la crise du logement est bien vivante dans la région

«En mai 2023, j’ai trouvé une chambre à louer dans une maison jusqu’à fin août, après, en septembre je n’avais pas vraiment de logement, en octobre non plus», raconte Roxanne Turgeon, l’air désespérée.

Heureusement, des amis l’ont accueillie à cette période ainsi qu’en novembre. En décembre, elle trouve une chambre pour un mois aux Éboulements, un village voisin.

« Depuis janvier, je vis dans une maison louée à deux amis partis en voyage pendant six mois. Donc, beaucoup de voyages et d’inconnu», raconte Mme Turgeon, qui cherche toujours un appartement puisque ses amis seront de retour en août prochain.

Elle est triste de constater « qu’il n’y a rien de disponible » et souligne en même temps qu’« aucun appartement n’accepte les chiens », même si elle en a un. Elle estime même que la situation à Baie-Saint-Paul « est pire qu’au Québec ».

2300 $ par mois

Au moment d’écrire ces lignes, les sites Kijiji et LesPac ne contenaient aucune petite annonce d’appartements à louer dans la ville de Baie-Saint-Paul.

Plus populaire, la plateforme Marketplace de Facebook n’affichait que deux logements à louer, soit trois et demi. Le premier affichait un prix de 1 500 $ par mois. Le second, meublé, indiquait un prix de 2 200 $ par mois.

Le site LogementsCharlevoix affichait deux appartements à Baie-Saint-Paul : un quatre et demi meublé à 2 300 $ par mois, et un trois et demi sombre à 795 $ par mois.

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Rue Saint-Jean-Baptiste à Baie-Saint-Paul. (Félix Lajoie/Le Soleil)

« Honnêtement, je ne suis pas du tout surpris. Dans les régions plus touristiques, souvent les rares logements qui seront disponibles seront loués très, très cher», affirme sans hésiter Cédric Dussault, du Regroupement des comités d’habitation et des associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Nicole Dionne, coordonnatrice au Bureau d’animation et d’information sur le logement (BAIL), abonde dans le même sens : le nombre de logements disponibles par rapport à la demande est tellement disproportionné que ce sont désormais les propriétaires « qui ont le gros bout du bâton ». « . Ce n’est plus le locataire qui sélectionne le logement idéal, mais l’inverse.

« En plus d’augmenter fortement les prix, il y a aussi une sélection de profils de locataires qui est en cours, nous allons obtenir ce que nous voulons car les propriétaires ont actuellement le marché entre leurs mains. «Cela entraîne beaucoup de discrimination», ainsi que de surenchère, explique Mme Dionne.

“Je pense que j’ai fait mon travail”

En entretien avec Le soleil, le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, mentionne que son administration « est bien consciente de la situation ». Le chiffre exact n’est pas connu, mais le maire estime que le taux d’inoccupation du parc locatif de sa ville est inférieur à 1 %.

Il soutient que son équipe « est sortie des sentiers battus » en introduisant plusieurs mesures pour atténuer la situation.

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Le maire de Baie-Saint-Paul, Michaël Pilote, lors des inondations du printemps dernier. Selon lui, ces événements ont nui à la situation du logement à Baie-Saint-Paul. (Simon Carmichael/Archives, Le Soleil)

« Nous avons établi des quotas par zone pour restreindre les Airbnbs et y avons mis un peu de hache, pour ainsi dire. On a aussi autorisé les logements accessoires, donc quelqu’un qui voudrait rénover son garage pour en faire une maison, on a permis ça», souligne le maire Pilote.

D’autres projets “sont sur la planche à dessin”, notamment un futur quartier de mini-maisons dans le quartier de l’ancien hôpital, soulève-t-il.

« Nous avons également soumis un projet de logements abordables, soit 44 logements, qui seraient gérés par un OBNL formé par la Ville. Une demande de subvention a été déposée à la Société d’habitation du Québec, nous attendons présentement.

— Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul

Sans avoir de demande précise, le maire de Baie-Saint-Paul estime que les deux paliers de gouvernement devraient en faire davantage pour aider les municipalités comme la sienne.

« C’est la responsabilité de chacun, c’est sûr. Les promoteurs privés ont également leur rôle à jouer. En tant que municipalité, je vous le dis humblement, je pense avoir fait mon travail», juge M. Pilote.

Une inondation et Airbnbs

De son côté, Nicole Dionne déplore que les programmes de logements sociaux du gouvernement provincial soient graduellement remplacés par des projets de logements dits « abordables ».

« Ce n’est pas abordable, cela représente le coût moyen du secteur. Ce ne sera pas parmi les plus chers, mais il sera sur le marché. On est loin du logement social qui se détermine en fonction de la capacité contributive de chacun », constate-t-elle.

Selon le BAIL et le RCLALQ, les locations de courte durée de type Airbnb exercent également une forte pression sur le parc locatif dans les régions touristiques comme Charlevoix.

« Charlevoix et la Gaspésie sont les pires régions en termes de proportion de logements trouvés sur des plateformes comme Airbnb. »

— Cédric Dussault, Regroupement des comités d’habitation et des associations de locataires du Québec (RCLALQ)

Dans les petits villages plus reculés, la proportion peut atteindre 100 %, selon lui. Les chiffres du RCLALQ indiquent que 10 % du parc locatif de Baie-Saint-Paul se trouve sur la plateforme Airbnb.

À titre de comparaison, 1 % du parc locatif de La Malbaie, qui compte une population similaire, se retrouve sur la plateforme de location courte durée. Les données du RCLALQ n’étaient pas disponibles pour les autres communautés de Charlevoix.

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Le premier ministre du Québec, François Legault, s’entretient avec le maire de Baie-Saint-Paul, Michael Pilote, et la députée locale Kariane Bourassa, alors qu’ils visitent l’un des sites d’inondation, le mercredi 3 mai 2023. (Jacques Boissinot/Archives, La Presse Canadienne)

«C’est spécial aussi puisqu’il y a eu des inondations: on a eu une augmentation importante des demandes de la part des gens de Baie-Saint-Paul parce qu’il y a plusieurs logements qui ont disparu», ajoute Mme Dionne de BAIL, un organisme qui appuie les locataires dans la défense de leur propriété. droits.

Le bon vieux bouche à oreille

Lucie Hotte, agente au Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de Charlevoix-Ouest, concède que la situation « n’est pas toujours facile », voire « parfois très compliquée » pour son organisme qui aide les nouveaux Charlevoix à s’installer. s’intégrer, et donc trouver un logement.

« Ce qui nous a aidé récemment, c’est de faire affaire avec Hébergements Charlevoix, c’est sûr que ce sont des locations touristiques, mais parfois pour une courte période ou pour un hébergement temporaire ça peut aider », note Mme Hotte.

Dans son accompagnement, SANA donne deux conseils essentiels aux nouveaux arrivants : anticipez et renseignez-vous auprès des personnes déjà sur place.

« Quand les gens sont là, c’est plus facile. Dans leur travail, dans la communauté, ils peuvent en parler ; il est souvent plus facile de trouver un bon logement grâce au bouche à oreille », dit-elle.

« Cela vient de plus en plus du bouche à oreille. Dans certaines régions, dans certaines municipalités, il n’y a pas d’autre moyen de trouver un logement, il n’y a pas d’annonce, il n’y a rien», conclut M. Dussault.

 
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