Nouvelle étude | Un tiers d’ex-jeunes placés par la DPJ dans une impasse professionnelle

Nouvelle étude | Un tiers d’ex-jeunes placés par la DPJ dans une impasse professionnelle
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Près de trois ans après la publication du rapport Laurent qui analysait le système de protection de la jeunesse, de nouvelles données montrent qu’un tiers des jeunes placés sous la tutelle de la DPJ se retrouvent, à 21 ans, dans une sorte de placement professionnel. une impasse, n’étant ni aux études, ni en formation, ni au travail. C’est trois fois plus que dans la population générale au même âge.


Publié à 02h09

Mis à jour à 5h00

L’Etude sur l’Avenir des Jeunes Placés (EDJEP)1 a étudié sous toutes les coutures, pendant des années, une cohorte de 1136 jeunes de la DPJ. Ses chercheurs ont rencontré ces jeunes jusqu’à trois fois pendant et après leur parcours dans les services sociaux, et en ont tiré une série de données qui dressent un portrait du devenir de ces jeunes, dont 2000 quittent chaque année les ressources de la DPJ. Et ce portrait est loin d’être rose.

L’EDJEP nous a montré que le parcours d’un jeune placé sur cinq était chaotique, avec plus de neuf lieux de placement. À 19 ans, moins du quart de ces jeunes avaient réussi à obtenir leur diplôme d’études secondaires, comparativement à 80 % dans la population régulière. Moins d’un sur dix (7 %) accède à une formation postsecondaire. Une personne sur cinq a connu au moins un épisode d’itinérance après son placement.

Un portrait unique

Cependant, une nouvelle étude de la Chaire du Réseau de recherche jeunesse du Québec utilise les données recueillies par l’EDJEP pour examiner la situation de l’emploi des jeunes anciennement placés. Les chercheurs Martin Goyette, professeur à l’École nationale d’administration publique, Maria Eugenia Longo, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique et titulaire de la chaire, ainsi que Marie Dumollard, professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Montréal, a comparé la situation des jeunes issus du DPJ à celle d’une population ordinaire, à partir des chiffres du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Nous avons également rencontré 30 de ces jeunes ex-placés, afin de recueillir leurs expériences, pour apporter une facette plus « qualitative » à l’étude.

Un tel portrait est totalement inédit, constate le chercheur Martin Goyette. «Ça n’a jamais été fait au Québec. »

Premier constat : à 21 ans, 43 % des jeunes anciennement placés travaillent à temps plein, « dans des métiers caractérisés par de faibles exigences d’obtention de diplôme, de bas salaires et peu de protection », notent les chercheurs.

La majorité d’entre eux travaillent dans le commerce de détail (45% des jeunes travaillant à 19 ans et 27% à 21 ans) et dans la restauration (21% des jeunes travaillant à 19 et 18 ans). % à 21 ans).

Toujours à 21 ans, près d’une personne sur cinq (18%) travaille et étudie, et une sur dix étudie uniquement.

Toutefois, une partie d’entre eux éprouvent de grandes difficultés à s’orienter professionnellement. Dès l’âge de 19 ans, 28% de la cohorte suivie par l’EDJEP se retrouve déjà dans la situation de n’être ni aux études, ni en formation, ni en emploi (catégorie NEEF). Deux ans plus tard, à 21 ans, ce chiffre est plus ou moins stable, à 27 %.

Des témoignages déchirants

Les témoignages de jeunes recueillis dans le groupe de discussion sont déchirants. « Certains emplois m’ont refusé parce que j’étais dans un centre jeunesse. Certains, quand ils ont appris que j’étais au centre, eh bien, c’était comme : malheureusement tu n’es pas fait pour le poste. Vous êtes une ancienne personne à problèmes, nous ne voulons pas de problèmes ici », déclare Jeanne, 23 ans. La même jeune femme raconte avoir vécu une expérience très difficile lorsque son patron a révélé à ses collègues qu’elle avait été escorte.

Sans surprise, les jeunes non titulaires d’un diplôme d’études secondaires (DES) sont fortement représentés dans cette proportion de jeunes qui connaissent des difficultés importantes. A 21 ans, les jeunes ex-placés qui ne disposent pas de DES ont cinq fois plus de chances de se retrouver dans la catégorie NEEF. « Bref, la scolarité est un élément très important pour stabiliser leur carrière », affirme Martin Goyette.

Même chez les jeunes qui déclarent avoir un emploi, le parcours n’a visiblement pas été de tout repos, puisqu’à 19 ans, un cinquième d’entre eux déclarent avoir recours à l’aide sociale depuis la fin du placement. Cette proportion s’élève à 29% à 21 ans.

“Cela illustre le niveau important d’instabilité et de précarité professionnelle”, notent les chercheurs.

« Ces jeunes anciennement placés découvrent l’injonction forte de l’emploi à leur majorité, alors que certaines questions, comme l’éducation ou l’emploi, ne sont pas résolues », résume Maria Eugenia Longo.

Obstacles supplémentaires

D’autres obstacles compliquent le parcours des jeunes ex-placés. Lorsque le logement est précaire, l’emploi en souffre : ceux qui ont vécu un épisode de sans-abri ont deux fois plus de chances de se retrouver dans la catégorie NEEF. « La précarité résidentielle constitue un enjeu important qui bloque plusieurs processus de scolarisation, d’accès et de maintien dans l’emploi », affirment les chercheurs.

Ces jeunes qui se retrouvent dans la catégorie NEEF présentaient également plus de troubles mentaux que les autres jeunes de leur âge. Près d’un sur trois (29 %) a reçu 11 services psychiatriques ou plus, démontrent les données recueillies par les chercheurs dans les bases de données de la Régie de l’assurance-santé du Québec. Ils ont bénéficié en moyenne de trois fois plus de services psychiatriques que les jeunes de leur âge.

Que faire pour éviter que ces jeunes ne se retrouvent dans une telle impasse professionnelle ? Les chercheurs explorent plusieurs solutions possibles, dont la première consiste à apporter un soutien beaucoup plus solide à la scolarité des jeunes au sein du DPJ. Nous devons également soutenir ces jeunes de manière plus soutenue et durable dans les programmes d’employabilité. Et ce soutien, soulignent les chercheurs, doit impérativement se poursuivre après la majorité.

1. Consultez leEtude sur l’avenir des jeunes pris en charge. Rapport récapitulatif de la vague 1

 
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