La « semaine de l’arbitrage » parisienne, un événement en passe de devenir incontournable

La « semaine de l’arbitrage » parisienne, un événement en passe de devenir incontournable
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Pour la huitième année consécutive, la « Paris Arbitration Week » (PAW) s’est tenue à Paris du 18 au 22 mars. Elle a réuni la communauté de l’arbitrage international autour de différents événements. Marie Danis, co-fondatrice du PAW et associée du cabinet d’avocats August Debouzy, a animé un échange sur injonctions anti-poursuites. Elle revient à Actu-Juridique sur l’importance de cet événement qui tend à prouver l’importance de la place de Paris dans l’arbitrage.

Actu-Juridique : Qu’est-ce que la semaine de l’arbitrage ?

Marie Danis : C’est une semaine qui a pour objectif de rassembler les acteurs de l’arbitrage et de promouvoir Paris comme place de l’arbitrage. Je suis l’un des fondateurs de cet événement, notamment avec Yasmin Mohamad. Nous avons créé une association avec les principaux acteurs de l’arbitrage français et parisien. L’idée était d’organiser une semaine de rencontres, à la fois intellectuelles et festives, à l’image de ce qui existait déjà à l’époque à New York ou Hong Kong. La première édition a eu lieu en 2017. Avec une vingtaine de partenaires, la première session a été assez modeste. Il reçoit néanmoins immédiatement un excellent accueil et est rapidement repris par des acteurs étrangers, en cercles concentriques. Au départ, Paris en a fait la promotion. Puis, chose intéressante, nos voisins européens sont venus relayer l’événement. Une deuxième vague a amené de nombreux acteurs africains. Désormais, les acteurs asiatiques de Singapour, d’Inde et de Hong Kong sont très présents. D’événement régional, la Paris Arbitration Week devient un événement mondial. Plus d’une centaine d’événements ont eu lieu lors de la dernière édition. C’est un moment de rencontre privilégié entre nos cabinets parisiens et des acteurs d’autres pays qui profitent de leur présence à Paris pour venir nous voir.

AJ : Pourquoi Paris est-elle une place importante pour l’arbitrage ?

Marie Danis : La France est un pays arbitrage amical et sa capitale, Paris, est à la fois un lieu juridique et opérationnel d’arbitrage. Sur le plan juridique, le droit français lui est favorable : ses règles juridiques sont respectueuses et n’interfèrent pas avec l’arbitrage. Sur le plan opérationnel, notre système judiciaire peut servir de support, par le recours aux tribunaux français. Ces derniers peuvent rendre des sentences exécutoires et traiter de manière professionnelle les recours en annulation, qui constituent la forme de recours contre les sentences. Pour ces raisons, Paris est une localisation privilégiée pour l’écosystème de l’arbitrage. C’est aussi un lieu historique, notamment en raison de la présence de la CCI, qui est l’institution la plus importante en la matière.

AJ : Qu’est-ce que cet écosystème d’arbitrage ?

Marie Danis : L’écosystème de l’arbitrage comprend des institutions d’arbitrage, des cabinets d’avocats et des centres qui accueillent des audiences. Paris est bien doté et possède une position géographique intéressante. C’est très clairement l’un des moyeux l’arbitrage pour des affaires qui concernent l’Europe mais aussi les pays africains. Elle bénéficie d’un bon positionnement géographique en Europe, notamment pour le continent africain, et dans une moindre mesure pour la zone Moyen-Orient.

AJ : Votre entreprise a organisé une conférence sur injonctions anti-poursuites. Pourquoi avoir choisi de mettre en avant ce sujet ?

Marie Danis : Lorsque vous négociez un contrat, vous convenez de la juridiction qui connaîtra les litiges, dans une ville donnée, selon les règles d’une institution donnée. Cependant, certaines parties violent volontairement et opportunistement les règles contenues dans la clause compromissoire. Ils peuvent choisir de se référer, au lieu de l’institution envisagée, à la juridiction étatique d’un pays non démocratique. Cette stratégie vise à faire obstacle à une sentence rendue par des arbitres indépendants. Cela se produit par exemple aujourd’hui en Russie, où les parties russes saisissent – ​​en violation des clauses d’arbitrage – un tribunal spécial créé par la loi de leur pays. LE injonctions anti-poursuites sont des mécanismes spécifiques aux pays de loi commune. Ils permettent à une entreprise de demander qu’il soit interdit à son adversaire de le poursuivre en justice. C’est une façon de se protéger de ce genre de comportement. Il est nécessaire de s’adresser aux tribunaux anglais pour obtenir un injonction anti-poursuite, c’est-à-dire une ordonnance du juge anglais interdisant l’ouverture d’un litige parallèle en violation d’un accord. C’est un sujet très intéressant, sur lequel nous avions déjà travaillé en coordination avec un certain nombre de collègues.

AJ : Avez-vous des exemples de mise en œuvre d’un injonction anti-poursuite ?

Marie Danis : Lors de notre événement, nous avons analysé une décision publique concernant une banque allemande. Cette dernière a fourni une garantie bancaire dans le cadre d’un contrat entre une entreprise de construction allemande et une personne morale russe. En raison des sanctions, le constructeur interrompt ou n’exécute pas le contrat de construction. L’entité russe demande alors à la banque d’exécuter la garantie bancaire. Et là, au lieu de saisir un tribunal arbitral comme le prévoit la garantie bancaire, elle saisira un tribunal spécial russe. Pour se protéger d’une exécution notamment en Allemagne ou en France, pays dans lesquels la banque allemande pourrait théoriquement détenir des actifs, la banque allemande demandera cela aux tribunaux anglais. injonction anti-poursuite… Nous avons invité un avocat qui avait notamment plaidé cette affaire devant la Cour d’appel de Londres et obtenu un injonction anti-poursuite. Après avoir présenté ce cas pratique, nous avons élargi le sujet pour présenter les mécanismes existants pour protéger l’arbitrage dans d’autres pays, notamment à Hong Kong mais aussi en France et en Allemagne. Cet événement a connu un grand succès et a suscité de nombreuses questions de la part du public car il est d’actualité sur le plan juridique et géopolitique. Depuis la guerre en Ukraine, des sanctions européennes ont en effet été prises contre toute une série d’entités russes. La Russie, en réponse, a décidé de créer un tribunal spécial pour tenter d’échapper à ces sanctions et de contourner les tribunaux normalement compétents.

AJ : Qu’ont apporté à Paris les huit éditions de la semaine de l’arbitrage ?

Marie Danis : Je pense que ce rendez-vous est devenu véritablement incontournable pour les acteurs du secteur. C’est aussi une très belle vitrine pour la ville de Paris. Le cocktail d’ouverture du PAW s’est tenu à l’Hôtel de Ville de Paris, mis à disposition par la Maire de Paris. Pour la première fois cette année, le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris était présent à l’événement. Le ministre de la Justice était également présent. C’est dire que cet événement, initiative purement privée, a trouvé son public et attire désormais le soutien des pouvoirs publics.

 
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