Dans l’Indre, la Confédération paysanne lance un cri d’alerte contre le retard de versement des aides à l’agriculture biologique

Dans l’Indre, la Confédération paysanne lance un cri d’alerte contre le retard de versement des aides à l’agriculture biologique
Descriptive text here

Martizay, lieu-dit « La Croix ». C’est ici que Gwenn Parry exploite 180 hectares de terres (50% en pleine terre, le reste pour s’occuper de ses animaux) et élève 400 moutons de race Berrichonne de l’Indre. Elle a débuté sa conversion en bio en 2019 et est en agriculture biologique depuis 2021. “C’était déjà le début de la crise du bio”il confie.

Depuis, les choses ne se sont pas améliorées pour le secteur. La faiblesse des prix de vente, l’inflation, la guerre en Ukraine, les choix politiques défavorables et les circuits économiques opportunistes ne favorisent guère l’agriculture biologique. Gwenn Parry ne voit pas le bout du tunnel.

“Je n’arrive pas à dormir la nuit et quand je me réveille, je suis épuisé”

D’autant que le versement des aides à l’agriculture biologique et aux mesures agro-environnementales et climatiques est si tardif qu’il met en danger l’exploitation agricole. «Je ne dors pas la nuit. Et quand je me réveille, je suis HS”souligne l’agriculteur.

Pour illustrer son manque à gagner, Gwenn Parry et ses camarades de la Confédération paysanne se dirigent vers un hangar où une tonne de blé récoltée en juillet 2023 n’a toujours pas été vendue. “Personne ne veut de mon blé, se désole l’agriculteur bio. Je refuse de le laisser partir de manière conventionnelle, cela représenterait une trop grosse perte. »

Un choix qu’il ne pouvait pas se permettre avec ses animaux. « Ils sont passés au conventionnel car je ne fais que de l’agneau et je n’ai que quinze jours pour les vendre. » Sans ces aides qui constituent le deuxième pilier de la PAC (politique agricole commune), les agriculteurs bio sont pris dans une terrible spirale.

Aide de 20 000 € en attente

Pour Gwenn Parry, cela représente environ 20 000 € et le retard de paiement a déjà de lourdes conséquences. Il a dû se séparer d’un de ses deux ouvriers fin mars. « Le paiement est prévu pour le mois de juin au lieu du mois habituel de mars. Je ne pourrai donc pas acheter mes plants de maïs et de tournesol. Je vais donc faire davantage de jachères. Mais c’est aussi de l’argent qui ne reviendra pas plus tard dans les caisses. »

Une spirale mortifère pour ces agriculteurs à qui l’État a fait de belles promesses début 2024. Cette aide a en effet été versée à la France par l’Europe début 2024.

Pourtant, la distribution pose problème. L’État invoque des problèmes logiciels (Télépac) pour justifier ce retard de paiement. Logiciel qui bloque également les dossiers de demandes d’aides dans le cadre de la CAP 2024. « La double peine »invoque la Conf’ dont la revendication première reste de vivre décemment de son travail.

Manifestation à Limoges ?

Le syndicat agricole se tourne régulièrement vers la DDT (gestion territoriale départementale) de l’Indre avec laquelle le dialogue n’est pas rompu mais qui ne peut pas faire grand-chose face à l’inertie administrative. L’action reste donc. «Peut-être irons-nous réclamer notre cotisation à l’ASP (agence de service et de paiement) de Limoges »glisse Gwenn Parry.

A la ferme de La Croix, à Martizay, le moral n’est pas au beau fixe mais Gwenn Parry, père de deux enfants, se rassure tant bien que mal. « Heureusement, ma femme est enseignante, il y a un salaire extérieur garanti. »

La Confédération Paysanne en congrès à Pellevoisin

Lundi 15 avril et mardi 16 avril 2024, la Confédération paysanne organise son congrès régional et les assemblées générales des structures du réseau de l’agriculture paysanne de la région Centre, à la ferme du Relais, à Pellevoisin.

La journée de lundi sera consacrée à ces assemblées générales et se terminera par une soirée festive (tarif libre) à partir de 19h30, avec un concert de Mange-Bal (électro-trad) prévu à 21h30.

Mardi 16 avril, après un buffet paysan prévu de 12h30 à 14h, la Confédération paysanne organise une table ronde, de 14h à 16h30, sur le thème « S’installer sur des exploitations viables, malgré les obstacles » . Laurence Marandola (porte-parole de la Confédération paysanne), François Léger (ingénieur agronome et docteur en écologie, Agro Paristech), Cécile Gazo (sociologue, INRAe) et d’autres intervenants évoqueront les enjeux de l’implantation en agriculture, et des revenus paysans.

Ferme du Relais, Pellevoisin, lundi 15 avril et mardi 16 avril 2024.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Haise et Le Bris vont entrer en collision
NEXT Européennes : Bardella lance le compte à rebours vers une victoire annoncée à Perpignan : Actualités