« Le commissaire avait des relations sexuelles avec un employé du commissariat »

« Le commissaire avait des relations sexuelles avec un employé du commissariat »
Descriptive text here

De quoi lui était-on reproché : avoir été déposé dans un véhicule de service dans un restaurant du boulevard Tirou. L’affaire était ancienne. Cela remontait à l’année précédente mais le commissaire Claude Bleu, qui dirigeait toute la police locale de Charleroi, a compris que les gens voulaient sa vie.

Quelques temps plus tôt, alors qu’il prenait la direction des commissariats de quartier de Charleroi, Claude Bleu avait remarqué que certains de ses collègues avaient pris de mauvaises habitudes. Notamment un commissaire réputé proche du milieu politique.

Le nom du maire était Jacques Van Gompel. Claude Bleu avait constitué un dossier. Selon lui, les éléments qu’il avait rassemblés contre ce confrère devaient justifier une enquête et déclencher des perquisitions : le dossier restait sans réponse. Vers l’oubli.

Claude Bleu a compris que ce commissaire était vraiment protégé en haut lieu. Et qu’il était devenu, parce qu’il avait osé l’interroger, l’homme à renvoyer.

Ainsi, Claude Bleu apprend le 25 novembre 2004 qu’il fait l’objet d’un contrôle anti-poux pour avoir été déposé dans un restaurant le 6 décembre 2003 à midi. A l’Athéna, un restaurant grec du boulevard Tirou, par un policier de service conduisant un véhicule de service, et de ce fait, ayant réduit les effectifs d’un commissariat à l’heure de table.

Claude Bleu, récemment opéré du dos, allait reprendre du service après une période d’incapacité de quatre mois et organisait justement ce déjeuner avec un collègue afin de savoir ce qui s’était passé en son absence.

Mort du petit Emile : fin des recherches de la dépouille du corps à Vernet

Et d’ailleurs, il se justifiait : « Mon officier, lui-même en permission, a simplement proposé que nous nous rencontrions pour faire le point. Nous avons convenu de nous rencontrer dans un restaurant. Beaucoup de gens pratiquent cela dans de nombreuses professions. En arrivant sur le boulevard Tirou, je constate un manque de places de stationnement. Mon policier m’a proposé de le rejoindre au commissariat afin d’y laisser nos véhicules respectifs, et de demander, là-bas, à un inspecteur de nous conduire, ce que j’ai fait. d’accord, j’ai accepté”.

Petits amis

Restons sérieux : une histoire de peu d’importance. Sauf qu’elle a ruiné sa carrière. Le commissaire divisionnaire qui dirigeait 23 commissariats de police a été évincé. Mis sur un parement, Claude Bleu termine sa carrière plâtré « dans un débarras de 9 m2, sans ordinateur ni téléphone, affecté à un travail inutile ou en rapport avec ses qualifications. »

Il a été amené à traiter le courrier. Il avait osé mettre en cause un collègue qui avait des amis politiques du côté socialiste. Il a également osé s’opposer au projet de reconstruction du commissariat de Marcinelle incendié en 2004 : il s’est étonné qu’on veuille attribuer le marché à l’entrepreneur habituel de la ville alors qu’un autre entrepreneur présentait un projet avantageux. Il avait encore osé s’interroger sur le détachement d’un jeune policier nommé subitement à l’Elysette – un bon poste de chauffeur en Région wallonne.

Une désignation politique visiblement scandaleuse à l’heure où il manque une cinquantaine de policiers de quartier à Charleroi.

Fausses procurations à Neufchâteau : la culpabilité des trois condamnés confirmée en appel

Le commissaire divisionnaire avait mis le nez là où il ne fallait pas à trois reprises ; nous allions lui faire payer. Et Claude Bleu a effectivement payé cash. Et pourtant, il fut le premier à y voir clair. Car quatre ans plus tard, le 26 juin 2008, la justice chargée des scandales de la ville de Charleroi condamne le collègue qu’il a dénoncé pour corruption, détournement de fonds et violation du secret professionnel. Du collage d’affiches à la caisse du bal socialiste, ce commissaire était sous la coupe de l’échevin Lucien Cariat.

Claude Bleu avait vu clair trop tôt.

Sexe entre collègues

La fin de sa carrière lui a été volée. Il a fini comme un paria alors qu’il aurait pu briguer le poste de leader de zone en 2008-2009. Aujourd’hui âgé de 75 ans, l’ancien commissaire n’a jamais digéré cette injustice. Il a pris le temps – quinze ans – d’écrire ses mémoires qu’il a publiés tout seul, aucun éditeur n’ayant voulu de son manuscrit de 700 pages où il dévoile les dessous des policiers qu’il a connus, les bastonnades, les petits secrets.

Comme ce commissaire du boulevard Mayence qui », son collègue (sic) a sursauté. Ils ont tous deux déménagé leurs bureaux pour ne plus pouvoir être vus de l’appartement d’en face.

Le cas de ce flic qui soufflait des contraventions. Celle de ce policier qui s’amusait et allait jouer au tennis pendant son service. L’histoire de cette descente de police chez l’éditeur de BD Dupuis, à Marcinelle, suite aux faux albums de “Femmes en blanc” (un pastiche où les infirmières étaient plutôt nues) et de l’Agent 212 (avec une drôle de matraque).

Dans ses mémoires, le commissaire Bleu n’en oublie pas une. « Parbleu ! Devenez policier »peut être commandé à [email protected]

L’auteur, que nous rencontrons, confie avoir voulu, “par politesse”informer Paul Magnette de la sortie de l’œuvre, “étant donné que je parle de mes soucis politico-judiciaires survenus à Charleroi”. Elle est restée sans réponse.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV l’ambassadeur d’Allemagne salue l’engagement de la société civile
NEXT Européennes : Bardella lance le compte à rebours vers une victoire annoncée à Perpignan : Actualités