Quelle immense déception de voir que l’émission du 15 août, Journée nationale de l’Acadie, en cette année du Congrès mondial acadien, ne sera pas diffusée, comme c’est la tradition depuis des décennies, sur le réseau de Radio-Canada. .
Je pense que cette décision démontre un énorme manque de sensibilité de la part des dirigeants de Radio-Canada quant à l’importance primordiale des Congrès mondiaux pour la nation acadienne, particulièrement dans sa diaspora.
Je pense qu’en prenant cette décision, ils abandonnent une partie importante de leur mandat de diffuseur national et mettent complètement à mal leur relation avec leur public cible.
Au cours des dernières années, ICI Acadie a fait un réel travail et réalisé de grands progrès en mettant de l’avant les voix acadiennes, et de la grande francophonie, dans leur programmation de A à Z.
Je pense que cela représente un pas dans la bonne direction ; une réponse réfléchie aux accusations récurrentes de québécoisocentrisme au sein du réseau.
C’est d’ailleurs à la lumière de ces avancées que la décision de ne pas diffuser l’émission CMA 2024 semble d’autant plus difficile à expliquer. En 2022, la société d’État a diffusé en direct les célébrations du 15 août à Pubnico, justement pour promouvoir le CMA 2024.
Comment expliquer cette incohérence et cette maladresse de la part des dirigeants de Radio-Canada ?
Pour justifier cette décision, le directeur régional a évoqué la possibilité de coupes budgétaires à l’horizon. Cette crainte a toutefois été dissipée lors du dépôt du budget fédéral, qui prévoit un investissement de 42 millions de dollars en nouveaux fonds pour notre diffuseur national.
Même si des captations comme celle du 15 août sont organisées à l’avance et que la direction régionale n’a pas de boule de cristal en matière de finances fédérales, il n’en demeure pas moins que cette décision, la manière dont elle a été rendue et l’alternative proposée constituent une insulte à beaucoup.
En tant que francophone minoritaire, les Congrès mondiaux ont été pour moi des expériences cruciales dans la formation de mon identité acadienne. En tant qu’artiste, je peux vous assurer que participer à l’émission télévisée nationale des célébrations du 15 août reste le rêve de nombreux musiciens.
Le 15 août du Congrès, peu importe que vous soyez à Yarmouth, à Caraquet, aux Îles-de-la-Madeleine, dans Lanaudière, à Moncton, à Lafayette, dans le Maine, à Abraham Village, à Cap Saint -Georges, peu importe, au soir du 15 août du Congrès, les frontières imaginaires qui nous séparent disparaissent, et nous formons un seul peuple, uni et fort.
La diffusion à travers le pays de cet événement important représente à cet égard une question de cohésion nationale.
Je voudrais terminer en soulignant que ce cri du cœur ne doit pas être lu comme une attaque contre l’émission La Grande Veillée, qui est de très grande qualité, ni contre son animateur Stéphane Archambault, qui est un ami de l’Acadie, ni envers les nombreux employés/animateurs du réseau qui ont à cœur notre belle Acadie.
Cela dit, si les dirigeants de notre diffuseur national ne comprennent pas en quoi remplacer la diffusion du Congrès mondial par une émission « spéciale » préenregistrée et animée par un non-Acadien représente une immense insulte à l’Acadie, je ne sais pas comment le rendre les choses plus claires.
En revanche, je reste optimiste à la lecture des positions qui se multiplient sur les réseaux sociaux pour dénoncer cette décision honteuse.
Malgré ce grand retour en arrière, je ne pense pas que nous réussirons si facilement à rayer l’Acadie de l’appellation régionale de notre diffuseur « national ».
Éric Dow
Candidat à la présidence de la SANB
