Le télétravail creuse encore les inégalités entre les sexes

Le télétravail creuse encore les inégalités entre les sexes
Le télétravail creuse encore les inégalités entre les sexes

Davantage d’hommes travailleraient à domicile. C’est ce que révèle une récente étude menée par les équipes du réseau social professionnel LinkedIn.

Le télétravail est depuis peu devenu une norme dans le milieu professionnel. Cependant, les femmes n’y ont pas autant accès que leurs homologues masculins. C’est ce que révèle une récente étude réalisée par des experts du big data du réseau social LinkedIn, dont les résultats ont été publiés en mars 2024 sur la page d’actualité de LinkedIn.

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Pour arriver à ces résultats, les équipes de LinkedIn ont étudié les profils des 29 millions d’utilisateurs français inscrits sur le réseau social, puis ont retenu ceux qui avaient ajouté un poste en 2023 avec la mention « sur site », « hybride » (c’est-à-dire partagé entre leur domicile et leur bureau) ou « à distance ». Pour ces deux dernières catégories, le télétravail était considéré comme tel s’il constituait un avantage accepté et validé par l’entreprise, et non s’il était demandé exceptionnellement et au dernier moment.

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« Tous secteurs, toutes tranches d’âge, tous niveaux d’emploi »

Résultats ? « Les hommes sont beaucoup plus susceptibles d’occuper des emplois à distance ou hybrides » que les femmes, explique l’étude. Plus précisément, on apprend qu’en 2023, « 79 % des femmes indiquaient sur LinkedIn qu’elles occupaient un poste en présentiel, contre 68 % des hommes ». Si les chiffres varient évidemment d’un secteur d’activité à l’autre, le baromètre est clair, il constate « un écart en faveur des hommes dans tous les secteurs, toutes les tranches d’âge et à tous les niveaux d’emploi ».

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Ces données sont surprenantes. Des études antérieures suggéraient en fait une tendance opposée. En décembre 2023, l’enquête de l’Observatoire du travail indiquait que « le profil type d’un télétravailleur est en fait un télétravailleur, âgé entre 30 et 39 ans, qui travaille dans le secteur privé en tant que cadre ou ingénieur ». Par ailleurs, les travaux de la sociologue Gabrielle Schütz publiés dans l’ouvrage Travail à distance : défis, enjeux et limites »soulignent que les femmes sont « plus exigeantes » en matière de télétravail », apprend-on dans l’article de LinkedIn.

“Ils vont se faire les ongles”

Cet écart peut s’expliquer par le type de poste occupé. « D’après nos données, les deux tiers (66 %) des professionnels occupant un poste à responsabilité (dirigeants, directeurs, directeurs…) en France sont des hommes », indique l’auteur de l’article. Mais les professionnels qui dominent l’organigramme sont aussi ceux qui ont le plus facilement accès au télétravail.

Pour aller plus loin, l’étude met en avant le témoignage de plusieurs usagers : « Certains imaginent que s’ils télétravaillent, ils s’occuperont en même temps des enfants », confie Christine Courade, DRH de l’aéroport de Toulouse-Blagnac. « J’ai rencontré plusieurs PDG refusant le télétravail aux femmes, sous prétexte qu’elles en profiteraient pour s’occuper des tâches ménagères et des enfants, voire se faire les ongles », assure également une consultante RH sous couvert d’anonymat. Des préjugés dont les femmes ont encore du mal à se débarrasser.

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À cela s’ajoute le sentiment d’illégitimité dont souffrent encore trop de femmes au travail. Victimes du syndrome de l’imposteur lorsqu’ils occupent un poste important, certains se sentent obligés d’apporter la preuve de leur mérite et se privent parfois de télétravail pour ce motif. C’est ce qu’illustre le témoignage d’Isabelle Bize, responsable du recrutement dans une entreprise de services du numérique : « Lorsqu’une femme prend des responsabilités ou gère une équipe, elle se sent obligée d’être physiquement présente sur son chantier. » Les préjugés inconscients ont la vie dure…

 
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