La résistance aux antimicrobiens est une menace mondiale – et le Canada est mal préparé : sénateur Seidman

La résistance aux antimicrobiens est une menace mondiale – et le Canada est mal préparé : sénateur Seidman
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Les experts tirent la sonnette d’alarme depuis des décennies. La résistance aux antimicrobiens sera probablement la prochaine crise sanitaire majeure au Canada et il est temps que le gouvernement fédéral prenne des mesures suffisantes pour y remédier.

La résistance aux antimicrobiens nécessite une action mondiale urgente en raison de l’utilisation abusive et excessive des antimicrobiens chez les humains, les animaux et les plantes. La résistance survient lorsque les bactéries, virus, champignons et parasites ne réagissent pas aux médicaments conçus pour les traiter, augmentant ainsi le risque de propagation de maladies graves. Des médicaments comme la pénicilline et ses dérivés constituent la pierre angulaire de la médecine moderne depuis près d’un siècle. Pouvez-vous imaginer un monde dans lequel ces médicaments perdraient leur efficacité pour traiter des infections comme la pneumonie et le streptocoque, ou pour prévenir des infections graves lors de chirurgies et de transplantations d’organes ?

En tant que membre du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie depuis plus de 12 ans, je me souviens de notre étude de 2014 sur les produits pharmaceutiques d’ordonnance mettant en garde contre la surutilisation des antibiotiques et leurs conséquences involontaires sur l’ensemble de l’éco-environnement. En écoutant les témoignages d’experts, il était clair pour moi à l’époque, comme c’est clair pour moi aujourd’hui, que la résistance aux antimicrobiens allait devenir une menace mondiale. Le Canada doit adopter une approche pangouvernementale pour trouver une solution.

Un groupe d’experts du Conseil des académies canadiennes a estimé qu’en 2018, la résistance aux antimicrobiens a coûté au système de santé canadien plus de 1,4 milliard de dollars et était directement responsable de la mort de 5 400 Canadiens. Ils prédisent que d’ici 2050, si la résistance à tous les antimicrobiens de première intention atteint 40 % – un scénario qu’ils jugent hautement plausible – 13 700 Canadiens mourront chaque année d’infections bactériennes résistantes.

En octobre 2023, la vérificatrice générale Karen Hogan a déposé à la Chambre des communes un rapport d’auditeur indépendant sur la résistance aux antimicrobiens. Dans un communiqué de presse, elle a été directe : « Pour lutter avec succès contre la résistance aux antimicrobiens, le Canada a besoin d’un tableau complet de l’utilisation et de la résistance aux antimicrobiens à travers le pays, ainsi que d’un plan solide pour que les bons antimicrobiens soient disponibles et utilisés de la bonne manière pour protéger la population. santé des Canadiens. Bien que l’Agence de la santé publique du Canada ait publié un Plan d’action pancanadien sur la résistance aux antimicrobiens en juin 2023, je crains qu’il manque d’éléments essentiels, tels que des livrables concrets, des échéanciers, des moyens de mesurer les progrès et des rôles et responsabilités clairs pour chaque niveau. du gouvernement. Sans ces éléments, il est peu probable que ce plan aboutisse à des progrès. »

L’audit a notamment révélé que le Canada n’avait pas pris de mesures suffisantes pour améliorer l’accès au marché des médicaments antimicrobiens disponibles dans des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la Suède. Le Canada n’a pas accès au marché pour 19 des 29 antibiotiques de réserve classés comme « antibiotiques de dernier recours » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sur les 13 « nouveaux » antibiotiques commercialisés depuis 2010, les États-Unis ont accès à la totalité des 13 ; Le Canada n’en a accès qu’à deux. Une combinaison d’incitatifs réglementaires et économiques est nécessaire pour améliorer la situation, mais Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) n’ont pas encore agi.

Le rapport indique également que de graves lacunes persistent dans la collecte de données en dehors des hôpitaux et auprès des populations vulnérables. L’ASPC ne disposait pas de données spécifiques pour son rapport à l’ONU, ni pour le rapport 2020 de l’OMS sur la résistance mondiale aux antimicrobiens.

Le vérificateur général a fait des recommandations non seulement à Santé Canada et à l’ASPC, mais également à l’Agence canadienne d’inspection des aliments et à Agriculture et Agroalimentaire Canada. En ce qui concerne particulièrement l’utilisation des antimicrobiens en agriculture, des recommandations ont été formulées pour garantir que les antimicrobiens présents dans les aliments pour animaux soient vendus sur ordonnance uniquement et que l’utilisation vétérinaire des antimicrobiens soit examinée. Le Canada devrait peut-être aller plus loin, tirer une leçon de l’Union européenne et interdire l’utilisation d’antibiotiques pour stimuler la croissance des animaux de ferme.

La pandémie de COVID-19 a démontré que le Canada doit tirer les leçons de ses échecs passés pour renforcer ses interventions en matière de santé publique, en particulier les rôles et responsabilités des différents niveaux de gouvernement. Après l’épidémie de SRAS au Canada en 2003, le gouvernement fédéral a maintenu une réserve stratégique nationale d’urgence d’équipement de protection individuelle. Mais en 2019, le Canada s’est débarrassé de ses fournitures périmées, notamment des respirateurs N95, parce qu’il comptait sur les provinces pour disposer de leurs propres stocks. Pendant ce temps, l’Ontario se débarrasse également de ses N95, comptant sur le stock fédéral en cas d’urgence. Ainsi, malgré les leçons du SRAS, lorsque la pandémie de COVID-19 est arrivée, les gouvernements canadiens ont été pris au dépourvu et nous sommes restés vulnérables.

La résistance aux antimicrobiens est considérée comme l’une des 10 principales menaces mondiales pour la santé publique. Nous pouvons prédire avec certitude ; l’avenir est ici. Les Canadiens méritent mieux que les ministères fédéraux et tous les ordres de gouvernement qui se rejettent la faute les uns les autres alors que rien n’est fait. Il est temps de tirer les leçons des échecs passés et de placer la résistance aux antimicrobiens au premier rang des priorités du Canada.

Sénateur Judith G.Seidman représente la division québécoise de De la Durantaye au Sénat. Elle est épidémiologiste et chercheuse en santé liée au vieillissement.

Cet article est paru dans le 20 mars 2024 édition du Hill Times.

 
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