un orgue de chœur très envahissant

articles). Tournant en dérision l’opposition considérable que rencontre cette idée, et qui se traduit par une pétition ayant déjà recueilli 139 525 signatures à ce jour depuis son lancement à la fin de l’année dernière, Emmanuel Macron continue comme si de rien n’était son projet, nommant la commission chargée de faire le choix du maître verrier, et reporter à l’automne la consultation de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA), bien qu’obligatoire dans le cadre des travaux en cours de Notre-Dame, pour qu’elle devienne une chambre d’enregistrement des le choix qui sera fait, sans lui laisser une seconde l’occasion de s’exprimer sur le principe.
1. L’orgue de chœur devant le feu (derrière les stalles) dans le buffet conçu par Viollet-le-Duc

Photo : GO69 (CC BY-SA 3.0).

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Il faut dire que le CNPA, bien que uniquement consultatif, est un petit caillou dans la peau des responsables de ce projet dont ils aimeraient se débarrasser. Et ils l’ont fait, pour une affaire qui n’a encore suscité aucune critique, car elle est réalisée en catimini et sans faire appel à la section du CNPA compétente pour les évolutions touchant à l’architecture. de la cathédrale.

Nous voulons parler de la restauration de l’orgue de chœur (je vais. 1), qui contrairement au grand orgue a souffert de l’incendie, non pas pour sa partie de buffet (conçue par Viollet-le-Duc), qui sera restaurée et conservée, mais pour la partie instrumentale. Cela devra être entièrement refait. Et pour cela, un projet a été concocté par l’archidiocèse, avec la participation de l’architecte en chef des monuments historiques Philippe Villeneuve, de la DRAC Île-de- et de l’établissement public lui-même, qui était alors représenté par le général Georgelin, car les décisions avaient été prise avant sa mort.

Concernant un orgue, c’est donc la section orgues (et autres instruments de musique) du CNPA qui a été consultée. Jusqu’à présent, rien d’anormal. Mais plutôt qu’une simple reconstitution de l’instrument dans son étui, le diocèse a souhaité qu’il soit « l’opportunité d’améliorer significativement l’instrument afin d’augmenter le répertoire qu’il peut jouer et de mieux diffuser sa sonorité dans la nef « . Et pour cela, il a décidé que « vu la petite taille du buffet “, ” les améliorations souhaitées conduisent à la création d’une ou plusieurs extensions, installées dans la tribune du chœur « .

Cela n’aurait pas posé de problème si ces extensions avaient impliqué l’utilisation de tuyaux d’orgue gisants, qui n’auraient pas été visibles depuis la nef. Cette solution était possible, comme me l’a confirmé un spécialiste, mais elle n’a pas été retenue. Car si cela ne se voit pas, à quoi bon mettre sa marque ? La solution a donc été retenue, lors de cette séance du CNPA, d’aménager cette extension en hauteur, avec des tuyaux d’orgue verticaux, qui seront donc bien visibles et qui masqueront une partie de la perspective de l’architecture sur les tribunes.

Pour une telle question, c’est la section « architecture » du CNPA qui aurait dû être consultée. Non seulement il ne l’a pas été, mais la plupart de ses membres ne sont même pas au courant de ces travaux à venir, à l’exception de son président, le sénateur Albéric de Montgolfier qui siège dans les deux sections.

Le ministère de la Culture nous a répondu avec un argument faisant autorité : « La grande qualité des débats montre les compétences de cette section en matière d’orgues notamment, et permet un débat contradictoire sur les aspects historiques, visuels, acoustiques et musicaux. », et affirme que cela suffirait à autoriser l’examen par la seule section d’orgue. Cependant, les noms des différentes sections contredisent absolument cette interprétation. Si l’article 5 porte sur « protection et travail sur instruments de musique », la section 3 se concentre sur « projets architecturaux et travaux sur bâtiments « .

Cependant, comme nous le verrons, l’extension de l’orgue de chœur consiste bien en des travaux affectant le monument historique lui-même et ne concerne pas uniquement l’instrument existant. La manière dont a été évité le passage à la section travaux du CNPA est tout à fait irrégulière : il faut le consulter dans la bonne rubrique, et s’il faut consulter les spécialistes de l’orgue pour la reconstruction de l’instrument, c’est bien la commission « architecture » qui Il faut se saisir de la question architecturale, d’autant plus qu’elle a un fort impact sur le monument.


2. Un des visuels présentés au CNPA le 13 octobre 2022

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Cette fois, il ne s’agit pas de s’attaquer à Viollet-le-Duc, mais plutôt à la partie médiévale de la cathédrale. Les visuels présentés au CNPA étaient étonnants (je vais. 2 et 3) : tuyaux d’orgue qui masquaient deux arcatures dominant le transept, ainsi que celles tournées vers le chœur. Une véritable négation de l’architecture. Les spécifications qui viennent de sortir sont plus modérées, tout comme les visuels (je vais. 4 et 5). Cette fois, il est demandé que « présentation des tuyaux de façade [soit] modeste, sobre et discret, sans intention artistique trop marquée « . Cependant, cela ne devrait pas » tomber dans la pauvreté » (sic). Il est également demandé que « les canalisations de façade ne montent pas jusqu’au sommet de l’arceau, de manière à laisser visibles les voûtes situées au-dessus du stand « . Et c’est pourquoi : ” La conception de ces tuyaux de façade devra être conçue de manière itérative entre le facteur d’orgues, Philippe Villeneuve, architecte en chef des Monuments historiques en charge de la Cathédrale Notre-Dame et le maître d’œuvre, Christian Lutz, technicien-conseil pour les orgues, sous-traitant. des services de l’architecte, de la maîtrise d’œuvre et de la DRAC « .



