Khouma (Richard-Toll), 8 avril (APS) – Soulèye Malick Sow, ancien technicien de l’aviation, ne vit que de et pour le violon peul (ñañooru en pulaar ou riti en wolof) depuis soixante-deux ans. Une passion qui lui apporte de nombreuses rencontres lors de ses tournées à travers le Sénégal, et surtout, en zone sylvopastorale à la rencontre des éleveurs nomades.
Né dans le quartier Ndioloffène de Saint-Louis (nord) où il a étudié les sciences humaines, le jeune Soulèye a rapidement quitté le domicile familial pour accompagner son frère aîné, qui était technicien chez Richard-Toll. C’était vers 1958 et Sow n’avait alors que huit ans.
Jeune éleveur, il finit par tomber amoureux du violon dont jouaient ses frères. D’ailleurs, ce sont ces derniers qui l’inspiraient beaucoup à l’époque lors de leurs multiples voyages en brousse à la recherche de pâturages.
Mais ce n’est qu’en 1973 qu’on le voit véritablement maîtriser le violon. La pratique de cet instrument de musique lui vaudra plus tard des invitations en zone sylvopastorale et dans la région de Kaolack. Il y tourne à l’appel d’éleveurs passionnés par cet instrument de musique.
Agé de soixante-quatorze ans, le natif de Saint-Louis aura tout connu avec le violon. Cet instrument traditionnel utilisé lors des grandes cérémonies l’élève au rang des grands artistes Pulaar, à l’image de Samba Diop Lélé et Amadou Koly Sall.
Soulèye Malick Sow a fondé le groupe « Lambata », grâce à l’un de ses frères, Samba Aly, le chef d’orchestre. Ensemble, ils ont joué du violon lors de grands événements culturels pendant plusieurs années.
Ces événements ont réuni d’anciens artistes Pulaar, comme Samba Diyé Sall, Sidy Baïlel Thiam, et des spécialistes du « wango », une chorégraphie traditionnelle propre au Fouta-Toro.
Aujourd’hui, rares sont les artistes qui jouent encore du violon. Parmi eux, on peut citer Mamadou Fatel Ba qui habite à Ndioukoul, une localité du département de Kébémer, Malick Pathé Sow et Issa Mbaye Diari Sow. Ces deux derniers artistes, originaires respectivement de Ndioum (Podor) et Talbakhé (Dagana), sont établis en Belgique.
Encouragez les guerriers
Le violon était utilisé pour animer les cérémonies culturelles. Avant ou après les combats, cela contribuait aussi à galvaniser les troupes, rappelait le « maître du violon ». Il a rappelé à ce propos la place qu’occupait cet instrument à l’époque de Samba Guéladio Diédji, héros de l’épopée peule de la dynastie des guerriers Dényanké (thiédo).
Il indique que les violonistes ont joué un rôle important en accompagnant le roi dans la bataille historique de Bilbassi, une bande de terre située sur les rives du fleuve Sénégal, à cheval sur les villages de Diowol Worgo (Sénégal) et Diowol Réwo (Mauritanie). .
« Samba ñañooru », « Sori baylo », « huuli yetto suusi joogo gonga » (même la peur ne fait pas reculer, en Pulaar), « Garba », « Ndonda » font partie des chants de louange que les artistes chantaient pour galvaniser les guerriers. lors des batailles. Le « Fantang » a été utilisé dans d’autres chorégraphies musicales, comme « yarmama », « hula hota », « Daali Demba ».
Selon lui, chaque groupe social, quelle que soit son appartenance religieuse, possède chez les violonistes un air musical spécifique. Aux nomades Peuls, par exemple, le « njaaru » et le « fantang » sont dédiés. Chez les Torodo, « taara » est une chanson dédiée au résistant musulman Cheikh Oumar Foutiyou Tall (1797-1864).
Aujourd’hui chef de famille et père d’une fille artiste nommée Fatou Sow qui travaille dans le monde du show business, il dit vouloir transmettre son héritage à son enfant. Son souhait en effet est que cet art musical perdure et reste une réalité dans la société sénégalaise.
L’ancien technicien de l’aviation qui vit encore de son art, souhaite que les jeunes s’inspirent de la tradition, pour que le violon ne disparaisse pas à jamais et soit classé patrimoine culturel international.
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