Réactions des médecins et des syndicats de Haute-Vienne à la « taxe lapin » réservée à ceux qui manquent leur rendez-vous

Réactions des médecins et des syndicats de Haute-Vienne à la « taxe lapin » réservée à ceux qui manquent leur rendez-vous
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Pour diverses raisons, la « taxe lapin », qui devrait être élaborée dans le cadre d’une loi et prochainement étudiée au Parlement pour une application en 2025, ne recueille pas l’adhésion de certains médecins et syndicats haut-viennois dans un contexte déjà tendu.

Le Premier ministre Gabriel Attal a présenté, samedi 6 avril, la « taxe lapin » de 5 euros pour sanctionner les personnes qui annulent leur rendez-vous médical sans prévenir.

Cette taxe, destinée à faciliter l’accès aux soins face à la perte de consultations, prévoit d’être versée directement au praticien blessé. Le montant peut être retenu par empreinte bancaire via les plateformes de prise de rendez-vous en ligne, ou encore par le médecin. Ces derniers peuvent décider d’appliquer, ou non, la « taxe lapin » selon les cas.

Olivier Rivière, médecin généraliste à Limoges, doute de l’efficacité de la mesure, dans l’attente d’éclaircissements.

« Je ne sais même pas comment je vais pouvoir déclarer ce montant. Par ailleurs, je ne pense pas que la taxe sur les lapins soit vraiment dissuasive. Dans mon cas, je peux facilement identifier dans mon dossier les personnes qui ne se présentent pas à leur rendez-vous sans prévenir. »

Olivier Rivière (Médecin généraliste à Limoges)

Ce médecin est régulièrement confronté aux problématiques des lapins dans son cabinet. Il n’est cependant pas inscrit sur la plateforme de rendez-vous en ligne Doctolib, utilisée abusivement par certains pour prendre plusieurs rendez-vous et finalement ne se rendre qu’à une consultation, sans annuler les autres.

« Le problème reste encore épisodique dans mon activité », estime Olivier Rivière. J’ai une annulation inopinée par semaine. J’en ai eu deux la semaine dernière et deux la semaine précédente. » Après trois questions posées, le médecin généraliste lance des avertissements et décide rapidement de ne plus prendre en charge la personne.

Un montant « ridicule »

Philippe Pizzuti, vice-président national de l’Union française pour une médecine libre (UFMLS) – porte-parole de l’ensemble des professionnels de santé, 300 adhérents en Nouvelle-Aquitaine – s’attendait à une mesure beaucoup plus forte.

« Taxer 5 euros ne rend personne responsable. Le montant est totalement ridicule. Il faudrait au moins 20 euros pour compenser les 26,50 euros perdus pour une consultation chez un médecin généraliste, et les 31,50 euros perdus chez un spécialiste. »

Philippe Pizzuti (Vice-président national de l’Union française pour une médecine libre)

« Nous attendions une mesure de responsabilisation des personnes qui pondaient des lapins, et nous avons appris par la presse cette taxe de 5 euros sans aucune concertation avec Gabriel Attal. Par ailleurs, parallèlement, le Premier ministre propose un accès direct à des spécialistes sans passer par le médecin traitant. Les gens seront perdus. »

L’UFMLS regrette également qu’un seul mode soit proposé pour l’application de la taxe, à savoir l’empreinte bancaire, qui peut être enregistrée lors de la réservation en ligne, exigée actuellement pour les téléconsultations.

Sur ce point, le gouvernement chercherait d’autres solutions, notamment pour les médecins non référencés sur Doctolib (64% des médecins généralistes selon le ministère de la Santé).

L’annulation de rendez-vous, une étape supplémentaire dans l’accès aux soins ?

Mickaël Frugier, médecin généraliste basé à Vigen et représentant de l’Union régionale des professions de santé (URPS) et médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine, estime que la « taxe lapin », censée faciliter l’accès aux soins, va encore accroître la prise en charge des patients.

« Cette taxe de 5 euros va entraîner des annulations de rendez-vous en chaîne qui risquent de saturer encore davantage la ligne téléphonique des secrétariats. Ce n’est déjà pas évident d’obtenir un rendez-vous, alors qui plus est, s’il faut l’annuler, voire en reprogrammer un autre… Le nombre d’appels téléphoniques par jour est déjà monstrueux. »

Mickaël Frugier (Médecin et représentant de l’Union Régionale des Professions de Santé)

« Les spécialistes couvrent parfois jusqu’à quatre ou six départements. Ils sont particulièrement impactés par les pontes des lapins et doivent déjà gérer de nombreux cris. »

À cela s’ajouterait la difficulté d’annuler votre rendez-vous. « Tout le monde n’est pas en mesure d’assurer l’annulation. Certains n’ont pas Internet. Les personnes âgées n’auront pour cela que le téléphone. Cette taxe risque de rendre la situation encore plus compliquée. »

Dans un contexte déjà sous tension alimenté par une plateforme Doctolib poussant à la « consommation médicale », l’Union régionale des professions de santé (URPS) et les médecins libéraux de Nouvelle-Aquitaine défendent « la nécessité de responsabiliser », de « faire confiance aux professionnels de santé ». et donnez-leur la possibilité d’agir avec tact et modération.

15 à 20 millions de consultations perdues chaque année

Face aux terriers médicaux, certains professionnels interrogés évoquent moins un problème d’accès aux soins qu’un problème d’éducation dans « une société où il n’y a pas de devoirs mais seulement des droits », où « les patients choisissent un rendez-vous plutôt qu’un autre pour des raisons ». de confort personnel.

La « taxe lapin », souhaitée par le gouvernement, doit entrer en vigueur en 2025 dans le but de récupérer, chaque année, 15 à 20 millions de créneaux de consultation perdus. L’Ordre des médecins et l’Académie de médecine indiquent que, chaque semaine, 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous.

Les dentistes et les spécialistes sont les plus touchés par les « lapins » médicaux

Selon une étude de Doctolib
les chirurgiens-dentistes sont les plus impactés par l’installation des lapins médicaux, avec un taux de 6,2% atteint dans la profession (devant les médecins spécialistes, 4,5%, les psychologues, 4,2% et les médecins généralistes, 3,4%).
Pour les réservations annulées ou déplacées par les patients moins de 48 heures avant le rendez-vous, ce taux atteint 51 %, derrière les médecins généralistes et spécialistes.

(*Etude de février 2023)

Cinq euros débités en cas de rendez-vous chez le médecin manqué : on vous explique la « taxe lapin »

 
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