3. Un des visuels présentés au CNPA le 13 octobre 2022

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Lors de la Commission, deux inspecteurs des monuments historiques ont partagé leur expertise. Ils se sont montrés plus que réticents, soulignant qu’il n’y avait pas de cahier des charges patrimonial ! LE ” propositions du programme du cessionnaire [le diocèse donc] apparaissent disproportionnés par rapport à la mission de reconstruction de l’orgue du chœur détruit par l’incendie et aux dispositions architecturales de la cathédrale. La question de l’impact architectural de ce nouveau projet est donc au cœur des préoccupations de l’inspection du patrimoine. « . Ils ajoutent ” que les deux buffets symétriques des tribunes du transept seront immédiatement visibles depuis la nef centrale et compteront pour beaucoup dans la perception de l’édifice. L’insertion architecturale de ces nouvelles œuvres pose question. « .



4. Un des visuels présentés dans le cahier des charges, plus modérés que ceux présentés au CNPA, mais qui ne montrent pas les vitrines contenant les canalisations

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S’il est vrai que les nouveaux visuels sont moins choquants, semblant sans doute tenir compte de ces propos, ils n’en restent pas moins regrettables. Mais surtout, ils ne sont pas conformes à ce que nous verrons réellement. Lors du CNPA le représentant de la DRAC Île-de-France, visiblement favorable à ce projet, a affirmé que « seuls les tuyaux seront [aient] visible depuis le sol de la cathédrale « . C’est faux, comme l’explique clairement la lecture des clauses techniques et particulières du cahier des charges : ces canalisations seront encastrées dans des buffets, en verre pour « permettre la circulation de la lumière », qui ne sont pas montrés sur les images. Ils seront cependant très visibles : « les parois latérales et les plafonds de verre, dans la mesure où ils laissent passer la lumière, pourront dépasser ces volumes contraints. Il est même souhaitable que le plafond ne soit pas trop proche des extrémités supérieures des canalisations et que le volume intérieur des deux coffrets ne soit pas trop petit, pour une bonne diffusion sonore. « . Le verre est bien sûr transparent. Mais il n’est pas invisible. Il s’agira donc de canalisations dans deux grandes caissons vitrés que l’on verra depuis la nef et le transept et qui gêneront la perception de l’architecture médiévale. Tout cela sans réelle nécessité.



5. Un des visuels présentés dans le cahier des charges, plus modérés que ceux présentés au CNPA, mais qui ne montrent pas les vitrines contenant les canalisations

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Non seulement la section « architecture » du CNPA n’a pas été consultée, mais même la section « orgue », qui a voté pour (bien qu’avec quatre oppositions et quatre abstentions), a été très mal traitée, et sans respecter les usages. de cet établissement. Les représentants du porteur du projet, c’est-à-dire le diocèse et l’établissement public, sont restés présents tout au long de la séance sans sortir comme il est d’usage lors des débats et notamment lors des votes. Là encore, le ministère de la Culture a affirmé que cette pratique serait normale : « L’article 19 du règlement intérieur du CNPA précise que le huis clos est « décidé par le président en séance, à son initiative ou à la demande de la majorité des membres présents ». Il n’y a pas eu de demande de huis clos le 13 octobre 2022. Pour mémoire, le huis clos n’a jamais été pratiqué en 5ème section depuis 2017 « . Si cette procédure est autorisée par le règlement intérieur, il est évident qu’elle n’est pas acceptable car le vote d’une telle commission, qui devrait systématiquement se faire au scrutin secret, ce qui n’est pratiquement jamais le cas, doit laisser aux membres la liberté de voter comme ils l’entendent, notamment les représentants de l’administration qui peuvent subir des pressions de leur hiérarchie. Lors des votes dans la section « travaux », et souvent même lors des délibérations, les porteurs de projets ne sont pas présents.

Enfin, que dire de la maîtrise d’œuvre confiée à l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame ? Son nom est clair : il n’a aucun rôle dans des travaux qui ne s’inscrivent pas dans ce cadre de restauration et de conservation. S’il avait été question de restaurer l’orgue de chœur, comme ce fut le cas pour le grand orgue, c’était légitime. Cela implique, bien au-delà de sa restauration, la création d’un nouvel orgue de chœur, bien plus important, donc hors de son champ d’application. Le ministère de la Culture, là encore, tente de le justifier, en reprenant les missions de l’établissement public telles qu’elles apparaissent dans la loi, qui ne dit rien d’autre que ce que nous venons d’écrire. Et il conclut que : « cette extension instrumentale étant incluse dans l’opération globale de restauration de l’orgue de chœur, elle peut être réalisée sous la seule maîtrise d’oeuvre de l’EP-RNDP « . Chacun jugera ces arguments qui ne nous semblent pas entièrement convaincants.

Quant au financement de cet organe (diocèse ? ministère de la Culture ? avec ou pas de l’argent provenant de dons ?), le ministère a laissé à l’établissement public le soin de nous répondre. Il n’a pas trouvé le temps de le faire pendant les quelques jours que nous lui avons accordés.

Alors que les travaux en eux-mêmes avancent remarquablement bien, avec notamment l’achèvement de la flèche et la restauration de la toiture actuellement en cours, la restauration de Notre-Dame aurait pu éviter cette affaire de vitraux, d’orgue, voire de destruction archéologique. (voir l’article), sans compter le scandale de la non poursuite des fouilles au niveau du chœur (voir l’article)…

 
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