Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
On peut entendre l’expression « sportif du dimanche » comme un surnom désobligeant, à la limite de l’insulte. Il désigne alors ceux pour qui l’équipement synonyme d’activité physique n’est pas un starter, un vélo ou un haltère, mais un canapé et une télécommande. Ceux qui dépensent la moitié de leurs revenus sur Betclic, ceux pour qui le plus sportif est la tenue ; mais ce n’est pas parce que vous portez un survêtement du Barça pour nettoyer la voiture dans l’allée que vous jouez comme Lewandowski. Nous ne sommes pas loin de Footix.
Je préfère entendre cette phrase comme un compliment. Il désignerait alors la fourmilière des passionnés qui, chaque week-end, accueillent des tournois, des étapes, des rencontres, le plus souvent bénévolement, en Moselle.
Les « sportifs du dimanche » seraient les juges de lignes improvisés des matchs de district, qui remplacent les drapeaux par une veste de survêtement du club enroulée autour du poignet, et qui peinent à se positionner sur la ligne de hors-jeu à cause de leur genou boiteux, souvenir d’une ancienne blessure. qui se réveille tous les dimanches matin – les Crusaders, s’il ne les avait pas fait, il serait devenu pro.
Les mamans lavant les maillots, l’odeur de la machine Cat ou du Persil sur le gazon synthétique mouillé, le Picon dans le club-house.
Des arbitres qui n’ont rien demandé et qui risquent de sortir du match sans dents et sans crevaisons.
L’odeur des gymnases pour judokas, lutteurs et boxeurs, qui sentent le camphre et les vestiaires. Oeil de tigre, baume aussi.
Kayak à Metz, départ sous le pont du milieu ; les commissaires le long du parcours et leur étrange langue des signes.
Les commissaires des courses cyclistes, trois heures de cueillette sous la pluie pour dix secondes dans le peloton, et puis c’est fini…
#Français
