En Guyane, le difficile suivi des femmes enceintes vivant dans les communautés isolées le long du fleuve Maroni

Sur le Maroni, fleuve qui marque la frontière entre la France et le Suriname, une femme a accouché en pleine nuit de deux jumeaux à six mois de grossesse, près de la ville de Grand Santi. La mère et ses deux enfants ont été soignés dans un dispensaire de la rive française du fleuve. La route la plus proche est à 100 km, le centre hospitalier de Cayenne est à plus de 200 km.
A 00h15, l’hélicoptère FAG Puma décolle de la base aérienne de Cayenne, emportant à son bord une équipe du Samu et un incubateur. Sous la pluie, l’équipage scrute la nuit noire avec des jumelles de vision nocturne.
Nous avons un radar qui ne couvre pas toute la Guyane », explique le capitaine Hélène, capitaine sur cette mission. “On ne sait pas où on va, si on va pouvoir atterrir ou si on va devoir faire demi-tour.Elle ajoute.
L’hélicoptère mettra une heure pour atteindre Grand Santi. Une fois les nouveau-nés stabilisés, il redécollera pour atterrir à l’héliport de l’hôpital de Cayenne peu après 4h00.
Si l’opération s’est déroulée sans incident, les autorités sanitaires font de leur mieux pour éviter ce type de situation d’urgence.

Pas d’hôpital à service complet

Coincées entre le fleuve et la forêt amazonienne, les communes guyanaises du Haut-Maroni (Maripaoula, Papaïchton et Grand Santi) comptent à elles seules 25 000 habitants, mais pas d’hôpital de ville.
Avec seulement deux « hôpitaux de proximité », c’est-à-dire n’exerçant aucune activité chirurgicale ou obstétricale, «Il est déconseillé aux femmes d’accoucher sur place.explique à l’AFP Emeline Monjardé, sage-femme coordinatrice du réseau Périnat Guyane.
Durant les premiers mois, les patients sont suivis dans leur commune de résidence. Puis ils sont transférés vers la côte “à la fin du 8ème mois de grossesse”voire quelques semaines avant en cas de grossesse compliquée, poursuit Emeline Monjardé.
Si les frais de leur hébergement, en hôtel ou en maternité, sont pris en charge, certaines femmes – souvent très jeunes dans le département qui connaît le taux de grossesses mineures le plus élevé de France – refusent de faire le voyage, notamment pour ne pas être séparées. de leurs proches.

Pour vaincre ces réticences, Perinat Guyane, association médico-sociale, a développé un réseau de « femmes relais » : des médiatrices des communes concernées dont la mission est d’inciter les parturientes à suivre le parcours de soins proposé.
Leur rôle, dans les zones où vivent notamment les communautés amérindiennes, est parfois de lever les barrières culturelles, d’empêcher autant que possible les naissances hors des hôpitaux.
Mais pas toujours avec succès : de nombreuses femmes concernées “cachez-vous, ne venez plus aux réunions”déplore Aniah Bapaume, du centre hospitalier de Cayenne.
Sur les 7 500 à 8 000 enfants qui naissent chaque année en Guyane, Perinat Guyane compte environ 70 enfants nés hors des hôpitaux. Mais ce chiffre est très probablement sous-estimé, estime Emeline Monjardé.

Avec l’AFP

 
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