Gabriel Yerly passe le relais

Gabriel Yerly passe le relais
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Après 17 ans au conseil d’administration de la Fédération des entreprises laitières fribourgeoises, dont huit ans à la présidence, Gabriel Yerly passe le flambeau. Son successeur, Yves Nicolet, doit être élu vendredi.

Gabriel Yerly a siégé pendant 17 ans au conseil d’administration de la Fédération des entreprises laitières fribourgeoises, dont huit ans en tant que président. © Jean-Baptiste Morel

Gabriel Yerly a siégé pendant 17 ans au conseil d’administration de la Fédération des entreprises laitières fribourgeoises, dont huit ans en tant que président. © Jean-Baptiste Morel

Publié le 16/04/2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

C’est un homme influent qui remet les clés de la Fédération des entreprises laitières fribourgeoises (FSFL). Après dix-sept ans au conseil d’administration, dont huit ans à la présidence, Gabriel Yerly passe le relais. L’agriculteur de Berlens, 60 ans, sera remplacé par Yves Nicolet, producteur à Cottens et vice-président de la FSFL, sous réserve de l’approbation de l’assemblée générale de l’organisme, qui se tient vendredi. Fortement impliqué dans les changements intervenus ces dernières années au sein du Cremo, dont la FSFL est le principal actionnaire, Gabriel Yerly ne tire pas vraiment sa révérence. L’ancien lutteur est en effet proposé pour rejoindre le conseil d’administration du groupe laitier Villarois. Entretien.

L’heure est à la révolte paysanne. Êtes-vous aussi un agriculteur en colère ?

Gabriel Yerly : La révolte est justifiée et je la soutiens. L’agriculture doit produire des aliments sains et nourrir la population. A trop vouloir s’investir dans l’écologie, on a perdu de vue le rôle de la production agricole. En fin de compte, tout ce que nous ne produisons pas nous-mêmes, nous devons l’importer. En tant que président d’une fédération laitière, je trouve normal que la base se mobilise.

« En agriculture, la production laitière est la plus exigeante. Il faut être motivé, car c’est 365 jours par an où il faut s’organiser matin et soir. »
Gabriel Yerly

Cette révolte populaire n’est-elle pas le signe de l’échec des organisations paysannes ?

Le mot est un peu fort. Cette mobilisation donne plus de force aux revendications, car elles viennent de la base. Par exemple, à l’Association interprofessionnelle du lait, ce n’est que grâce à la révolte paysanne que nous avons pu obtenir une augmentation de trois centimes du prix du lait central de 1euh Juillet 2024.

Le nombre de fermes laitières continue de diminuer. Entre 2013 et 2023, le nombre de producteurs affiliés à la FSFL est passé de 1 307 à 1 114. Cette baisse vous inquiète-t-elle ?

C’est une Source de préoccupation. Dans le canton, comme en Suisse, la production laitière reste stable, mais ce volume est produit par moins de personnes, avec des exploitations plus grandes. Il n’y a pas que le prix du lait qui décourage certains producteurs. On constate aussi parfois un manque de relève au sein des exploitations familiales.

Comment arrêter le saignement ?

Comme dans tous les secteurs économiques, le plus important est le prix. Ce qui intéresse la majorité des producteurs, c’est de pouvoir couvrir leurs charges afin de gagner de l’argent pour vivre et réinvestir dans leurs outils de travail. En agriculture, la production laitière est la plus exigeante. Il faut être motivé, car il y a 365 jours par an où il faut s’organiser matin et soir. Les jeunes souhaitent une certaine liberté sociale et avoir moins de contraintes que d’avoir du bétail à traire toute l’année.

Le robot de traite, interdit par l’AOP Gruyère, pourrait-il inciter les producteurs à rester dans la filière ?

C’est un sujet tabou à l’IPG (Interprofession du Gruyère, ndlr). Je l’ai déjà dit et je le répète : les producteurs de lait méritent une étude pour savoir si le robot est une option ou non. Le plus important est la qualité du produit. Mais l’IPG ne peut pas se contenter de baser sa position sur une étude très ancienne. Car entre-temps, la mécanisation a évolué.

“Cremo n’est pas un bateau, mais un paquebot”
Gabriel Yerly

En 2023, la FSFL, sous votre impulsion, a fait le ménage à Cremo en remplaçant le président du conseil d’administration Alexandre Cotting par Georges Godel. N’aurait-on pas dû intervenir plus tôt, avant que l’entreprise ne se retrouve au bord de la faillite ?

Théoriquement, cela aurait dû appartenir au conseil d’administration de faire ce que nous avons fait. En tant qu’actionnaire principal, la FSFL est intervenue pour accélérer le changement. Si rien n’avait été fait, l’entreprise aurait dû annoncer une très mauvaise nouvelle au plus tard en 2025. Aujourd’hui, avec les personnes en place, j’ai grand espoir qu’elle perdure et se développe. Si nous avions tout su, nous aurions pu faire les choses plus rapidement.

Qu’implique le salut de Cremo ?

Cremo n’est pas un bateau, mais un paquebot dont la trajectoire ne peut être redressée en six mois. Son salut passe par la création d’un conseil d’administration uni, d’un président rassembleur et à l’écoute de son directeur et d’un conseil de direction, car il était inexistant. Il est également très important de savoir de quelle quantité de lait Cremo a besoin et quels produits l’entreprise souhaite fabriquer afin qu’au final, elle gagne de l’argent sur chaque litre de lait. Les quantités ne me font pas peur. Si Cremo travaille 50 ou 80 millions de litres de moins qu’il y a cinq ans, mais que nous gagnons de l’argent avec cela, cela me convient mieux que de vouloir s’agrandir à tout prix sans réel calcul de rentabilité.

Vous cèdez la présidence de la FSFL, mais vous vous préparez à réintégrer le conseil d’administration de Cremo, où vous avez déjà siégé de 2012 à 2016. Aviez-vous peur de vous ennuyer ?

Le conseil d’administration de la FSFL, soutenu par Cremo, m’a proposé de réintégrer le conseil d’administration de l’entreprise. J’ai finalement accepté, sachant qu’il serait beaucoup plus facile de rester à la maison. Je me connais : je ne peux rien engager sans m’investir à 150 %.

Cremo renouvelle ses atouts. Ne serait-il pas temps de faire une place aux jeunes ?

Je rejoins le conseil d’administration de Cremo par conviction, pour soutenir ce que j’ai mis en œuvre dans l’entreprise ces dernières années. Je ne vais pas faire 20 ans, mais à l’heure où le conseil d’administration de Cremo est renforcé par diverses compétences, avec le soutien de la FSFL, il est important que les administrateurs représentant les producteurs de lait connaissent bien l’entreprise et son histoire. Il n’est pas courant d’avoir une entreprise comme Cremo dont 70 % des actions sont détenues par des producteurs de lait. Un équilibre est nécessaire.

 
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