Le ministère de la Santé manipule les données qu’il diffuse dans son tableau de bord afin d’embellir le portrait du réseau, accuse le Parti québécois qui presse le ministre Christian Dubé de rendre des comptes.
Le PQ observe des « changements inquiétants au tableau de bord » qui permet de mesurer, par exemple, les délais d’attente pour être vu à l’urgence ou encore l’accès à un médecin de famille.
«On joue avec les chiffres pour manipuler un peu l’opinion publique sur les performances en santé», affirme le député péquiste Joël Arseneau, porte-parole péquiste en matière de santé.
Par exemple, le tableau ne mesure plus le pourcentage de personnes ayant accès à un médecin de famille comme auparavant, mais la part de celles qui ont « accès à un service de première ligne ».
Cela a fait passer le nombre de patients traités de 78 % à 88 % en un mois et à 90 % aujourd’hui. Or, quand on regarde dans le détail, on se rend compte que les 90% comprennent 630.411 personnes qui attendent un médecin au GAP, s’indigne le député.
Autre changement : l’objectif des 36 heures pour avoir accès à une consultation médicale, une promesse faite lors de la campagne électorale de 2018. L’objectif de 36 heures reste dans le tableau de bord, mais il mesure désormais les demandes traitées au guichet d’accès à la première ligne (GAP) dans ce délai.
«Dans certains cas, la situation s’est même carrément détériorée, même si le portrait suggère le contraire», affirme le député péquiste Joël Arseneau. Les données « offrent un portrait tronqué de la réalité du réseau, que nous essayons visiblement d’embellir ».
Explications demandées
Le cabinet du ministre se défend en affirmant que son gouvernement est « le premier » à faire preuve d’autant de transparence » avec le tableau de bord.
Lorsque les indicateurs sont au vert dans le tableau de bord, cela indique une tendance plutôt que l’atteinte d’un objectif, précise sa attachée de presse Audrey Noiseux.
Le tableau de bord du ministère de la Santé a été lancé en mai 2022. Il mesure 13 indicateurs d’accès : en première ligne, aux services médicaux spécialisés, aux urgences, etc.
Ce n’est pas la première fois que le tableau de bord du ministère de la Santé est pointé du doigt.Le devoir a récemment souligné les invraisemblances de ses données sur les délais d’attente en psychiatrie. Après la publication de l’article, le gouvernement s’est engagé à nettoyer les données et a ajouté un avertissement à côté du tableau en question.
Le Parti Québécois a également souligné des changements problématiques dans les indicateurs du Plan stratégique 2023 du ministère de la Santé. Selon lui, le gouvernement doit fournir des explications détaillées à ce sujet lors d’une séance extraordinaire en commission parlementaire, ce qu’on appelle un « mandat d’initiative » dans le jargon parlementaire.
