L’origine des produits dans le viseur de la répression des fraudes

L’hypermarché Carrefour de Châteauroux a eu la gentillesse de se prêter à l’exercice d’un contrôle en conditions réelles, opéré par les services de l’Etat, au moment où les Castelroussin remplissent leurs caddies, à la veille d’un week-end. Les inspecteurs de la DGCCRF, plus connue sous l’ancien nom de répression des fraudes, remuent les caisses à la recherche de l’origine exacte sur les quelque 300 références mises en rayon ce jour là. Présent sur place, le préfet explique le contexte de ce contrôle ouvert à la presse, un contrôle à blanc à vocation pédagogique. D’abord les Jeux Olympiques sont imminents et vont booster la fréquentation estivale à Châteauroux et en Berry, puis l’inflation n’a pas disparu et ce contexte de flambée des prix concerne directement les consommateurs présent dans ce supermarché, finalement la colère des agriculteurs a conduit à des contrôles sauvages dans les supermarchés, pour mettre le doigt sur le problème.échecs dans la « francisation » des étiquettes. La francisation consiste à mentionner la fabrication en France, ce qui n’est pas toujours réel si l’on vérifie le bas des étiquettes. C’est pourquoi cette opération s’ajoute aux 115 contrôles de ce type entrepris pour ce premier trimestre dans le département. « Engagé » car un audit peut commencer en rayon, se poursuivre par une étude approfondie des carnets de commandes pour traquer les fraudes à l’origine des produits, le tout pouvant même conduire les inspecteurs de la DGCRRF à remonter à l’origine d’un secteur de production. Ce vendredi 5 avril, le contrôle restera au rayon fruits et légumes du supermarché, dernier maillon dans l’arrivée des produits, juste avant le consommateur.

A la recherche de l’origine des fruits et légumes

Un terme ponctue les propos des inspecteurs et guide leur démarche : « loyauté ». La fidélité des produits, envers le consommateur, celle des prix aussi. Dans le viseur des inspecteurs ce jour-là : l’origine des fruits et légumes, et la concordance entre les lieux réels de production et ceux affichés sur les prix. L’origine détermine en partie les choix des consommateurs, surtout lorsqueon mesure à quel point le label « bleu blanc rouge » est populaire, et inspire une grande confiance. De ces contrôles dépend donc la tranquillité des consommateurs et, à retrouver, des filières agricoles.

Rayons de l’hypermarché Carrefour Châteauroux © Radio-France
Alexandre Mottot

Les inspecteurs Nicolas Rouillot et Edna Iller ont préparé le terrain en examinant le site Internet de l’hypermarché, constatant les origines, les prix et la disponibilité saisonnière des produits. Ces premières bases balisent le contrôle, très complet dans sa mise en œuvre. Dans cette première phase, Edna Iller pointe par exemple l’origine des différentes tomates dont les contingents cultivés en France envahissent les étals début avril. L’inspecteur prend soin de retrouver la confirmation de l’origine affichée sur les étiquettes grand public tout en recherchant sous ces mêmes caisses de précieux détails sur les étiquettes, détails infinis illisibles pour le grand public. Nicolas Rouillot explique la démarche »Nous regarderons sous le produit s’il y a des informations sur l’origine des produits, car il peut parfois y avoir une inadéquation entre l’origine affichée sur l’étiquette. Vous avez des tomates d’origines différentes, vous avez le Maroc, la France, l’Espagne, nous allons vérifier si les produits vendus sont bien originaires de France. Nous vérifierons également que lorsque l’origine Maroc est indiquée, il s’agit bien d’une origine Maroc et pas d’une autre. Classiquement, les fraudeurs mélangent les origines, en revendiquant une, en l’occurrence française, pour mieux vendre les autres.

Après l’étape de contrôle de l’affichage, la procédure peut être développée davantage pour remonter les canaux « nous partirons du distributeur, regarderons le grossiste et éventuellement, si le grossiste achète à une coopérative, nous vérifierons aussi les opérations réalisées par la coopérative. Et puis nous pouvons aller voir le producteur lui-même« . Avant cela le travail repose sur l’exploitation de documents comme « les bons de livraison qu’il va falloir vérifier. Nous ne l’avons pas fait aujourd’hui, mais nous pouvons aussi aller vérifier les chambres froides pour voir les produits qui y sont stockés.

