« Être commerçante dans le quartier est très difficile en tant que femme »

« Être commerçante dans le quartier est très difficile en tant que femme »
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Ici, les migrants campent chaque jour sur les trottoirs en attendant un hypothétique engagement au marché noir pour la journée. Le centre Fedasil du Petit Château n’est qu’à quelques centaines de mètres. A deux pas se trouve la station de métro Yser, en proie au trafic de drogue.

Au restaurant étoilé « Barge », on se sent « chez soi » dans le quartier de l’Yser, mais on s’inquiète de la consommation de drogue dans la rue

Les habitants du quartier souffrent d’un sentiment d’insécurité croissant, mais aussi parfois d’une insécurité bien réelle.

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Quand je défie le voleur, je suis insulté, menacé… Mon frère a été agressé. La police met parfois une heure ou deux pour arriver… Alors je récupère juste ce qui a été volé… Parfois, je me sens plus policier que commerçant.

»Être commerçante dans ce quartier est très difficile en tant que femme », souligne Nadia Lopez, gérante de Proxy Delhaize, square Sainctelette. “Dès le matin, un grand nombre de personnes se garent dans la rue, attendant de monter dans une voiture pour se rendre au travail au noir. Il y a aussi beaucoup de problèmes avec le métro Yser, car les toxicomanes qui dorment dans la station viennent au magasin. Nous sommes confrontés à de nombreux vols. Quand j’arrête le voleur, je suis insulté et menacé… La police met parfois une heure ou deux à arriver… Alors je me contente de récupérer ce qui a été volé… Parfois, je me sens plus policier que commerçant.»

Nadia Lopez, gérante du Proxy Delhaize Sainctelette. ©Adrien de Marneffe

Elle continue.

« La plupart des femmes qui travaillaient ici m’ont dit : Je ne viens plus parce que c’est trop risqué. Il ne m’en reste qu’un, et il devient tout petit quand il arrive… ».

Les associations de quartier se sont mobilisées début 2023 pour dénoncer les violences qui gangrènent les trottoirs du quartier. “L’intensité de l’insécurité n’est pas encore ici la même qu’à la Gare du Nord ou du Midi, mais on assiste à une dégradation, surtout depuis début 2023», souligne Eric Vandenzande, président du comité de quartier de l’Yser.

Eric Vandenzande, président du comité de quartier de l’Yser. ©Adrien de Marneffe

Selon lui, la tendance négative s’explique par l’afflux de crack et l’augmentation de l’extrême pauvreté dans les rues depuis le Covid.

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En juin, un toxicomane a été surpris en train d’uriner dans le couloir de mon immeuble. Un couple gay a eu le malheur de lui faire un commentaire. Ils ont été violemment attaqués, jusqu’à l’effusion de sang. Cela a été un déclic pour moi.“

Chaque jour, il y a des gens sur nos trottoirs à la recherche de travail au noir. L’après-midi venu, ils consomment de l’alcool. Les dealers de crack arrivent. L’ambiance sur les trottoirs se dégrade. Ils commencent à se battre, à crier, à embêter les passants… », renchérit Eric Vandenzande, qui liste les maux du quartier. « Dans mon immeuble, les parents ne permettent plus à leurs adolescents de prendre le métro. Il est inacceptable que nous soyons obligés de vivre dans une telle situation ! Ici, les gays marchent main dans la main, ce n’est pas possible. Nous avons immédiatement des commentaires. Un voisin qui marche à l’aide d’une canne s’énerve souvent. En juin, un toxicomane a été surpris en train d’uriner dans le couloir de mon immeuble. Un couple gay a eu le malheur de lui faire un commentaire. Ils ont été violemment attaqués, jusqu’à l’effusion de sang. Ce fut un déclic pour moi.

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« Les clients ont peur »

Et pourtant, le quartier a du potentiel. “Nous voulons faire quelque chose de bien ici. Mais la situation générale n’arrange pas les choses… Une galerie d’art vient d’ouvrir, d’autres envisagent de le faire. Mais lorsque les clients arrivent dans le quartier, ils font parfois demi-tour. Parce qu’ils ont peur », souligne Bernard Pollet, qui dirige une agence de communication dans l’Yser.

Les représentants du quartier ont contacté les autorités. Ils ont rencontré Rudi Vervoort (PS). Le ministre-président bruxellois, lors d’une réunion, leur a présenté la stratégie régionale qui prévoit notamment une mise en œuvre dans les différentes « zones de déploiement prioritaires » (ou « hotspots »).

»C’est une bonne mesure, mais elle est insuffisante et trop tard. Il nous faut un plan global, pour l’ensemble de la région, et pas seulement pour une quinzaine de territoires. Un plan qui comprend de la répression, davantage de policiers et un volet social pour expulser les sans-abri des parcs et des métros. Donnons-leur un lit quelque part !», poursuit Eric Vandenzande.

Les habitants interrogés font un constat commun. Les patrouilles de police, renforcées ces dernières semaines, ont amélioré la situation dans le quartier. Mais leur présence est encore jugée insuffisante.

« Nous sommes en état de guerre »

“Malheureusement, Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles, dit ne pas en avoir les moyens… Mais nous sommes en état de guerre, il faut intervenir partout, et si la violence bouge, il faut déplacer aussi la police”, souligne le chef du groupe MR à la Ville de Bruxelles, David Weytsman, qui réclame «la présence de davantage de patrouilles, mais aussi de commissariats mobiles (Koban), qui assurent une présence physique.»

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David Weytsman soutient également que «les pouvoirs publics ont le courage de placer certains toxicomanes en état d’errance sous observation forcée (NDLR : procédure qui impose un traitement médical aux malades mentaux).

« Quant à l’observation forcée, nous la pratiquons déjà » souligne le porte-parole de Philippe Close (PS), bourgmestre de Bruxelles. «Nous accordons une attention particulière au quartier de l’Yser, et à la station de métro où se concentre le sentiment d’insécurité. La situation est vraiment suivie, avec les comités de quartier. Nous avons également renforcé la présence policière dans le quartier depuis plusieurs semaines, mais la police ne peut pas être présente 24 heures sur 24. »

 
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