Le mouvement d’une classe pour enfants ayant des défis particuliers provoque des troubles

Carolanne Gaudreau déplore une décision récente du Centre de services scolaire Val-des-Cerfs, en Estrie, de transférer deux classes d’élèves ayant une déficience intellectuelle moyenne (DMI) dans une autre école de Granby où ce type de clientèle sera également nombreuse.

Outre les répercussions de ce changement annoncé pour les enfants qui ont un grand besoin de stabilité, la mère de Bromont estime que la perte de diversité sera également dommageable pour son fils Noah, 7 ans, atteint du syndrome de Down.

>>>>>>

«Je pense que cela recrée ce qu’on faisait dans les années 1970, quand on regroupait tous les élèves ayant des besoins particuliers dans une seule école», explique Carolanne Gaudreau. (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

« Il joue très bien avec les enfants neurotypiques dans la cour d’école, explique-t-elle. Il s’est fait des amis. Je pense que cela recrée ce que nous faisions dans les années 1970, lorsque nous regroupions tous les élèves ayant des besoins spéciaux dans une seule école.

Les deux classes DIM de l’école Saint-Jean doivent être déplacées à l’école l’Étincelle, pavillon Saint-Luc, pour la prochaine année scolaire, lui a indiqué Val-des-Cerfs par lettre. Une quinzaine d’enfants sont concernés.

Trois mois

«Au dernier transfert, de Bromont à Granby, il nous a fallu trois mois pour faire comprendre à Noah pourquoi il avait changé d’école», raconte Mme Gaudreau, qui n’a pas encore parlé de la situation à son fils.

« Il ne comprenait pas pourquoi il perdait tous ses amis. L’année prochaine, il repartira de zéro. Je devrai encore faire face aux larmes et aux crises de colère.

« Mon partenaire et moi avons appris cette décision il y a trois semaines et nous n’avons pas dormi depuis trois semaines. C’est beaucoup de stress.

Selon elle, Val-des-Cerfs souhaite « regrouper les expertises » pour ce type de cours à l’école Étincelle. “Mais ça marche très bien à l’école Saint-Jean.”

«C’est une décision qui affectera non seulement les enfants, mais aussi tout leur entourage», affirme une autre mère touchée, Isabelle Leclair, de Granby.

>>>>>>

Le fils d’Isabelle Leclair ne parlait pas avant son arrivée à l’école Saint-Jean. “Là, il discute un peu avec son professeur.” (Catherine Trudeau/La Voix de l’Est)

Son fils Danick, 9 ans, fréquentait l’école Saint-Jean depuis quatre ans. Son développement est celui d’un enfant de 18 mois à trois ans.

« Ça se passe bien cette année, il connaît sa routine, il réalise sa meilleure année à l’école. Il commençait à pouvoir s’occuper de ses jouets. Ce sera fini, ça.

«Et il ne parlait pas à son arrivée à Saint-Jean», ajoute Mme Leclair. Là, il discute un peu avec son professeur. Il reculera dans son apprentissage.

Cynthia Pollender, dont le fils fréquente également une classe DIM à l’école Saint-Jean, souligne qu’il y a « une intégration dans la vie d’autres groupes » dans cette école.

Le changement annoncé « va les faire régresser », estime-t-elle.

“Tirer vers le bas”

Conseillère en inclusion éducative et sociale à la Société québécoise de la handicap scientifique et chargée de cours au Département d’éducation et de formation spécialisée de l’UQAM, Lorraine Doucet critique également cette annonce.

“Déraciner 15 enfants d’une école où l’inclusion a lieu, je trouve cela abominable”, a déclaré l’enseignante et conférencière.

Les classes DIM existent depuis 30 ans dans cette école et « elles font partie intégrante des autres classes ».

De plus, emmener les étudiants dans un autre établissement où se trouvent davantage d’enfants ayant des difficultés particulières et des besoins plus importants, c’est les « tirer vers le bas ».

>>>>>>

Lorraine Doucet, enseignante et conférencière. (Lorraine Doucet)

«Ils sont un peu perdants sur les deux tableaux», estime Mme Doucet.

Du côté de Val-des-Cerfs, on se limite à dire qu’une réunion est prévue lundi prochain avec les parents concernés.

« Avant d’aller plus loin, nous voulons donner une chance à cet exercice de dialogue », affirme Audrey Leboeuf, coordonnatrice intérimaire des communications du centre de services scolaire.

Lorraine Doucet espère de tout cœur qu’une autre solution pourra être envisagée.

« Lorsque nous pouvons dialoguer, la décision peut toujours être améliorée », dit-elle.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

NEXT Européennes : Bardella lance le compte à rebours vers une victoire annoncée à Perpignan : Actualités