Campagne pour une pelouse du futur

Ce n’est qu’une question de jours avant que nos pelouses soient complètement vertes. La Fondation David Suzuki lance une campagne pour que nos espaces gazonnés aient moins d’impact sur la qualité de l’eau, de l’air et des sols. Elle a choisi Montréal, Laval, Sherbrooke et Saint-Jérôme pour inciter les citoyens à penser différemment leurs carrés verts. Et les communes d’agir.


Publié à 1h38

Mis à jour à 8h00

La pelouse sous toutes ses formes

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PHOTO NINON PEDNAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Nous pouvons facilement transformer une partie de nos espaces gazonnés en y ajoutant des arbustes, des plantes indigènes, des prairies fleuries, etc.

Avons-nous trop de pelouse au Québec? «En fait, nous en avons un peu trop», affirme Maxime Fortin Faubert, expert stagiaire en écologie urbaine à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), qui a collaboré à l’étude de la Fondation David Suzuki. Le rapport Partagez votre pelouse, rendu public le 11 avril, est le résultat de deux années de travail l’organisme Nouveaux Voisins visant à identifier le potentiel vert de la province en transformant les pelouses. « Nous avions très peu de données sur les pelouses, c’est un écosystème très complexe. C’est vrai qu’on parle souvent de la difficulté de tondre et de laisser pousser les pissenlits en mai. Nous pensons pouvoir facilement transformer une partie de nos espaces gazonnés en ajoutant des arbustes, des plantes indigènes, des prairies fleuries et, pourquoi pas, en créant des aires de repos», explique M. Fortin Faubert.

Ne te sens pas coupable

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PHOTO FOURNIE PAR FIHOQ

Le gazon représente la plus grande monoculture au Québec.

Afin d’arriver à ces conclusions, des experts de la Fondation et de l’INRS ont entrepris de cartographier les surfaces de végétation basse (donc principalement des graminées) dans les municipalités de Montréal, Laval, Sherbrooke et Saint-Jérôme. Des analyses de résolution satellite ont été réalisées, les pixels disséqués. Alexandre Huet est responsable de la mobilisation citoyenne et de l’engagement du public à la Fondation David Suzuki. Il explique que les quatre villes ont été choisies en raison de la diversité de leur taille et de leur population. « Notre objectif avec ce rapport n’est pas de culpabiliser, mais plutôt de faire le point. Pendant la COP15 [Conférence de Montréal de 2022 sur la biodiversité], il y avait beaucoup d’effervescence autour des pelouses. Il s’agit de la plus grande monoculture au Québec. Et dans le contexte du changement climatique, où il faut réduire la consommation d’eau, d’engrais et de pesticides, nous pensons qu’il était temps de faire le point. »

Proportions de pelouse estimées pour les quatre villes

  • Sherbrooke : 8,2 % (28,9 km⁠2)
  • Saint-Jérôme : 13,0 % (11,8 km⁠2)
  • Laval : 14,7 % (35,5 km⁠2)
  • Montréal : 19,5 % (96,5 km⁠2)

Source : Fondation David Suzuki

Règlements municipaux

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ARCHIVES PHOTOS GETTY IMAGES

Les pissenlits présentent des avantages pour la pollinisation des fleurs. Les citoyens ne devraient donc pas sortir la tondeuse trop vite en mai.

Forte de ces données, la Fondation David Suzuki estime que les municipalités ont un rôle important à jouer. Selon les experts ayant participé à l’étude, les municipalités pourraient modifier la réglementation. Par exemple, les pissenlits sont connus pour leurs bienfaits sur la pollinisation des fleurs. Les citoyens ne devraient donc pas sortir la tondeuse trop vite en mai. L’encadrement concernant la hauteur de végétation devrait être «assoupli», estime la Fondation. L’organisme rappelle que l’Union des municipalités du Québec (UMQ) avait proposé, en 2022 dans un rapport sur le climat, d’abolir les hauteurs maximales pour le gazon. Elle a plutôt suggéré un minimum de 20 centimètres pour préserver la fraîcheur en été et éviter un arrosage excessif. À la Ville de Sherbrooke, un règlement précise qu’un propriétaire ne doit pas laisser pousser de la végétation sur son terrain à une « hauteur excessive », sans préciser de hauteur maximale. À la Ville de Laval, un ancien règlement a été modifié, en 2023, pour permettre aux gens de se joindre au mouvement « Mai sans tondeuse », en supprimant les limites de hauteur sur les terrains du 1euh Mai au 30 mai inclusivement.

Pesticides

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PHOTO MIKE BLAKE, ARCHIVES REUTERS

Sur le territoire de la Ville de Montréal, il est interdit depuis 2022 de vendre et d’utiliser des produits contenant au moins un des 36 ingrédients nocifs, dont le glyphosate.

Reste toute la question des pesticides. Actuellement, près de 160 municipalités du Québec encadrent son usage. Sur le territoire de la Ville de Montréal, il est interdit depuis 2022 de vendre et d’utiliser des produits contenant au moins un des 36 ingrédients nocifs, dont le glyphosate. La mesure vise à inciter les jardiniers et les amateurs de belles pelouses à se tourner vers des pesticides moins toxiques ou, mieux, vers des biopesticides. Dans le même esprit, la Fondation David Suzuki recommande aux municipalités de mieux encadrer les tondeuses. Citons l’exemple de la Californie, où la vente de petits équipements équipés d’un moteur à essence (y compris les tondeuses à gazon) est interdite pour éviter la formation de smog. Enfin, les auteurs du rapport espèrent que les données sur les pelouses inciteront les entrepreneurs paysagistes à proposer à leurs clients des projets innovants intégrant la biodiversité.

Consultez le site et le rapport « Partagez votre pelouse » de la Fondation David Suzuki

 
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