Une truie (sanglier femelle) a récemment quitté le continent pour trouver refuge sur l’île de Groix, dans le Morbihan. Un nouveau cas de sangliers nageurs, après ceux de Houat et de Belle-Île, treize ans plus tôt. Éléments de réponse.
Cette truie (la femelle du sanglier), qui a fait une traversée de près de dix kilomètres, du continent à l’île de Groix à la nage, toutes pattes dehors, et a mis bas à son arrivée, n’aura pas profité du paysage gris depuis un long moment. La mère et ses trois cochons ont été abattus lundi 25 mars 2024, deux à trois semaines après leur arrivée, sur une île du Morbihan soucieuse de ne pas assister à la multiplication de l’animal.
“Je pense qu’il fallait le faire, estime un habitant de Groix. On n’a pas vraiment le choix sur une île, s’ils se reproduisent, c’est exponentiel. Ils font beaucoup trop de dégâts. »
Au-delà d’une présence qui peut diviser les uns des autres, comment expliquer cette nécessité de quitter le continent pour rejoindre une île située au large ? Ce cas récent de sanglier nageant n’est pas nouveau. En 2011, deux sangliers venus du continent à la nage et débarquaient sur les plages des îles de Houat et de Belle-Île (Morbihan). Alors comment expliquer ce phénomène migratoire ?
Lire aussi : Quand un sanglier fait une virée en pleine mer au large des côtes de l’Hérault
Marathonien des mers
Un nouveau cas qui ne surprend nullement Bertrand Taupin, vétérinaire établi à Languidic. En 2011, il expliquait dans nos colonnes, « Sur terre, le sanglier est une véritable bête de course, capable de parcourir au moins 30 km en une nuit. Il nage très bien et est extrêmement résistant à l’hypothermie en raison de son potentiel gras. »
S’il ne panique pas et ne se laisse pas emporter par un courant, il peut nager du continent jusqu’aux îles, “24 heures de natation ne lui font pas peur.” Un authentique marathonien des mers.
Lire aussi : Un troupeau de sangliers nage dans la baie du Mont-Saint-Michel
Des individus rejetés ?
Mais pourquoi l’animal se jette-t-il ainsi à l’eau ? « La résurgence du sanglier en Bretagne entraîne parfois des exclusions d’individus des troupeaux. Rejetés, certains se jettent à l’eau. Leur comportement exploratoire, voire de colonisation, de repeuplement instinctif, peut faire le reste. Mais tout, met le vétérinaire en perspective, ne survivent pas à de telles traversées. Si leur masse est trop importante, ils s’épuisent et se noient. »
Quant à leur présence durable sur une île, Bertrand Taupin ne l’imagine pas. « Il vaut mieux que le sanglier ne s’accouple pas. Outre les dégâts causés par ces animaux qui n’ont pas de prédateurs, c’est aussi une question de tranquillité pour les populations insulaires. On a déjà vu ça en Corse, leur présence peut être infernale… » Bref, un museau de salut pour le sanglier nageur…
