Baisse des taux d’intérêt | Le Canada freiné par les Américains

Baisse des taux d’intérêt | Le Canada freiné par les Américains
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Tombera, ne tombera pas ? Les Canadiens attendent avec impatience une réduction du taux d’intérêt directeur de la Banque du Canada, une réduction perçue comme bénéfique, notamment pour le marché immobilier.


Publié à 00h49

Mis à jour à 6h30

Malheureusement, il faudra probablement être plus patient que prévu, même si l’inflation a ralenti, selon le vénérable expert Jean-Guy Desjardins, PDG de Fiera Capital. La raison ? Le Canada dépend des États-Unis, où l’inflation reste élevée en raison d’une croissance économique surprenante.

“Personnellement, je pense que la Banque du Canada n’amorcera pas une baisse des taux d’intérêt à court terme sans que les États-Unis n’aient également atteint un stade d’assouplissement monétaire, ou très proche de celui-ci”, a-t-il déclaré. a-t-il déclaré lundi matin lors d’une conférence organisée par l’Institut sur la gouvernance (IGOPP).

La conférence a eu lieu la veille de la publication des données d’inflation de Statistique Canada pour le mois de mars, soit le mardi 16 avril.

Le fondateur de Fiera Capital s’exprime rarement en public. Ses propos sont néanmoins suivis, compte tenu du parcours impressionnant du manager.

Jean-Guy Desjardins est l’un des entrepreneurs financiers les plus prospères au Canada depuis un quart de siècle. Fiera, basée à Montréal, a des actifs sous gestion de plus de 160 milliards de dollars et son entreprise compte quelque 850 employés (à titre de comparaison, l’immense Caisse de dépôt et placement a des actifs de 434 milliards de dollars).

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Jean-Guy Desjardins

L’homme d’affaires a pris la direction de Fiera en janvier 2023, bien qu’il ait dépassé l’âge normal de la retraite (il aura 80 ans l’automne prochain).

Son discours bien structuré de lundi démontre la direction opposée que prennent le Canada et les États-Unis en termes de croissance économique et d’inflation.

Aux États-Unis, l’économie croît à un taux réel de 2,5 %, au-dessus de son potentiel de 1,8 % à 2 %. Les créations d’emplois mensuelles avoisinent les 275 000 depuis un an, alors que le potentiel est de 200 000.

Cette progression plus rapide des paramètres économiques américains est de nature à accroître l’inflation, qui a atteint 3,5% en mars par rapport au même mois de l’année précédente, contre 3,2% en février. Les salaires américains, quant à eux, augmentent à un rythme annuel de 4,5 %, supérieur à l’inflation.

La situation au Canada est bien différente. L’afflux d’immigrants a fait passer la croissance potentielle de l’économie de 1,5 % à 2,5 %. Toutefois, la Banque du Canada estime que la croissance réelle de l’économie sera de 1,5 % en 2024.

Le taux d’inflation annualisé des derniers mois au Canada est également inférieur à la moyenne annuelle, signe d’une tendance à la baisse de l’inflation, alors que c’est l’inverse aux États-Unis.

« Aux Etats-Unis, non, les conditions ne sont certainement pas réunies pour justifier un assouplissement monétaire. [de la part de la Réserve fédérale]. En revanche, au Canada, oui, les caractéristiques économiques sont extrêmement favorables à un assouplissement monétaire en juin ou juillet», explique Jean-Guy Desjardins.

Cette différence de contexte économique risque de retarder, voire de réduire, la baisse des taux au Canada. Toute réduction des taux d’intérêt ici sans équivalent américain risque d’exercer une pression à la baisse sur le dollar canadien. Et cette baisse de la monnaie ferait augmenter le prix des importations, ce qui alimenterait l’inflation canadienne.

« La Banque du Canada va-t-elle aller à l’encontre du positionnement de la banque centrale américaine, avec les implications d’une telle décision ? », demande Jean-Guy Desjardins.

Le PDG de Fiera estime toujours que le taux directeur diminuera de 0,50 à 0,75 point de pourcentage au Canada d’ici la fin de 2024 (il est actuellement à 5 %). Dans le même temps, la Fed américaine optera pour une baisse de seulement 0,25 point.

Et après ? Selon M. Desjardins, le taux d’intérêt directeur canadien continuera de baisser en 2025 pour atteindre la neutralité de 3 % à 3,25 % vers la fin de 2025, alors que l’inflation approcherait 2 %.

Pendant ce temps, le taux d’inflation ne tombera pas en dessous de 2,5 % aux États-Unis avant la fin de 2026, et ce n’est qu’en 2027 que le taux d’intérêt directeur de la Fed sera considéré comme neutre à 3,25 %.

De son côté, l’économiste en chef de la Banque nationale, Stéfane Marion, estime que l’avenir économique n’a jamais été aussi difficile à prévoir, a-t-il déclaré lors de son discours. Parmi les risques, il y a évidemment les conflits militaires, la dette américaine colossale et les exigences coûteuses de la décarbonation.

Les titres se vendent cher sur les marchés boursiers, notamment en raison des multiples cours-bénéfices très élevés – trop élevés – portés par les promesses de l’intelligence artificielle.

Desjardins se montre optimiste sur cinq ans

Malgré les incertitudes économiques, Jean-Guy Desjardins se montre relativement optimiste, jugeant que notre économie est au début d’un cycle de croissance de cinq à huit ans. « Si je travaillais avec un client pour élaborer une politique d’investissement sur un horizon de 5 à 10 ans, mon scénario le plus probable serait relativement optimiste. »

À court terme, son scénario de récession aux États-Unis n’est que de 20 %, contre 50 % pour un atterrissage en douceur. La probabilité d’un retour de l’inflation est estimée à 30 %.

Bref, la question se pose : le Canada devra-t-il réduire encore davantage ses taux d’intérêt et accepter une monnaie plus faible, encore une fois, pour relancer son économie ?

 
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