le pré de Saint-Gildas abrite l’une des plus grandes nurseries à brochets de l’Indre

le pré de Saint-Gildas abrite l’une des plus grandes nurseries à brochets de l’Indre
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Les bottes immergées à hauteur de cheville, Bruno Barbey regarde ses pieds. « C’est dommage que l’eau soit trouble car ici, ça grouille de vie. » Face au président de la Fédération de l’Indre pour la pêche et la protection du milieu aquatique, un vaste plan d’eau de plus de deux hectares est baigné de soleil ce samedi 13 avril 2024, au cœur de Saint-Prairie. Gildas, à Châteauroux.

Même parmi les plus fervents promeneurs de la Coulée Verte, nombreux sont ceux qui ignorent qu’il s’agit de l’une des plus importantes frayères à brochets de l’Indre. « Sans doute dans les quinze plus importants sur les deux cents que compte le département. » Chaque printemps, ils y poussent «entre huit cent mille brochets»selon un comptage réalisé lors d’une vidange début mai.

Bruno Barbey, président de la Fédération Indre pour la pêche et la protection du milieu aquatique, devant la vanne qui sert à inonder la prairie au printemps.
© (Photo NR, Bertrand Slézak)

Prise de conscience dans les années 1990

Parce que cette zone de reproduction a été façonnée par l’homme. « Dans les années 70-90, en , il y a eu de nombreux travaux de nettoyage et de recalibrage des cours d’eau pour lutter contre les inondations et encourager l’agriculture le long des rivières », rappelle Bruno Barbey. L’impact a été énorme sur la biodiversité. « On estime que 50 % des zones humides ont étédétruits au cours des cinquante dernières années, 40 % sur cette seule période. »

Avant qu’une prise de conscience ne soit faite et qu’une loi sur l’eau ne soit votée en 1992. « Au début des années 1990, la municipalité de Châteauroux a acheté vingt-quatre hectares de terrain au bord de l’Indre. C’est la naissance de la coulée verte. » En contrepoint au développement de Belle-Isle, “il voulait restaurer un fonctionnement plus naturel des cours d’eau” et favoriser la reproduction du brochet, une espèce classée « vulnérable ».

L’herbe, un support pour les œufs

Une zone humide a donc été créée au pied du mail Saint-Gildas en 1995. « Le brochet a besoin de zones inondées pour frayer », explique Bruno Barbey. Mais pas dans l’eau toute l’année car il faut laisser le temps à la végétation de se régénérer. « L’herbe sert de support aux œufs et aux brochets qui s’y accrochent au début de leur vie. » D’autres espèces en bénéficient : « Élevage de carpes, de perches, d’oiseaux aquatiques, d’insectes et même de castors. »

Une vanne, gérée par les agents de la ville, permet d’inonder le pré au printemps. Les brochets accèdent alors à la frayère, idéalement à 80 cm de profondeur, via deux chenaux creusés : l’un venant du cours principal de l’Indre, l’autre du bras de Saint-Christophe. Vers le mois de mai, la valve est à nouveau ouverte et les nouveau-nés sont libérés. « L’idéal est de le faire entre six et huit semaines après la pose. Car il y a un risque de cannibalisme et on peut passer de 1 000 brochets à 150 brochets en deux semaines. »

Un groupe d’élus a suivi une visite guidée, samedi 13 avril 2024, à Châteauroux.
© (Photo NR, Bertrand Slézak)

Samedi 13 avril 2024, Bruno Barbey a animé une sortie pour les élus de la commune. “La plupart des Castelroussins ignorent l’existence de cette frayère, à commencer par les élus, a reconnu Tony Imbert, conseiller municipal responsable de la transition écologique. Notre rôle est d’en être conscient et de transmettre l’information. » Des panneaux d’information devraient être installés cet été à l’intention du public. Et ainsi donner de la visibilité à ce petit trésor de biodiversité.

 
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