Le peuple suisse doit trancher sur une question délicate

Le peuple suisse doit trancher sur une question délicate
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Le 9 juin, la population suisse se prononcera sur quatre sujets, dont un concernant l’approvisionnement en électricité du pays.

Le ministre de l’Energie Albert Rösti doit mettre en œuvre avec succès la loi visant à garantir l’approvisionnement en électricité de la Suisse. © Clé de voûte

Le ministre de l’Energie Albert Rösti doit mettre en œuvre avec succès la loi visant à garantir l’approvisionnement en électricité de la Suisse. © Clé de voûte

Publié le 04.04.2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La Suisse est-elle prête à s’engager dans un virage énergétique radical ? C’est, en substance, la question qui sera posée au peuple le 9 juin. Ce jour-là, il devra se prononcer pour ou contre l’instauration d’une « loi sur la sécurité de l’approvisionnement électrique grâce aux énergies renouvelables ».

1. De quoi parle-t-on ?

Il s’agit d’une réforme énergétique massive dont le but est d’augmenter la production locale d’électricité à long terme, en misant sur les énergies renouvelables comme l’eau, le soleil, l’éolien ou la biomasse. .

La loi fixe des objectifs contraignants : au moins 35 térawattheures (TWh) d’électricité doivent être produits en 2035 à partir d’énergies renouvelables – hors hydraulique – et 45 TWh en 2050 (4,9 en 2022). Pour l’énergie hydraulique, les besoins sont fixés à 37,9 TWh puis 39,2 TWh (33,5 en 2022). Le projet répertorie notamment 15 projets prioritaires de centrales hydroélectriques, sélectionnés lors de la table ronde de 2021, comme le barrage du Gorner (VS) et la rehausse du Grimsel (BE).

Pour les parcs solaires et éoliens, ce sera aux cantons de définir des «sites appropriés» pour la construction de nouvelles installations. Si le projet devait être accepté, il entrerait en vigueur le 1euh Janvier 2025.

2. Quels sont les problèmes ?

Nul ne conteste la nécessité pour la Suisse de s’engager massivement dans la transition énergétique, tant pour respecter ses engagements internationaux en matière climatique que pour limiter les risques de pénurie d’énergie, notamment en hiver.

Là où les camps se divisent, c’est sur la manière d’atteindre ces objectifs. Pour la population, la question centrale est de savoir si elle accepte ou non de simplifier et d’accélérer la construction de grandes installations photovoltaïques, éoliennes ou hydrauliques dans le pays.

3. Qui est pour cette réforme ?

La nouvelle loi rencontre peu d’opposition au niveau politique. Hormis quelques élus UDC, notamment en Suisse alémanique, l’ensemble du parlement recommande de l’accepter, suivant l’avis du Conseil fédéral.

“Il est évident que notre pays aura besoin de plus d’électricité dans les années à venir, avec l’augmentation des voitures électriques, des pompes à chaleur et même la fermeture des centrales nucléaires”, a relevé le conseiller national Roger Nordmann (ps, VD) lors d’une conférence de presse organisée. par l’«Alliance pour un approvisionnement sûr en électricité» ce jeudi à Berne. « Cette loi a été conçue pour surmonter les blocages en faveur de solutions. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’autre choix : soit nous décidons d’améliorer la situation, soit nous tombons dans la paralysie.»

Si tel est le cas, la Suisse lancera rapidement et pour longtemps une politique énergétique axée principalement sur les énergies renouvelables. Un vote non maintiendrait le statu quo et ralentirait la transition énergétique pendant plusieurs années.

4. Que disent les ONG environnementales ?

L’accélération de la transition énergétique est aussi la principale raison pour laquelle de grandes associations de protection de la nature, comme le WWF et Pro Natura, recommandent d’accepter cette réforme. Pro Natura précise qu’elle conditionne son soutien au respect des « promesses faites lors du débat parlementaire », notamment celles de limiter au minimum les atteintes à la nature et aux paysages.

5. Qui est contre ce projet ?

Le référendum a d’abord été lancé par un simple citoyen, Pierre-Alain Bruchez, un fonctionnaire fédéral à la retraite d’origine valaisanne. La Fondation Franz Weber et la fédération Paysage Libre Suisse lui ont ensuite emboîté le pas. Si elles estiment que le projet contient de « bons éléments », ces organisations rejettent certaines dispositions centrales qui, selon elles, « portent gravement atteinte à la Constitution fédérale ».

Au cœur du problème : le « principe de primauté » inscrit dans la nouvelle loi, qui stipule que la production d’énergie renouvelable aura désormais la priorité sur les autres intérêts, notamment ceux de la protection de la nature et des paysages. «Jusqu’à présent, il appartenait aux autorités et à la justice de peser les intérêts au cas par cas, en fonction des projets», explique Michel Fior, porte-parole de Paysage Libre Suisse. “Si la loi est acceptée, cela signifiera que n’importe quel projet pourra être construit n’importe où”, s’inquiète-t-il.

Selon les opposants, en permettant au Conseil fédéral d’accorder des autorisations via des procédures «abrégées et condensées», la loi retire également une partie du pouvoir aux cantons et aux communes. « Pour que certains projets puissent être réalisés sans même que la population locale, directement concernée, soit consultée », affirme Michel Fior.

>Médias ESH

 
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