La Coordination rurale dénonce les contrôles de l’Agence de Service et de Paiement en Haute-Vienne

Le monde agricole est en colère, les contrôles de conditionnalité se multiplient alors que les aides tardent à arriver. La coordination rurale se renforce, ses militants sont allés soutenir un éleveur qui vient de recevoir la visite des agents de l’ASP ce jeudi 18 avril.

Lorsqu’il descend de son tracteur, Damien Rollin est sous pression, puisqu’il fait l’objet ce matin d’un contrôle drastique de la part des agents de l’ASP (Agence des Services et des Paiements). jeil a repris la ferme de son père en 2003, il s’inquiète aujourd’hui de la survie de son entreprise.

Il faut être calme, après ça reste une pression. Depuis que je suis prévenu, c’est quand même une pression sur nos épaules, c’est un peu de notre exploitation qui est en jeu quand même.

Lqu’il contrôle en tant que tel, nous n’étions pas autorisés à les filmer. Il s’agit de contrôles de conditionnalité par lesquels l’ASP s’assure que la réalité de l’opération est conforme à la déclaration pour obtenir l’aide de la PAC. Les boucles et les animaux sont comptés. Toutes les identifications doivent être aux normes si Damien veut notamment pouvoir bénéficier de la prime mouton 2024. Le contrôle s’étale sur deux journées, l’une dédiée aux animaux, la seconde aux papiers administratifs.

A l’entrée de la ferme de Damien, on peut lire quelques voitures. « LAISSEZ-NOUS LA PAIX, travaillons » « Champion du monde de la complexité administrative et des contrôles ».

Les banderoles de la Coordination rurale sont de nouveau déployées. Une dizaine de Chapeaux jaunes, membres du syndicat majoritaire dans le département, sont venus dénoncer la multiplication de ces contrôles, un peu trop drastique au goût de ces agriculteurs.

« Le travail d’un agriculteur est déjà assez compliqué, la situation, on la connaît tous. Alors aujourd’hui, il travaille, il va bien. Nous venons juste vérifier, nous vérifions que le confrère éleveur a subi ce contrôle et qu’il n’y a aucun zèle de la part des services de l’Etat ou des contrôleurs eux-mêmes, c’est justement cette vérification que nous venons faire aujourd’hui. » argumente Charles Muller, également éleveur, membre de la coordination rurale.

« Avec le mouvement de colère, nous avons demandé la fin des contrôles tant que l’État n’aurait pas honoré ses promesses avec le versement des aides PAC 2023. Ils n’ont toujours pas fini de payer et la déclaration 2024 démarre mal avec des bugs informatiques. Toutefois, les contrôles continuent et se renforcent ces dernières semaines alors qu’avec le retour du beau temps, nous pourrions enfin retourner aux champs plutôt que de faire de la paperasse. agace un autre participant.

L’Etat avait pourtant annoncé, sinon alléger les contrôles, du moins s’organiser pour qu’il y ait une meilleure coordination afin d’éviter qu’un même agriculteur soit contrôlé plusieurs fois de suite.

Sur cette exploitation de 220 ha, Damien élève 80 vaches et 520 moutons. Après l’accident de son père en 2023, il peine à faire perdurer son activité. Ces contrôles sont très mauvais pour lui.

“Ce n’est pas un bandit, certaines choses sont peut-être faites un peu tard, mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas fait” défend Roger, le voisin de Damien.

« L’année dernière, je n’étais peut-être pas tout à fait à jour avec les documents de déclaration, j’étais peut-être en retard de quelques jours, car on ne peut pas faire les déclarations à temps quand on a du bétail à s’occuper en permanence » l’agriculteur contrôlé se justifie.

Après ces deux jours de contrôle, Damien saura si cette aide du PAC sera maintenue ou non.