voilà à quoi ressemblera le mausolée de Sidi Abderrahmane dans 6 mois – Telquel.ma – .

Dil était difficile d’imaginer, il y a encore quelques mois, le mausolée de Sidi Abderrahmane comme un lieu touristique digne de ce nom. Mais suite à l’intervention des bulldozers, vendredi 12 janvier dernier, pour démanteler les constructions illicites entourant le mausolée, sur ordre de Mohamed Mhidia, wali de la Région Casablanca-Settat et gouverneur de la préfecture de Casablanca, cette métamorphose est devenue possible.

Un projet d’une valeur de près de 10 millions de dirhams

Désormais, le projet prend forme. Le Conseil Municipal de Casablanca a fait appel aux services de H+E Architecture pour superviser et réaliser ce projet qui devrait redonner vie à l’îlot, autrefois lieu de contemplation à proximité de la plage d’Aïn Diab, mais qui, avec le temps, a transformé en repaire de sorciers.

Ce cabinet d’architectes, cofondé en 2014 par Houda Aourarhi, Badre Bouzoubaa, Saad Rhzioual Berrada, Karim Rouissi et Omar Serhane, a déjà développé une vision pour l’avenir de cet espace, tout en prenant en compte les problématiques actuelles, notamment «insécurité, conditions insalubres, contraintes naturelles liées à la localisation de l’île, ainsi que des connotations négatives dans l’imaginaire collectif associant cet espace à la voyance et aux pratiques illégales», précise la firme.

Pour un budget total estimé à près de 10 millions de dirhams, l’ensemble de l’île sera relooké et le mausolée sera entièrement modernisé, ne gardant que la salle où se trouve le tombeau de Sidi Abderrahmane, apprend-on dans la brochure du projet.

Dans le détail, l’îlot comprendra un espace de contemplation couvrant toute la partie adjacente du Darih et comprenant un observatoire avec vue sur la mer, un olivier, signe de bénédiction, ainsi qu’un bassin d’eau et un espace dédié à la méditation. . Les autres salles du mausolée seront transformées en librairie, en Centre d’interprétation du patrimoine, ainsi qu’en salle de projection et d’exposition.

Contacté par Comme siMoulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil municipal de Casablanca, a précisé que ce projet, qui sera réalisé dans un délai maximum de 6 mois, vise à «modifier l’image stéréotypée associée à ce lieu comme un espace de sorcellerie et de charlatanisme, et en faire un lieu touristique authentique», poursuit ce responsable local.

C’est une histoire

Le mausolée de Sidi Abderrahmane est l’un des lieux les plus célèbres de Casablanca. Pourtant, peu de gens connaissent l’histoire du marabout enterré sur l’îlot. Les références bibliographiques sur son histoire se comptent sur les doigts d’une main, et sont loin d’être exhaustives.

Dans son livre intitulé Rites et secrets des marabouts à Casablanca (Editions Sedim, 1984), Mustapha Akhmiss a consacré trois pages à Sidi Abderrahmane Ibn Jilali, dit « Ajjamar ». Selon l’auteur, médecin de formation, le marabout était originaire de Bagdad et vivait au 16èmee siècle.

C’était un Mejdoub (poète mystique atteint de jedba, sorte de ravissement, signifiant littéralement « attirance » vers Dieu) qui se consacrait à la prière à longueur de journée. Il erra longtemps à la recherche d’un endroit désert et calme. Attiré par la mer, il passe son temps à arpenter les plages de Casablanca, d’Aïn Sebaa à Aïn Diab. Les forêts qui longeaient alors la côte étaient alors infestées de bêtes sauvages qui venaient se frotter à son burnous.

Une tresse de cheveux tressés lui descendait dans le dos. Il ne portait ni cloche ni chapelet. Il marchait pieds nus en récitant des litanies. Le soir, il s’arrêtait au bord du rivage pour contempler le coucher du soleil et remerciait le Seigneur pour le beau spectacle qu’il lui offrait. Un jour, il découvre la petite île qui prendra plus tard son nom. Il s’y est réfugié et s’est organisé pour y vivre le reste de sa vie, raconte Akhmiss.

Le saint Moulay Bouchaïb Reddad, qui vivait à Azemmour, entendit un jour parler de «cette pauvre chose». Il a voyagé à pied pour le rencontrer sur l’île et là, ils ont passé sept jours ensemble à parler et à prier. En partant, Moulay Bouchaïb a recommandé à la population locale de subvenir aux besoins de Sidi Abderrahmane. Ils lui ont construit une petite maison dans laquelle il a refusé d’habiter. Il a préféré passer la nuit à la belle étoile avec un Majmar (poêle en terre cuite) pour se réchauffer, d’où son surnom de Sidi Abderrahmane El Majmar.

La maison servait d’hébergement aux visiteurs venus l’écouter et demander sa bénédiction. Il mourut relativement jeune et fut enterré dans une pièce de la célèbre maison dans laquelle il n’avait jamais voulu vivre. Un dôme surmonté d’une boule de bronze fut ajouté à sa dernière demeure. Un tabout en bois (balustrade recouvrant un tombeau) surmonté d’un portail en fer forgé entourait son tombeau. L’endroit où il priait et dormait est devenu une kheloua (retraite) où les gens viennent dormir avec l’espoir de voir le Saint en rêve.

Selon Mustapha Akhmiss, outre le tombeau de Sidi Abderrahmane, il existe un deuxième tombeau où est enterrée une femme qui est une esclave venue se réfugier sur l’île, fervente admiratrice du marabout. “Elle l’a assisté jusqu’à sa mort puis a veillé sur sa tombe jusqu’à sa propre mort.», note-t-il.

 
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