Le commerce local souffre

Le commerce local souffre
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Le commerce local à échelle humaine souffre. Énormément. La cascade d’annonces, ces derniers mois, de faillites ou de fermetures de petites et moyennes épiceries de quartier et autres commerces emblématiques est terrifiante pour le tissu commercial et les liens communautaires de nos villes et villages. Ce n’est rien de moins qu’un désastre lent pour les communautés québécoises et leurs citoyens.


Publié à 1h22

Mis à jour à 13h00

Christian Savard

Président exécutif de Main Streets

De Rouyn-Noranda à Forestville1 en passant par Ahuntsic2 et Saint-Sauveur, semaine après semaine, on voit disparaître des petits trésors locaux.

Les causes sont multiples. La difficulté de trouver des remplaçants, l’accélération des achats en ligne depuis la pandémie, les problèmes de main-d’œuvre, l’inflation, les taux d’intérêt élevés, la concurrence des grands magasins sont autant de facteurs qui transforment de plus en plus les villes, villages et quartiers en déserts commerciaux.

Les conséquences de cette effusion de sang sont profondes et se feront sentir pendant des décennies.

Quant aux budgets municipaux, l’attrition commerciale a tendance à éroder l’assiette fiscale, comme le démontre une étude réalisée pour l’Union des municipalités du Québec.3. Cela exerce une pression énorme sur les impôts fonciers résidentiels et sur les factures fiscales des citoyens.

La fermeture des commerces locaux place de nombreuses personnes dans une situation de dépendance accrue. Lorsqu’on ne peut pas ou plus conduire, les commerces de proximité sont souvent les seuls accessibles.

Alors que nous voulons encourager le vieillissement actif, à la maison, dans notre communauté, la perte d’entreprises et de services est une très mauvaise nouvelle qui pourrait nous coûter cher, puisqu’il faudra compenser d’une manière ou d’une autre – changement de lieu de vie, ou des services à domicile ?

Moins de commerces à proximité signifient également des trajets plus longs. En ville, cela se traduit par une plus grande dépendance à la voiture et un budget transport accru. Dans les zones rurales, une spirale de dévitalisation s’amorce, chaque fermeture mettant en péril le tissu commercial restant. Partout, il y a plus de kilomètres, une empreinte carbone pire, du gaspillage d’énergie.

Les entreprises locales attirent de nouveaux résidents. Ils encouragent les touristes à rester plus longtemps. Ils encouragent les entreprises à s’installer. Devant des façades condamnées, il faut une âme de missionnaire pour investir dans un cadre de vie.

Faites-en une obsession

Le commerce local souffre, et c’est nous qui souffrirons si nous ne faisons pas les efforts nécessaires dès maintenant.

Pour les gouvernements comme pour les municipalités, soutenir le commerce local doit devenir une obsession, dans toutes les politiques et dans chaque décision.

On peut aider les entreprises locales grâce à une fiscalité locale adaptée à cet objectif, comme le permettent les pouvoirs récemment attribués par le projet de loi 39. On peut aussi adopter un urbanisme commercial qui renforce les centralités et évite la création de méga zones commerciales aux abords du réseau routier. Nous pouvons également mettre en œuvre des programmes de revitalisation, un soutien financier aux activités, des politiques d’achats écoresponsables, des campagnes publicitaires, etc.

Le gouvernement a promis à plusieurs reprises 470 millions de dollars4 pour les cœurs de villes et villages : de quoi soutenir de nombreuses actions favorables au commerce local ! Avec à peine 50 millions annoncés dans le dernier budget, on reste cependant loin de l’objectif.

Tout n’est pas perdu pour le commerce local. Mais nous ne devons plus cacher notre visage. Malgré toute la bonne volonté de la communauté, malgré le réel attachement de la population à ses rues principales, les difficultés sont trop grandes. Cela ne se résoudra pas.

Nous avons besoin de commerce local, et c’est réciproque. Cela doit devenir une obsession collective pour le soutenir. Le voilà, notre projet de société identitaire, solidaire, fédératrice, bas carbone et rentable.

1. Lire « Les entreprises locales au bord de l’extinction »

2. Lisez « Plus qu’une simple fermeture d’épicerie »

3. Lire Économie numérique et évolution démographique : quel avenir pour la fiscalité foncière ?

4. Lire « Les organisations demandent à François Legault de tenir sa promesse d’investissement »

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