Le groupe industriel Bel investit des millions d’euros dans la réhabilitation des tourbières, un enjeu écologique essentiel dans le Jura

Le groupe industriel Bel investit des millions d’euros dans la réhabilitation des tourbières, un enjeu écologique essentiel dans le Jura
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C’est la première fois qu’un acteur privé, le Groupe Bel, investit dans la réhabilitation des tourbières jurassiennes. Pour l’entreprise, financer un projet de captage de carbone est un moyen de compenser les émissions inévitablement induites par la production industrielle de son fromage.

«Pour les acteurs de l’environnement, c’est un cadeau de Noël». P.résidente du Conservatoire des espaces naturels de Franche-Comté (CEN), Muriel Loriod-Bardi se réjouit d’un partenariat exceptionnel.

C’est la première fois qu’un acteur privé, en l’occurrence le groupe industriel Bel, finance un projet de réhabilitation des tourbières du Jura, levier considérable d’action contre le réchauffement climatique.

Après quatre années de préparation, un partenariat a été formalisé entre les différents acteurs publics du projet et le producteur de fromage, mercredi 3 avril à Frasne, dans le Doubs.

Les tourbières sont des zones humides. L’accumulation de plantes mortes dans l’eau forme de la tourbe, une matière organique qui fixe le carbone dans le sol.

Cet équilibre climatique est perturbé par l’activité humaine. Depuis le XVIIIe siècle, les hommes se rétablissent eau et tourbe à des fins agricoles ou énergétiques. Une fois asséchées, les tourbières ne retiennent plus le carbone : elles le rejettent sous forme de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

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La tourbière Bizot dans le Haut-Doubs.

© Guillaume Soudat – France Télévisions

Piège à tourbières 30 % du carbone mondial stocké dans les sols alors qu’ils n’en occupent que 3 % de la surface terrestre du globe. Résultat : aujourd’hui non réglementées, les tourbières sont responsables de 5 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Leur réhabilitation est donc un levier essentiel d’action contre le réchauffement climatique. Et ce, particulièrement dans notre région, car la partie franc-comtoise du massif du Jura est l’une des zones les plus riches en tourbières d’Europe occidentale.

Pour toutes ces raisons, l’Union européenne et l’Agence de l’eau financent le programme Life, deuxième programme de réhabilitation des tourbières du Jura, avec 12,5 millions d’euros investis entre 2022 et 2029. Seules toutes les tourbières du département n’ont pas été incluses dans le projet, en raison de contraintes foncières ou financières.

C’est là qu’intervient le groupe Bel. En mettant à disposition des ingénieurs et des moyens financiers, le géant du fromage propose d’aider les acteurs publics à définir une liste de quarante nouvelles tourbières à réhabiliter dans le Jura, parmi celles qui n’ont pas été sélectionnées par le programme Life.

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Le président du groupe Bel Antoine Favias et le président de l’Epage Haut-Doubs Haute-Loue Philippe Alpy, le 3 avril à Frasne.

© Laurent Brocard – France Télévisions

Une fois cette liste établie, l’entreprise financera les travaux de réhabilitation. « Le plan de séquestration du carbone de Bel représente un investissement d’environ 10 millions d’euros par an, dont une grande partie est allouée à la restauration des tourbières »préciser les services de communication du groupe industriel.

Un partenariat avec le producteur La Vache qui rit n’était pas immédiatement évident sur les terrains de production du comté.

« En tant que structure associative, nous sommes évidemment sensibles aux questions éthiques. Nous devions que nous sommes convaincus que nous ne sommes pas dans une démarche de greenwashing »» commente Christophe Aubert, directeur du CEN.

>Signature d'une convention pour la réhabilitation des tourbières du Jura, à Frasne le 3 avril 2024.
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Signature d’une convention pour la réhabilitation des tourbières du Jura, à Frasne le 3 avril 2024.

© Laurent Brocard – France Télévisions

Quatre années de préparation à ce partenariat ont permis « soulager (les) inquiétudes » acteurs publics. « Nous avons vu une réelle ambition [de Bel] sur le long terme, des engagements de principe et financiers »poursuit Christophe Aubert au micro de notre journaliste Isabelle Brunnarius.

« En tant qu’entreprise familiale, nous travaillons aussi pour les générations futures »poursuit le président du groupe Bel Antoine Fiévetégalement en déplacement à Frasne pour la signature du partenariat.

En 2022, le groupe Bel a été mis en demeure pour avoir autorisé des rejets non conformes et pollué les cours d’eau de Dole pendant dix ans. La même année, l’entreprise s’engage dans un programme de développement durable pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % entre 2017 et 2035.

>350 salariés travaillent à l'usine Bel à Dole dans le Jura.
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350 salariés travaillent à l’usine Bel à Dole dans le Jura.

© France 3 Franche-Comté : Hugues Perret

Pour Antoine Fiévetinvestir dans des projets de captage du carbone tels que la réhabilitation des tourbières est un moyen de “compenser « émissions incompressibles » de l’entreprise, ceux qui “nous [le groupe Bel] ne peut pas réduire ».

Dans l’industrie fromagère, la plupart des émissions de gaz à effet de serre sont imputables à l’agriculture et aux transports. Selon le groupe, les usines Bel n’émettent que 3 % du carbone émis par l’ensemble de la production et du transport du fromage.

 
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