pesticides retrouvés dans les cheveux des enfants

pesticides retrouvés dans les cheveux des enfants
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Nous allons couper deux petites mèches de cheveux pour que vous puissiez les lire, comme les pages d’un livre. » Bénévole pour l’association Avenir santé environnement, Emmanuelle Balliau accueille les enfants venus au cabinet médical de Périgny, près de La Rochelle. Personne ne semble inquiet, pas même à l’idée de sacrifier une mèche de cheveux. « De toute façon, il va chez le coiffeur samedi », sourit le père de Maxime, l’un des 70 enfants de 3 à 17 ans inscrits au projet Neext (Nos enfants exposés aux substances toxiques). Cette dernière a été organisée à l’initiative de l’association, créée en 2018 après la révélation de plusieurs cas de cancer pédiatrique autour de La Rochelle, notamment dans le village de Saint-Rogatien (1).

Dimanche dernier, les 70 jeunes volontaires de six communes (Périgny, Saint-Rogatien, Montroy, Clavette, Bourgneuf et Dompierre-sur-Mer) se sont déjà soumis à des prélèvements de leurs urines, déposées le lendemain dans le laboratoire « d’un hôpital public de Nouvelle-Aquitaine ». Le prélèvement de cheveux est la deuxième étape de l’opération qui vise à découvrir la présence de produits pesticides. «Nous sommes inquiets de ce qui se passe dans la région, nous nous inquiétons de l’avenir de nos enfants», explique Anne-Cécile Jourdan. Maman de Gabrielle, 4 ans et demi, elle a inscrit sa fille après avoir entendu parler du projet dans les médias. « Cela fait deux ans que nous vivons à Bourgneuf, se demande-t-on. Notre participation est une petite contribution à cette démarche volontaire. »

Entre « 100 et 200 molécules » recherchées

Bénévole, mais payant pour l’association, sachant que de telles analyses coûtent environ 350 euros par personne. C’est le prix à payer pour « savoir ». Découvrez si les enfants ont respiré, bu ou mangé des produits chimiques considérés comme dangereux pour la santé. A partir des échantillons fournis par Avenir santé environnement, le laboratoire recherchera la présence de « 100 à 200 molécules », avant de quantifier celles qui sont découvertes. « Il faudra attendre au moins quatre mois avant d’avoir les résultats, c’est très long », prévient Gwenaëlle Mondet, représentante du pôle études et recherches de l’association. Ça devrait être à l’ARS [Agence régionale de santé, NDLR] d’organiser ces tests. Nous faisons le travail de l’État. »

« Si les analyses prouvent qu’il existe un risque important de développer un cancer pédiatrique, nous partirons aussi »

« Faire réagir les pouvoirs publics au niveau national », « mobiliser la communauté scientifique » autour de ce problème de santé publique auquel le terme « scandale » est régulièrement associé, tel est l’objectif du projet Neext. “Nous ne cherchons pas de coupables, nous voulons démontrer s’il y a une exposition aux pesticides chez les enfants”, explique un bénévole.

«Je ne suis pas du tout opposée aux agriculteurs», explique Maud Marck, venue avec ses filles jumelles Maylis et Romane, 16 ans. Si l’on peut améliorer les produits encore utilisés aujourd’hui et qui sont dangereux, tant mieux. » Surtout si quelques centimètres de cheveux suffisent. Trois coiffeurs bénévoles se chargent de tailler avec précision deux mèches par tête, à un centimètre du cuir chevelu. Un centimètre de cheveu fin révèle un mois de données sur l’exposition de la personne à la plupart des substances, notamment certains pesticides répandus dans la plaine de l’Aunis.

Un problème de santé publique, voire plus

Comme le prosulfocarbe, un herbicide dont la région rochelaise a battu le record français de plus forte concentration dans l’air en 2021. Comme le chlortoluron, retrouvé à un taux cent fois supérieur au seuil autorisé dans le réseau d’eau potable des six communes concernées en 2020. Comme le chlorothalonil, un fongicide interdit depuis 2020 mais toujours présent dans les eaux brutes provenant des captages de l’agglomération, ce qui a conduit à leur fermeture l’an dernier. Comme enfin la pendiméthaline (un herbicide) et le Pyrolan (un insecticide), retrouvés dans les cheveux du fils de Franck Rinchet-Girollet, porte-parole d’Avenir santé environnement, à qui les médecins avaient diagnostiqué un cancer des os à l’âge de 2 ans.

En décembre dernier, le Conseil départemental de Charente-Maritime a voté une motion, relayant l’appel du syndicat Eau 17, pour demander à l’État d’interdire les pesticides agricoles dans les zones de ravitaillement des forages d’eau. potable. Il s’agit d’un problème de santé publique, sinon plus. « Nous avons acheté la maison à Saint-Rogatien en 2018 pour la naissance de notre fille », raconte Sandrine Baudy, maman de Nailys. Les papiers étaient déjà signés lorsque nous avons eu connaissance des cas de cancer chez les enfants. Des amis ont quitté la ville pour cette raison. Si les analyses prouvent qu’il existe un risque important de développer un cancer pédiatrique, nous partirons aussi. »

(1) Six enfants ont souffert d’un cancer entre 2009 et 2018.

 
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