Attaque d’un maire dans le Calvados : l’auteur “s’emporte”

Attaque d’un maire dans le Calvados : l’auteur “s’emporte”
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Par Julien Lagarde
Publié le

18 avril 24 à 20h26

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Insultes, incivilités, menaces, voire agressions physiques. Ces dernières années, les élus locaux subissent de plus en plus de violences dans l’exercice de leurs fonctions. Parfois pour des raisons futiles. L’affaire jugée mardi 16 avril 2024 au tribunal d’instance de Lisieux (Calvados) illustre ce phénomène inquiétant, contre lequel l’AMF (association des maires de ) s’exprime régulièrement.

Un homme de 37 ans était jugé pour avoir agressé Yoan Morlot, maire de Heuland, petite commune du Pays d’Auge d’une centaine d’habitants. Il a reconnu les faits. Le tribunal rendra sa décision le 7 mai 2024.

Les deux hommes ne se connaissent pas

Le 8 novembre 2023, l’élu est appelé vers 22h30 par un administrateur, inquiet de voir des flammes près d’une maison en construction dans le lotissement Domaine Londais. Un artisan brûle du bois, « pour sécher un mur » précise-t-il, ou plus probablement pour éliminer les déchets, l’accès aux déchetteries étant payé par les entreprises.

Après avoir prévenu les pompiers et la police, Yoan Morlot s’est rendu sur place et a tenté d’entamer un dialogue avec l’artisan qu’il ne connaissait pas. Il décline sa qualité de maire et lui indique qu’il est interdit de faire du feu à cet endroit.

« Ma seule envie était de lui expliquer les choses sereinement, dans un souci d’apaisement. En raison de son pouvoir de police, un maire doit parfois rappeler les règles, même si elles ne sont pas toujours faciles à comprendre.

Yoan Morlot, maire de Heuland, lors de l’audience.

“Il ne supporte pas la contradiction”

Mais l’artisan ne le voit pas de cet oeil. Fou de rage, il comble le maire d’insultes et de menaces en tout genre. Une réaction soudaine et disproportionnée, enregistrée par la caméra piéton des gendarmes.

« Les propos étaient violents, et les menaces étaient explicites : je vais te casser la tête, je vais te tabasser, je vais te relever, vas-y et porte plainte pour que je sois votre nom et votre adresse… Ce monsieur vous permet de parler de manière informelle et de dénigrer un élu. Il ne supporte pas la contradiction et la frustration», déplore l’avocat du maire, Maître Naviaux.

“Si les gendarmes n’avaient pas été présents, je ne sais pas comment cette histoire se serait terminée” ajoute Yoan Morlot, qui demande 1 500 euros de réparation pour son préjudice moral et 787 euros pour le préjudice financier lié à l’ITT de 4 jours. délivré par le médecin. De son côté, l’Union Amicale des Maires du Calvados réclame 500 euros (dommage moral).

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“Je suis franc et impulsif”

A la barre, invité par le président Dominique Baranger à remettre en question son attitude ce jour-là, l’artisan avoue être « devenu fou pour rien ». Cet habitant de la commune d’Authie évoque un contexte psychologique difficile.

« J’étais fatiguée, ma mère est décédée la veille. Je suis franc et impulsif. Je sais très bien qu’on ne parle pas ainsi à un maire, à un juge ou même à une personne dans la rue. C’est allé trop loin.

L’accusé.

Son avocat, Maître Pasquier, demande au président de juger son client « uniquement au regard de la prévention » et non par rapport à l’émotion suscitée par cette affaire. « Dans l’ampleur des infractions que votre tribunal est appelé à examiner, celle-ci n’est pas la plus grave. Et mon client admet sa culpabilité.

L’avocat estime que les demandes de dommages et intérêts sont excessives. « Il y a bien sûr un préjudice moral pour le maire, mais il doit être évalué à sa juste proportion. D’autant que mon client gagne 1 500 € par mois, avec trois enfants à charge. Quant au préjudice subi par le syndicat ami des maires du Calvados, il faudra le démontrer.»

4 mois d’assignation à résidence requis

Christophe Bogliolo, pour le ministère public, demande une peine de quatre mois de détention à domicile. « L’intervention du maire était parfaitement justifiée, il était dans son rôle. Est caractérisé le délit de menace de crime ou de délit contre une personne dépositaire de l’autorité publique. Le prévenu savait qu’il avait affaire à un élu.

L’artisan compte neuf mentions à son casier judiciaire, pour des infractions routières ou liées à son activité professionnelle (contrefaçon et travail dissimulé).

La défense voulait récuser le président

Fait rare lors d’une audience pénale, l’avocat de la défense a demandé la récusation du président Dominique Baranger. Dans la matinée, son client a comparu devant le procureur, pour les mêmes faits, dans le cadre d’une procédure de plaidoyer de culpabilité. L’homme a reconnu avoir agressé le bourgmestre de Heuland, il a accepté la peine proposée par le parquet mais Dominique Baranger, qui officiait en tant que juge-agréable, n’a pas souhaité la valider. Une telle décision entraîne, de facto, la comparution de l’accusé devant le tribunal en audience publique. Maître Claire Pasquier s’est dite « surprise » de constater que cette audience était présidée par le magistrat qui avait refusé l’agrément quelques heures plus tôt. « Cela me pose un vrai problème, en termes d’impartialité. Vous avez déjà pris votre décision ce matin à ce sujet. Il aurait été préférable d’avoir un juge qui n’avait pas déjà étudié le dossier », a expliqué l’avocat du barreau de Caen. D’autant que l’audience du matin avait été quelque peu tendue. Le magistrat a dû suspendre les débats pendant une dizaine de minutes compte tenu de l’attitude véhémente du prévenu. La demande formulée par la défense n’a pas été acceptée. Le procès s’est donc poursuivi avec le même président.

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