Protéger la qualité

Lors de ce contrôle, les services anti-fraude ont découvert une caisse sans étiquette contenant des tomates cerises qui pourraient provenir du Maroc. Nicolas Rouillot l’inspecteur le souligne «anomalie» au réalisateur Mathys Boireau qui l’explique après consultation de ses équipes, c’est «d’une casse“, en fait des produits retirés de la vente.”Nous analysons pourquoi cette boîte était là. Cela n’avait rien à voir là-bas. répond le directeur. Mais il explique aussi que le « les réceptions quotidiennes de produits d’origines différentes sont contrôlées chaque jour ». Dans cette démonstration d’inspection sans réel enjeu le jeune réalisateur met en avant sa bonne foi, rappelant que l’origine des produits fait l’objet d’une attention particulière » C’est une des choses que l’on voit à l’entraînement, avec l’hygiène, avec une multitude de points. C’est extrêmement important pour nos consommateurs

Contrôle de la DGCCRF dans un hypermarché de Châteauroux © Radio-France
Alexandre Mottot

La bonne foi fait la différence aux yeux de la DGCCRF, qui distingue très clairement la négligence des fautes graves et répétées. Nicolas Rouillot justifie «tout ce travail de vérification pour tenter de distinguer les opérateurs qui vont commettre un acte conscient et volontaire de « francisation », afin de profiter indûment de leurs pratiques commerciales et des erreurs commises par les commerçants par manque d’attention. Il conclut avec satisfaction à l’attention de l’hypermarché Carrefour inspecté ce jour-là. “Pour cet hypermarché on voit que l’affichage est en place, l’information du consommateur est disponible. Vous disposez toujours d’une information complète sur l’origine des produits, sur le nom des produits, sur le prix qui est affiché. Pour nous, il est satisfaisant de voir que les réglementations ici sont respectées dans leur intégralité.«Le directeur accorde à l’inspecteur que»les contrôles quotidiens portent leurs fruits puisqu’il n’y a aucune erreur dans les rayons« .

La conclusion de ce chèque en blanc ne pouvait faire de doute, car la marque a accepté le principe du contrôle pédagogique autant que la présence de la presse. Mais si la pugnacité de la répression des fraudes et l’étendue des pouvoirs de contrôle ne font guère de doute, les grandes enseignes de la distribution, dont le Carrefour de Châteauroux, travaillent scrupuleusement pour ne pas être prises en défaut, malgré l’immensité de la tâche et la supercherie de certains. des marques qui n’hésitent pas à abuser du « made » voire du « fabriqué » en France.

Pommes de terre « Made in France » 2024 © Radio-France
Alexandre Mottot

Se pose alors la question des conséquences des contrôles. Nicoals Rouillot détaille «une gamme de conséquences selon les infractions. Cela commence à partir de l’avertissement qui est une suite pédagogique et qui vise essentiellement à informer le professionnel du régulateur, dans la plainte pénale adressée au procureur de la Républiquelorsque des cas de non-respect ou d’infractions graves à la réglementation sont constatés« . Entre ces deux extrémités réglementaires. “nous avons ce que l’on appelle la mesure de police administrative qui aura pour but d’accompagner le retour à la conformité du magasin lorsqu’il y aura un nombre assez important de manquements qui auront été constatés« .

La valeur des normes

La récente crise agricole a mis en lumière le rôle de la DGCCRF, en première ligne pour faire respecter la loi Egalim et les normes de qualité. Le préfet de l’Indre a également voulu montrer que «les autorités s’efforcent de vérifier« Produits français »que nous devons valoriser“, mais aussi “promouvoir nos filières, promouvoir nos opérateurs, nos producteurs“Dénoncées par les agriculteurs, les normes ne devraient donc pas toutes être rejetées dans leur ensemble, selon le préfet.”c’est aussi un signe de garantie compte tenu des exigences normatives. Nous voulons simplifier et nous voulons avoir moins de lois, moins de décrets. C’est vrai, il faut simplifier ! Mais ces lois sont éminemment protectrices pour le consommateur. Il faut aussi parfois accepter ces contraintes et c’est la garantie de produits de qualité. Vous pouvez parfois payer un peu plus, c’est pourquoi vous ne pouvez pas vous laisser tromper« .

 
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