RAPPORTS. Dans le Gard, écologistes et chasseurs, ensemble contre les éoliennes

RAPPORTS. Dans le Gard, écologistes et chasseurs, ensemble contre les éoliennes
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J’ai certainement dépassé les limites et je le regrette. Les 650 habitants du petit village de Moulézan, dans le Gard, entre Nîmes et Alès, ont reçu, fin février, une surprenante lettre d’excuses de leur maire (SE), Pierre Lucchini, dans laquelle il annonce sa démission. Cet ancien militaire, déjà condamné l’an dernier pour avoir frappé un autre élu, est de nouveau poursuivi devant le tribunal correctionnel de Nîmes. Il comparaîtra le 13 mai. Cette fois pour faux, usage de faux et usurpation d’identité.

La justice lui reproche d’avoir rédigé lui-même quelque 700 faux avis, sur Internet, dans une enquête publique qui en comptait 2.400. L’élu, qui a reconnu les faits, aurait usurpé, entre autres, l’identité du premier adjoint de la ville de Nîmes, de la communauté d’agglomération de Nîmes-Métropole, ou encore de la Ligue de protection des oiseaux. Son objectif : rédiger un maximum d’avis favorables à l’implantation d’un parc de cinq éoliennes sur sa commune.

Les oiseaux ont un sens de la vue très développé, ce qui leur permet d’éviter les éoliennes , écrit un faux représentant de la LPO à l’enquête publique. A l’opposé de l’avis authentique de la LPO Occitanie, qui dénonce le des impacts écologiques et paysagers majeurs éoliennes. Pierre Lucchini, qui s’est vu retirer ses délégations de vice-président auprès de la communauté urbaine, a préféré jeter l’éponge et abandonner son écharpe de maire. Le préfet du Gard a, de son côté, relancé une nouvelle enquête publique.

« Si on commençait à industrialiser le bois… »

On repart de zéro, mais rien n’est encore gagné , assurent les opposants au projet de parc éolien. Regroupés en collectif, ils entendent protéger le Bois des Lens : une forêt méditerranéenne de 9 000 hectares, immense poumon vert entre Nîmes et Alès, que les éoliennes, disent-ils, risquent de défigurer.

Face à l’ancien maire de Moulézan, qui a défendu l’installation de cinq machines de 150 mètres de haut, soutenues par TotalEnergies, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique et de l’argent que cela rapporterait à sa commune, les opposants forment une coalition hétéroclite : il y a à la fois la majorité des maires des 19 communes concernées par le bois ainsi que des écologistes, défenseurs de la faune et de la flore. Randonneurs, nombreux dans les Bois. Et aussi des chasseurs, familiers du territoire, comme Sébastien Mellarede, dont la société de chasse du village de Combas a rejoint le collectif des opposants au projet. Je ne suis pas contre les éoliennes assure cet artisan. Mais pas dans cet endroit sauvage et magnifique. Si nous commençons à industrialiser le bois, ce sera notre pied dans la porte et nous ne pourrons rien arrêter. . Daniel Meurice, chasseur et retraité, explique que le bois est un vivier pour les sangliers, les lièvres et les cerfs.

Le président du collectif, Thierry Gaugne, et sa secrétaire, Françoise Lienhard, mettent en avant la richesse de la faune et de la flore du bois : ses 18 espèces de chiroptères (chauves-souris), ses rapaces, dont les espèces menacées d’Aigles de Bonelli. , et ses plantes protégées, comme la gratiole officinale. Nous ne gagnerons rien à construire des éoliennes si c’est en détruisant un puits de carbone essentiel plaide le bénévole, retraité d’une association d’éducation environnementale.

Une banderole des opposants, au Bois des Lens | HENRI FRASQUE – OUEST-FRANCE
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Une banderole des opposants, au Bois des Lens | HENRI FRASQUE – OUEST-FRANCE

Une zone d’exclusion aérienne

Le projet prévoit de dégager ou débroussailler près de 140 hectares, sans compter les coupes supplémentaires préconisées par les pompiers. Les opposants s’inquiètent également des risques d’incendie, les éoliennes étant entourées d’une vaste zone d’exclusion aérienne où les Canadairs ne pourront pas intervenir. Cependant, le dernier grand incendie, en 1990, s’est produit à cet endroit. , souligne Thierry Gaugne. Dans ses réponses à l’enquête publique, TotalEnergies répond que seuls 250 hectares sont concernés, à comparer à l’échelle du massif qui est de 9 000 hectares .

On ne sait pas encore si le projet, critiqué et plombé par les irrégularités de son enquête publique, finira par voir le jour, sept ans après son lancement. Il illustre la difficulté du développement de l’énergie éolienne dans le département. Un parc de cinq éoliennes est entré en service en 2006, soutenu par la Compagnie nationale du Rhône. Depuis, aucun autre projet n’a abouti.

 
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