santé des résidents et préserver l’équilibre écologique de ce territoire.
