L’entrée de l’immeuble où un adolescent de 15 ans a été poignardé le 10 avril 2024 à Romans-sur-Isère, dans la Drôme (AFP / JEFF PACHOUD)
Les quatre suspects de la mort d’un adolescent de 15 ans, tué alors qu’il s’interposait dans une altercation à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, il y a trois jours, ont été mis en examen vendredi et écroués.
Activement recherchés, un père de famille de 59 ans et ses fils de 16 et 26 ans, originaires d’un quartier résidentiel à l’ouest de Romans, se sont présentés jeudi à la police. Le lendemain, ils ont été présentés aux juges à Valence.
A l’issue de leur comparution, le fils aîné, soupçonné d’avoir procédé à l’attaque mortelle à l’arme blanche, a été mis en examen pour “assassinat aggravé (…) et violences volontaires avec préméditation en réunion sur mineur de moins de 15 ans”, a annoncé le procureur Laurent de Caigny dans un communiqué.
Le plus jeune, « qui a accepté de frapper, à la demande de son père » et dont la victime a tenté de se séparer lors d’une bagarre avec un autre mineur, est poursuivi pour « violences volontaires avec préméditation » et le père pour « complicité » concernant ces faits. .
Le quatrième suspect, un gendre de 27 ans, accusé de les avoir aidés à fuir, est poursuivi notamment pour « recel de malfaiteur en fuite ».
Les suspects ont tous été placés en détention provisoire, “y compris le mineur dans l’attente d’un débat contradictoire d’ici quatre jours pour son éventuel placement en centre éducatif fermé”, a ajouté le procureur.
– Une seule blessure –
Le père est soupçonné d’avoir organisé une « expédition punitive » mardi soir à l’encontre d’un mineur, après « une dispute violente et filmée » survenue quelques jours plus tôt et impliquant son plus jeune fils, selon le magistrat.
Un immeuble du quartier de la Monnaie où un adolescent de 15 ans a été poignardé, le 10 avril 2024 à Romans-sur-Isère, dans la Drôme (AFP / JEFF PACHOUD)
Peu après 22 heures, ils l’ont localisé dans le quartier sensible de la Monnaie, ce qui a généré une « altercation à coups ». Alors qu’il tentait d’intervenir, un autre garçon de 15 ans, simple spectateur, a été blessé à coups de couteau. Transporté à l’hôpital, son décès a été constaté peu de temps après.
L’autopsie n’a montré “aucune trace de défense ou de lutte” mais “une seule blessure compatible avec l’entrée d’une arme blanche” qui a été enfouie “à environ 20 centimètres dans le corps de la victime”, a précisé le procureur.
Le fils aîné, commerçant dans le centre-ville de Romans, a reconnu « à tout le moins » avoir porté ce coup. Devant les enquêteurs, il a affirmé « avoir ramassé un couteau au sol et avoir frappé au hasard sans viser, ce qui est difficilement compatible avec les constatations médico-légales et les témoignages », selon Laurent de Caigny.
– “Pas vu” –
Le père de famille, un ancien technicien de maintenance “jamais condamné”, s’était rendu au quartier de la Monnaie pour mettre fin au harcèlement scolaire dont un autre de ses fils, plus jeune, a été victime, a assuré son avocat, Maître Ivan Flaud, à l’AFP.
Immeubles du quartier de la Monnaie où un adolescent de 15 ans a été poignardé le 10 avril 2024 à Romans-sur-Isère, dans la Drôme (AFP / JEFF PACHOUD)
Il s’y est rendu “sans aucune intention belliqueuse”, a assuré son avocat. “Nous ne lui reprochons rien concernant la mort du mineur”, a précisé Maître Flaud.
Selon le procureur, il a également minimisé son rôle lors de son audition, assurant “qu’il n’a pas vu le coup mortel de son fils adulte et n’en a eu connaissance qu’à son retour chez lui”.
Le quartier de la Monnaie s’était déjà retrouvé sous le feu des projecteurs suite au décès de Thomas, un lycéen de 16 ans mortellement blessé en novembre à la sortie d’un bal, dans le village voisin de Crépol.
L’enquête n’a pas permis d’identifier l’auteur du coup de couteau qui l’a tué. Certaines des personnes mises en examen pour « homicide volontaire en bande organisée » sont originaires de la Cité de la Monnaie.
Le drame a suscité une vive émotion dans la région et mobilisé l’extrême droite sur le thème de la sécurité, des quartiers sensibles et de l’immigration.
L’homicide de mardi “est un nouveau coup dur pour la ville”, a réagi auprès de l’AFP la maire divers droite de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval. La victime était “un jeune tout à fait ordinaire”, a-t-elle constaté, déplorant “le nombre d’attaques qui sont menées à l’arme blanche”.
“Mon fils” était “un gars sympa” en contrat d’apprentissage dans le bâtiment, a déclaré son père sur RTL. “Il voulait juste les séparer et soudain, l’autre a planté un couteau”, a-t-il décrit. “C’est terrible, c’est trop pour moi.”
