Le Répit Basse-Ville a besoin d’aide

Le Répit Basse-Ville a besoin d’aide
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Plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées jeudi matin à la place Jacques-Cartier, face à l’édifice abritant le Répit Basse-Ville. Le lieu a dû fermer ses portes pendant quelques mois, faute de financement adéquat.

On apprenait la semaine dernière que les deux nouvelles ressources de répit pour accueillir les personnes en situation d’itinérance, ouvertes fin 2023, devaient fermer temporairement leurs portes. Le répit de jour devrait rouvrir en mai, tandis que le répit de nuit devra suspendre ses activités pendant plusieurs mois.

Le Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérants de Québec (RAIIQ) a organisé ce rassemblement, afin de demander un financement suffisant et récurrent pour ces organismes qui œuvrent auprès des clientèles les plus vulnérables.

« La fermeture temporaire du Répit Basse-Ville et la réduction de la couverture des services pour les mois à venir sont symptomatiques des enjeux plus larges auxquels sont confrontés les organismes communautaires en situation d’itinérance. Actuellement, d’autres organismes communautaires connaissent d’importants problèmes de financement, qui menacent leur offre de services : l’insuffisance, l’imprévisibilité et la non-récurrence du financement ont des impacts importants pour les organismes et les personnes qui utilisent les services », déplore Mary-Lee Plante, coordonnatrice au RAIIQ.

Mme Plante ajoute qu’il faut s’éloigner de la « logique d’urgence et saisonnière » qui sous-tend le financement des organismes qui œuvrent en itinérance.

Appel du coeur

Odette Gagnon travaille comme ouvrière au Répit Basse-Ville. Elle estime que les personnes vivant dans la rue sont à nouveau livrées à elles-mêmes.

« Les habitants de la rue se sentent abandonnés et rejetés, c’est clair. Ce n’est pas la première fois qu’ils se sentent abandonnés. Ils se sentent joués par les apparitions et les disparitions de ces répits. Ils le vivent peut-être depuis trop longtemps», dit Mme Gagnon dans son discours.

Selon ses observations, le Répit accueillait environ 115 personnes par nuit. Elle s’inquiète pour la santé et la sécurité de ces personnes avec qui elle a développé des relations au cours des derniers mois.

« La rue n’offre pas beaucoup de sécurité et elle n’offre pas non plus de repos. Ils ont besoin d’endroits où déposer. C’est difficile pour les autres de comprendre ce qui se passe », ajoute-t-elle.

De son côté, Cassandra a elle-même bénéficié des services offerts par différents organismes œuvrant en itinérance, même si elle a vécu dans la rue pendant trois ans. Dans un poème touchant, elle a rendu hommage à la chaleur des lieux accueillants et des personnes qui ont pris soin d’elle. Elle espère aussi que malgré les fermetures, les personnes qui vivent dans la rue bénéficient d’une certaine empathie.

« Je voudrais terminer en vous adressant un message, citoyens, habitants de la ville, policiers, surtout pour le mois à venir, les gens qui vivent dans nos rues vont avoir plus de mal. Leur routine, leur sentiment de sécurité et de soutien, ainsi que leur qualité de vie, pour beaucoup, peuvent en être affectés, et donc être davantage exposés au risque de débordement émotionnel. Alors s’il vous plaît, essayez de vous équiper de plus de tolérance, d’ouverture, de gentillesse et de compréhension pour ces temps. bruts pour eux », invite Cassandra.

Cassandra, Odette Gagnon et Mary-Lee Plante ont pris la parole pour démontrer leur appui à Répit Basse-Ville.
Crédit photo : Simon Bélanger – Monsaintroch

Invitation aux élus caquistes

Des représentants du monde politique étaient présents à cette réunion. Étienne Grandmont, député de Québec solidaire dans la circonscription de Taschereau, en a profité pour inviter ses confrères caquistes de la région à faire une promenade dans Saint-Roch, afin de prendre conscience de la réalité vécue par les acteurs et par les personnes vivant l’itinérance.

“Arrêt […] regarder [la crise de l’itinérance] à travers les médias, arrêtez de le regarder à travers des tableaux de bord. Venez la voir et convainquons ensemble tout le gouvernement de François Legault d’investir dans la prévention et le soutien aux situations d’itinérance. C’est un investissement qu’il faut faire», suggère M. Grandmont.

Il se dit également prêt à travailler avec des ministres comme Lionel Carmant (Services sociaux) et France-Élaine Duranceau (Logement) pour « être meilleurs » face à la situation des sans-abri.

De son côté, Marie-Pierre Boucher, responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Québec, a également pris la parole pour demander un financement récurrent au gouvernement provincial. Elle souhaite de la prévisibilité pour les organismes communautaires. Ils éviteraient ainsi de devoir toujours « gratter le fond du tiroir ».

« La recherche de financements absorbe du temps et de l’énergie des organisations. Au lieu d’être au meilleur de ce qu’ils sont capables de faire, au lieu d’apporter des services, des soins et un accueil. Au lieu d’accueillir les gens à bras ouverts, ils recherchent sans cesse de l’argent. Le manque de financement récurrent cause des maux de tête», dénonce Mme Boucher.

Elle a également lancé un appel à François Legault et aux différents ministres pour qu’ils agissent. Mme Boucher souhaite que leur « ambition soit à la hauteur de la crise ». Également responsable du logement au comité exécutif, elle s’inquiète aussi de l’échéance du 1er juillet, estimant que 350 nouveaux ménages pourraient se retrouver à la rue au Québec.

En entretien avec MonsaintrochMarie-Pierre Boucher ajoute que la Ville a agi pour offrir de la prévisibilité à ses organismes partenaires.

« Depuis le début du mois de janvier, nous avons investi plus de 1,5 million de dollars en soutien à nos organismes communautaires. Nous sommes venus leur donner de la prévisibilité. Nous nous sommes engagés à leur accorder un financement sur trois ans et c’est ce que nous avons fait. Nous avons augmenté le financement», explique-t-elle.

Mme Boucher ajoute que la Ville a également mis à disposition des locaux dont elle assure l’entretien et l’aménagement.

Marie-Pierre Boucher, responsable du dossier de l’itinérance au comité exécutif.
Crédit photo : Simon Bélanger – Monsaintroch

Le financement récurrent, le nœud du problème

De son côté, Claude Villeneuve, chef de l’opposition à la mairie, estime que les intervenants « se sentent un peu abandonnés par les décideurs ». Plus tôt cette semaine, son équipe a envoyé une lettre au ministre Lionel Carmant, afin d’obtenir « des ressources financières supplémentaires et suffisantes ».

« Le financement doit diminuer. Cela se produit au compte-goutte. On n’a jamais autant parlé de l’itinérance au Québec ces dernières années. On sent que le gouvernement met ça entre les mains des municipalités et qu’on n’a pas encore saisi l’urgence de la situation», dit d’abord le chef du Québec.

Pour Jackie Smith, responsable de Transition Québec, il était « prévisible que des gens soient brûlés » en raison du manque de financement récurrent.

« Ce qui est déplorable, c’est qu’il est évident qu’on ne peut pas résoudre la précarité par la précarité. Si nous avions un financement prévisible à long terme, un programme structuré et structurant, nous ne nous retrouverions pas constamment à demander quelque chose pour l’hiver. L’hiver est encore prévisible, nous avons donc besoin d’un plan à long terme pour sortir les gens de l’itinérance », demande Mme Smith.

 
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