– A Genève, un soutien politique très discret
Plusieurs acteurs de l’industrie genevoise de la blockchain réclament davantage de soutien de la part de l’Etat. Du côté du ministère de l’Économie, nous revendiquons une attitude active, tout en refusant « d’être l’instance de promotion de la blockchain ».
Ce mercredi 6 mars, à l’occasion d’une grande conférence organisé par l’association Crypto Valley au coeur de Genève, les représentants des promotions économiques de Neuchâtel, de Vaud et de la ville de Lugano débattent. Ne cherchez cependant pas leurs homologues genevois. Bien qu’invités à prendre la parole, ils n’ont pas souhaité monter sur scène. Une invisibilité de l’État généralement constatée par de nombreux acteurs industriels locaux.
L’entrepreneur Trang Fernandez, actif dans la domiciliation d’entreprises blockchain, ne constate pas à Genève «un dialogue quotidien comme c’est le cas à Zoug, où les autorités viennent régulièrement nous rencontrer». Elle dit comprendre que « Genève a d’autres chats à fouetter, avec des secteurs clés comme produits de base qui ont un impact économique », tout en jugeant « important de garder un œil sur la blockchain, qui représente une forme de diversification intéressante ».
D’un point de vue plus politique, certains acteurs soulignent la difficulté d’incarner le secteur dans la continuité, à l’échelle d’un département de l’économie qui a compté quatre magistrats ces sept dernières années. Avocat Gabriel Jaccard, co-initiateur de La bonne société de jetons, analyse que « politiquement, le dossier avait des connotations avec Pierre Maudet, qui personnifiait la blockchain genevoise. Après cette affaire, personne n’a vraiment voulu reprendre le flambeau.»
Technologie ou industrie ?
La magistrate Delphine Bachmann, cheffe du département de l’Économie, réaffirme que « la DEE n’est pas l’organisme qui promeut la blockchain, ni aucune autre technologie. La blockchain est une technologie et non une fin en soi. Elle dessert principalement les secteurs qui font vivre Genève.»
Pour Emilie-Alice Fabrizi, présidente de The Good Token Society, la blockchain est « certes une technologie mais aussi une industrie structurante et créatrice d’emplois, qui impacte l’ensemble de l’économie, pour laquelle elle a besoin d’être accompagnée et portée ». Et de rappeler qu’au début des années 2000 « internet était une technologie au service de l’économie, avant de s’imposer comme l’industrie la plus puissante du monde. La Silicon Valley est là pour en témoigner.
Jeanne Plancade est journaliste économique et d’investigation pour Bilan, observateur critique de la scène tech suisse et internationale. Il s’intéresse aux tendances fondamentales qui remodèlent l’économie et la société. Plus d’informations
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