La biométhanisation, le « bon choix » du Québec, vante Marchand

Il aura fallu de la patience et résister à bien des embûches pendant près de 15 ans pour pouvoir enfin couper le ruban du centre de biométhanisation jeudi.

L’événement avait un caractère festif. Les fonctionnaires qui ont travaillé sur le projet dès ses débuts étaient accompagnés de dignitaires et d’élus de la Ville de Québec pour inaugurer la nouvelle construction.

>>>>>>

L’inauguration de l’usine de biométhanisation a eu lieu jeudi, en présence des ministres caquistes Jonatan Julien (Infrastructures) et Benoit Charette (Environnement).
(Caroline Grégoire/Le Soleil)

La dernière année a été celle du rodage de l’usine construite près du boulevard Henri-Bourassa, près de la baie de Beauport. Depuis avril 2023, après des retards successifs, les déchets récupérés dans les sacs violets ont enfin pu commencer à être injectés dans les immenses réservoirs pour être transformés en biogaz et en engrais.

Cependant, il a fallu près d’un an pour arriver au produit fini.

Le gaz naturel renouvelable n’est injecté dans le réseau d’Énergir que depuis le 18 janvier. Le digestat, quant à lui, est certifié et peut être distribué pour épandage dans les champs depuis le 24 février.

Un vent contraire de « défis »

La cérémonie d’inauguration de jeudi ressemblait à la fin d’une course, à une ligne d’arrivée franchie après plus d’une décennie de planification, de réflexion et de construction.

En janvier 2014, l’ancien maire Régis Labeaume, accompagné de partenaires du gouvernement du Québec, annonçait un montage financier de 124,5 millions pour l’usine de biométhanisation, déjà en chantier depuis près de quatre ans. Ils présentaient alors un projet plus imposant que prévu, dont l’ouverture était prévue pour 2018.

Pourtant, les mois ont passé, et encore plus depuis la pandémie. Dans une histoire assez récente, « le projet a rencontré plusieurs défis », rappelle Carl Desharnais, directeur général adjoint des infrastructures durables.

« La COVID a arrêté le chantier pendant deux mois et impacté nos séquences de construction », se souvient-il. Ensuite, des retards dans les chaînes d’approvisionnement et des obus à réparer dans les chars ont retardé l’achèvement du chantier.

>>>>>>

L’usine de biométhanisation a une facture finale de 216 millions.
(Caroline Grégoire/Le Soleil)

“Mais nous avons surmonté ces défis”, souligne le responsable, non sans une pointe de fierté en soulignant une “réalisation” jeudi. « Tout le monde voulait un projet réussi et je pense que nous l’avons obtenu. »

En plus des délais, Québec a également dû assumer une augmentation importante de la facture. Après avoir encaissé une dernière somme de 6 millions à payer en mai dernier – la faute à l’inflation – la Ville affirme que le prix final payé s’élève à 216 millions. Quelque 73 % plus cher que l’estimation initiale.

Encore plus de déchets à ramasser

Maintenant que l’usine est opérationnelle comme elle devrait l’être et que 100 % des citoyens ont accès à la collecte des déchets alimentaires, la Ville se tourne vers la suite. Stoneham, Lac-Delage, Côte-de-Beaupré, Saint-Gabriel-de-Valcartier, Île d’Orléans : tous ont reçu ou recevront leur propre sac violet pour contribuer également à la démarche.

>>>>>>

Du gaz naturel renouvelable et du digestat sont produits à l’usine de biométhanisation.
(Caroline Grégoire/Le Soleil)

Puis, à partir du 22 avril, les institutions, entreprises et industries pourront s’inscrire pour participer, d’ici 2025.

Ce nouvel aspect de la reprise permettra de doubler la montée en puissance de l’usine, est-il prévu.

Misant sur « la mobilisation par la capacité de comprendre que l’urgence est là », l’administration Marchand n’entend pas forcer les écoles ou les entrepreneurs à faire leur part.

« Peut-être qu’un jour nous en arriverons à ce point. Mais il n’y a aucun règlement qui dit que si dans votre entreprise, vous ne le faites pas, on vous fermera ou vous pénalisera», exprime le maire Bruno Marchand. Il estime que « les gens vont embarquer », poussés par la pression populaire du mouvement.

Déjà, la biométhanisation bénéficie d’un taux de soutien de 75% des citoyens, qui ont indiqué l’été dernier, dans un sondage, participer à la collecte des déchets verts par sacs violets.

Le « bon choix », après coup

Devant cette popularité, le maire Marchand a conclu que le projet, dont il a hérité alors qu’il arrivait à son terme, s’est révélé être le « bon choix » pour la région.

« La preuve est en place. Les bons choix ont été faits pour obtenir les bons résultats », estime-t-il.

“J’assume la responsabilité des choix qui ont été faits et à la lumière des résultats, ce sont des choix importants.”

— Bruno Marchand, maire de Québec

Avant d’opter pour la biométhanisation, une inspiration venue d’Europe, la Ville avait analysé la possibilité de réaliser une troisième collecte par bacs bruns, comme le fait Lévis. Une solution coûteuse en termes de coûts d’exploitation, mais moins en termes d’infrastructures.

« Cela aurait été une erreur de se limiter et de supprimer certains éléments qui ont été ajoutés pour respecter le budget initial. Les citoyens du Québec auraient été mal servis», juge le maire de Québec.

Ancien élu municipal lui-même de 2013 à 2018 et ayant occupé le poste de vice-président du comité exécutif, Jonatan Julien confirme également qu’il a été « judicieux de faire ce choix ».

>>>Les ministres Jonatan Julien et Benoit Charette>>>

Les ministres Jonatan Julien et Benoit Charette
(Caroline Grégoire/Le Soleil)

« Il est de plus en plus difficile de trouver de la main d’œuvre. Au-delà des coûts envisagés, faire aujourd’hui une troisième collecte aurait été un mauvais choix», estime le ministre responsable de la Capitale nationale.

Avec plusieurs « innovations », l’usine inspire déjà ailleurs, comme aux États-Unis, selon Carl Desharnais, de Québec.

À titre de maître d’oeuvre, la Ville a prouvé qu’elle pouvait livrer des projets d’envergure, estime le maire Bruno Marchand.

«On a tout au Québec pour tout faire.»

— Bruno Marchand, maire de Québec

Comptant également le Centre Vidéotron et le Centre de Glace Intact parmi les réussites municipales, le ministre Jonatan Julien abonde dans le même sens.

« À Québec, nous avons une fonction publique très compétente. Des gens qui travaillent bien, des gens dévoués», s’est-il vanté, se gardant bien de faire allusion au projet de tramway dont le gouvernement du Québec a pris possession en novembre.

EN CHIFFRES

– 182 600 tonnes de capacité d’usine de matières valorisées par an (86 600 tonnes de déchets alimentaires et 96 000 tonnes de boues municipales)

– 18 000 tonnes de gaz à effet de serre économisées en moyenne chaque année.

– Le gaz naturel renouvelable produit permettra d’éviter chaque année la consommation de combustible fossile équivalente à 4 000 voitures, soit le chauffage de 3 700 logements.

– 30 000 tonnes de digestat seront produites cette année et 5 000 tonnes d’engrais liquide à partir d’une solution de sulfate d’ammonium.

Source : Québec

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV images impressionnantes de tempêtes dans le Sud-Ouest
NEXT lancement de l’appel à projets – Politique de la ville – Solidarité, cohésion sociale et populations – Actions de l’État – .