Le père Johannes Rivoire, accusé d’agression sexuelle sur des Inuits au Canada, est mort

Le père Johannes Rivoire, accusé d’agression sexuelle sur des Inuits au Canada, est mort
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Le prêtre franco-canadien Joannes Rivoire, accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans le Grand Nord canadien dans les années 1960 et 1970 et recherché depuis des années par la justice canadienne, est décédé en France, a annoncé sa congrégation vendredi 12 avril 2024.

Celui qui était perçu, notamment au Canada, comme le symbole de l’impunité des agresseurs sexuels au sein de l’Église catholique, “décédé jeudi des suites d’une longue maladie”, a déclaré le père Ken Thorson des Oblats de Marie Immaculée (OMI), dans un communiqué envoyé à l’Agence France Presse (AFP).

Le nonagénaire, qui vivait près de Lyon, n’a finalement jamais été inquiété malgré de nombreuses plaintes et plusieurs demandes d’extradition du Canada.

Premières plaintes en 1993

« Nous reconnaissons que cette nouvelle sera difficile, en particulier pour les survivants et leurs familles qui ont plaidé pour qu’il soit traduit en justice au Canada. » Ken Thorson a continué.

“Nous regrettons que malgré tous les efforts, M. Rivoire ne se soit jamais rendu disponible et qu’il n’ait jamais eu à répondre aux accusations portées contre lui”, il ajouta.

Joannes Rivoire a toujours contesté ces accusations.

Le père Rivoire, qui a vécu plus de trois décennies parmi les Inuits, avait appris leur langue et pratiqué avec eux la chasse traditionnelle – le caribou et le phoque. Dans les villages, il enseignait le catéchisme et le français, disait la messe et officiait aux funérailles.

Mais en 1993, il quitte brusquement le Canada lorsque les deux premières plaintes sont déposées. Un premier mandat d’arrêt a été émis par le Canada en 1998. Mais aucune mesure n’a été prise et il a été levé en 2017.

Demande d’extradition refusée par la France en 2022

Pourtant, en 2022, une nouvelle plainte a été déposée – au Canada il n’y a pas de délai de prescription pour les crimes sexuels – et Ottawa a émis un nouveau mandat d’arrêt, redonnant espoir aux victimes.

Mais en octobre de la même année, la France a rejeté la demande d’extradition vers le Canada, expliquant qu’il s’agissait d’un cas complexe et qu’elle n’extradait pas ses citoyens.

Une décision très mal comprise au Canada où Marc Miller, le ministre des Relations Couronne-Autochtones de l’époque, déclarait qu’il était « décevant de voir cette grave injustice se reproduire. »

Les Inuit dénoncent une « défaillance systémique »

Pour l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, qui représente les Inuits canadiens, « Il est tragique que Rivoire ait pu mettre fin à ses jours sans avoir à répondre devant la justice des abus sexuels qu’il a commis. »

Considérant qu’il s’agit « une défaillance systémique des États » pour défendre les peuples autochtones, l’organisation apporte son soutien aux victimes et évoque toutes « les agresseurs qui continuent d’échapper à la justice. »

Même les procédures d’exclusion de la congrégation, engagées ces derniers mois contre les religieux, ont échoué.

Fondée en 1816, la congrégation des Oblats de Marie Immaculée (OMI) compte 3 700 missionnaires à travers le monde. Elle s’est implantée dans le Grand Nord canadien au début du XXe siècle, dans des conditions extrêmes.

A l’époque, elle y construisit des hôpitaux et gérait des internats pour les enfants autochtones, qui y vivaient parfois. « abus », « douleur et souffrance », comme les Oblats l’ont reconnu avant le « pèlerinage pénitentiel » du pape François au Canada en août 2022.

Le pontife lui-même demandera pardon aux victimes pour les violences perpétrées dans les internats locaux où entre 4 000 et 6 000 enfants sont morts de maladie, de malnutrition ou de négligence.

 
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