« Méprisés », les médecins internes et résidents multiplient les grèves

« Méprisés », les médecins internes et résidents multiplient les grèves
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Les grèves du personnel soignant au Maroc ont atteint un niveau jamais vu dans le passé. Aujourd’hui, les médecins internes et résidents expriment leur mal-être à travers une troisième grève en moins d’un mois.

Le système de santé au Maroc traverse plusieurs zones de turbulences. Le bras de fer entre les ministères de tutelle et la profession semble s’éterniser, plongeant la profession dans un profond désarroi.

Après les infirmiers et techniciens de santé, qui ont observé plusieurs jours de grève pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail, et les étudiants en médecine, opposés à la réduction de la durée de leur formation de sept à six ans, c’est au tour des instances internes et les médecins résidents d’exprimer leur mécontentement, par une grève nationale, le 3 avril 2024, après celle des 13 et 28 mars de la même année.

Une troisième mobilisation nationale à l’appel de la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR), qui a le sentiment d’être « méprisée » et exclue par les deux tutelles, le ministère de la Santé et de la Protection sociale et celui de l’Enseignement supérieur, discussions autour d’une réforme majeure de la santé. Il s’agit de la loi 08.22, créant les Groupements Territoriaux de Santé (GST), présentée comme une réponse aux recommandations du nouveau modèle de développement (NMD) ainsi qu’à la réforme du troisième cycle des études de médecine.

Une exclusion du dialogue qui passe mal, compte tenu de la centralité que représente cette catégorie, selon le coordonnateur de la Commission nationale des médecins internes et résidents, Ali Farissi.

L’approche est délibérée
« C’est une grève qui fait suite à deux demandes d’audiences qui ont été déposées au niveau du ministère de tutelle et au dépôt du dossier de réclamation. En vain. Nous sommes toujours exclus des débats avec les syndicats autour de la loi 08.22, en plus des discussions autour de la réforme du troisième cycle des études de médecine. C’est un vrai sentiment de marginalisation qu’on ressent, on a l’impression que la démarche est délibérée. Nous avons été poussés vers le chemin de la grève», s’agace-t-il. Parmi les demandes, on retrouve le volet formation.

La Commission s’oppose au transfert des formations des centres hospitaliers universitaires vers les groupements territoriaux de santé (GST), sauf si les conditions pédagogiques et logistiques sont réunies. La CNIR refuse également le changement du statut des médecins de fonctionnaires de l’État à salariés du TPS. Le cahier de revendications consulté par Maroc Hebdo concerne également l’indemnisation de certaines tâches spécifiques, à savoir l’augmentation de l’indemnité de garde de 186 à 500 dirhams pour les médecins, y compris les internes, ainsi que le repos après une garde de soir. “Nous sommes l’épine dorsale et la cheville ouvrière du CHU de Marrakech, qui comble tous les défauts du système de santé, avec plus de 50% des actes médicaux que nous réalisons”, insiste Nadir Injarrane, résident en réanimation au CHU de Marrakech. .

“Réaliser d’autres actions”
Le CNIR appelle également à augmenter les salaires des volontaires – autour du Smig – au même titre que ceux des résidents contractuels et ceux des stagiaires, pour réduire la durée des contrats des résidents engagés avec l’État ou avec les CHU à deux ans au lieu de huit actuellement. “Nous sommes ouverts à la discussion, mais si cette mise à l’écart persiste, nous comptons prendre d’autres mesures”, rappelle un membre de la commission, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

Le ministère de l’Enseignement supérieur rejette pour sa part les accusations d’outrage et de mise à l’écart. Le département d’Abdellatif Miraoui, tout en qualifiant « de mensonge l’absence de dialogue », accuse les syndicats de ne pas avoir répondu aux invitations des ministères de tutelle.

Que pense la commission de ces déclarations ? «C’est une manière de détourner l’opinion publique des réalités réelles dont souffrent les médecins résidents et internes. Le manque d’équipements, l’absence flagrante de ressources, la pauvreté des salaires, la charge de travail et notre précarité progressive sont une réalité que le gouvernement ne veut pas voir», s’étrangle M. Injarrane. Une situation précaire décrite par tous les médecins résidents et internes contactés par Maroc Hebdo.

Avec 30 000 médecins pour près de 38 millions d’habitants, le Maroc dispose d’un nombre de personnels de santé inférieur au seuil critique de 2,5 pour 1 000 établi par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2023, la Cour des comptes estimait qu’il manquait 47 000 médecins dans le royaume et que le déficit atteindrait 53 000 d’ici 2035.

 
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