Par Méréva Balin
Publié le
11 avril 24 à 12h21
« Non au goudron sur les routes. » « Le CCPH détruit notre nature. » « Non à l’imperméabilité des sols « . Les slogans présents sur les pancartes préparées par une trentaine d’agriculteurs, rassemblés mercredi 10 avril 2024 en fin de matinée devant le siège de la Communauté de communes du pays Houdanais (CCPH) à Houdan (Yvelines), résument les doléances. . D’autres panneaux sont apparus à l’entrée des chemins municipaux ou en bord de route ces derniers jours.
C’est ainsi que ces agriculteurs s’opposent au projet de la communauté de communes d’aménager une partie des routes communales entre Bazainville et Gressey via Tacoignières et Richebourg en piste cyclable. « Ce n’est pas tant la création de la piste qui nous pose problème que le revêtement qui sera utilisé », explique François Lecoq, président du Syndicat Houdan de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) Île-de-France. -France. France. Cela représente 10 000 m² de goudron utilisé pendant 5 km. Nous voulons lutter contre cette imperméabilisation des sols qui est vraiment incompréhensible. »
Départ de Bazainville
Une vingtaine de tracteurs ont quitté Bazainville un peu plus tôt dans la matinée pour rejoindre en convoi la cité houdanaise. La réunion a été donnée par la FDSEA Île-de-France à hameau de Guignonville à l’entrée d’un chemin municipal.
« Nous sommes là aujourd’hui alors que nous avons des travaux dans nos champs avec ce beau temps pour dire non à ce cadre noir (en référence à la couleur du goudron – NDLR) que le CCPH veut nous imposer. Il est inconcevable de découper avec du goudron cette île agricole, élément important des réseaux vert et bleu. »
Ces derniers préféreraient que du sable calcaire soit utilisé pour créer la piste cyclable. A ses côtés, Jérôme Duchalais, administrateur de la Fédération interdépartementale des chasseurs d’Ile-de-France, parle d’« un aberration écologique ». « Les sentiers représentent des réservoirs de biodiversité, notamment avec des oiseaux qui nichent au sol, comme le busard Saint-Martin », assure-t-il. Les cerfs aiment être dans les fourrés au moment de leur naissance, sans oublier les cailles, les faisans et les lièvres. »
L’alternative au sable compacté
Pour Jean-Marie Tétart, président du CCPH, la seule alternative au goudron serait l’utilisation de sable compacté.
« Les vélos et les scooters ont besoin d’une bande de roulement sans trous ni obstacles que les roues du tracteur ne pourront pas arracher. »
Dans une lettre, le président du CCPH précise qu’« une couverture de sable compacté nécessiterait d’être scarifié et recompacté tous les trois à quatre ans pour supprimer la végétation et le raffinement. » Une expérimentation est cependant envisagée sur « des tronçons sans passage de tracteurs ou d’engins lourds. »
Le maire de Houdan affirme avoir travaillé avec la Région, le Département et l’Ademe pour concevoir un boucle de 34 km au total, dont 6,9 km sur sentiers municipaux développé, reliant les équipements publics (gares, collèges, centres de santé, gymnases, etc.) sur huit communes (Houdan, Maulette, Tacoignières, Richebourg, Gressey, Saint-Lubin de La Haye et Havelu) et répondant aux besoins du Plan Climat local .
Désaccord sur les futurs usages des pistes cyclables
Les craintes des agriculteurs sont liées à un multiplication des conflits d’usage avec des cyclistes, marcheurs, coureurs ou cavaliers empruntant les futurs sentiers, selon Jean-Marie Tétart. «On partage déjà les chemins, on est habitués», assure Loïc Rivière, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du canton de Houdan. Cela se produit le plus souvent très bien dans le respect et le dialogue. »
Concernant les utilisations futures de la piste, la communauté et les agriculteurs sont également en désaccord. « Nous poursuivons l’objectif d’augmenter la part de la mobilité douce sur notre territoire afin queun déplacement quotidien sur dix se fera à vélo d’ici 2030, explique Jean-Marie Tétart. Les nombreuses réponses à l’enquête sur le plan vélo (1018, selon les données transmises – NDLR) montrent qu’il existe une demande des travailleurs pour des itinéraires sûrs et entretenus. » Des ouvriers prêts à affronter les intempéries au quotidien, les agriculteurs n’y croient pas.
« Le passé a montré que les pistes étaient principalement utilisées pour les promenades dominicales en famille. »
« Verdir la ville »
Le coût de la future boucle cyclique, 2,5 millions d’eurosfait enfin sourciller les manifestants.
« À l’heure où le service de soins palliatifs ferme à l’hôpital de Houdan et où nous avons du mal à trouver des médecins, cet argent ne serait-il pas mieux utilisé ailleurs ? »
Arrivés devant le CCPH, les agriculteurs ont installé carrés de pelouse synthétique sur le terrain et a tenu un bref point de presse. « Nous sommes venus verdir la ville puisque nous voulons bétonner notre plaine », a lancé François Lecoq.
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