un parcours désastreux pourtant « attendu » par les trois motoneigistes décédés

Les trois passionnés de motoneige qui ont perdu la vie mardi dans les Chic-Chocs ont péri dans le plus grave accident survenu au Québec depuis 25 ans, dans une région connue pour avoir « les ingrédients » favorisant les avalanches.

• Lire aussi : L’identité des trois motoneigistes décédés suite à une avalanche à Sainte-Anne-des-Monts est maintenant connue

Joël Crête, 35 ans, Nicolas Vanasse, 30 ans, et Bryan Forgues Morissette, 33 ans, sont décédés dans la région du Mont Médaille, en Haute-Gaspésie.

Ces trois amis sont morts dans une avalanche en Gaspésie le mardi 26 mars 2024. De gauche à droite : Nicolas Vanasse, 30 ans, de Coaticook, Joël Crête, 35 ans, de Coaticook et Bryan Morissette, 33 ans de Saint- Denis-de-Brompton. Montage photo Le Journal à partir de photos prises sur Facebook

Montage photo Le Journal à partir de photos prises sur Facebook

Les passionnés de motoneige étaient tous les trois originaires de l’Estrie. Un quatrième membre du groupe a survécu aux chutes de neige.

“Je n’ai pas de mots pour expliquer le soulagement de revoir mon compagnon, mais dépassé par la tristesse que vivent les trois autres familles”, a écrit le conjoint du survivant sur Facebook.

Selon elle, il s’agissait d’une sortie en motoneige « très attendue » par les quatre amis. “De vrais enfants de les voir si heureux de quitter notre maison dimanche.”

Guide de motoneige dans les Chic-Chocs depuis près de 10 ans, Jack Verrecchia a été appelé sur les lieux du drame pour participer aux recherches.

« Tout le monde sait que ce n’est pas le meilleur endroit pour voyager », explique le guide qui a rencontré le seul survivant présent sur les lieux.

Selon M. Verrecchia, un des motoneigistes filmait ses amis, « l’un d’eux s’est déplacé en hauteur et cela a provoqué l’avalanche qui a enseveli les autres plus bas ». «Ils n’avaient pas de guide, ils n’ont pas suivi leur cours d’avalanche, ils ont fait des erreurs», dit-il.

Dans ces circonstances, les victimes n’ont que 10 à 15 minutes pour survivre sous la neige. « Le poids de la neige les a probablement tués sur le coup », précise le guide.

Zone sujette aux avalanches

«C’est définitivement un secteur, dans son ensemble, qui est propice aux avalanches», explique le directeur général d’Avalanche Québec, Dominic Boucher, en entrevue avec Le journal.

Il cite la toponymie de la région, la quantité de neige qui y tombe annuellement et la population qui y pratique des activités hivernales comme le « triangle de risque » face à cette catastrophe naturelle.

Les Chic-Chocs, en Haute-Gaspésie, peuvent être le théâtre d’avalanches parfois mortelles.

Photo tirée du site de la Sépaq

Les trois « ingrédients » sont interdépendants : une montagne escarpée sans neige ne sera pas un problème, tout comme beaucoup de neige sur une montagne escarpée, mais sans visiteurs.


Dominic Boucher est directeur général d’Avalanche Québec.

Capture d’écran du site d’Avalanche Québec

Avalanche Québec recense sur son site près de 40 accidents depuis 1999. De ce nombre, 24 sont situés en Gaspésie.

Avant celui de mardi, le dernier décès dans les Chic-Chocs remontait à février 2019. «C’est la première fois en 25 ans qu’on a un accident aussi dramatique», ajoute Dominic Boucher, en faisant référence aux trois motoneigistes morts.

M. Boucher précise qu’il est encore trop tôt pour déterminer les circonstances entourant le décès des trois Estriens.

Le changement climatique, moteur des avalanches

Le directeur général d’Avalanche Québec souligne également que «la communauté scientifique est d’avis que les changements climatiques favoriseront les variations de la stabilité du manteau neigeux».

Il faudra également surveiller l’augmentation de la fréquence des événements extrêmes comme les tempêtes de neige et les vents violents, tout comme « l’alternance du chaud et du froid ».

«Quand on a de la pluie à la mi-janvier suivie d’un regel, ça crée une plaque glissante pour les avalanches», illustre Dominic Boucher.

A l’autre extrême, le réchauffement de certaines régions réduit les quantités de neige et limite les risques d’avalanches.

– Avec la collaboration de Nicolas St-Pierre

Une avalanche de catégorie 2,5

  • Sur sa page Facebook, l’organisme Avalanche Québec, qui recense ce type d’incident, précise que l’avalanche de mardi était de catégorie 2,5 sur 5.
  • “L’accident d’avalanche s’est produit dans une vallée d’écoulement (dépression) sur les plateaux de la vallée de La Martre”, ajoute-t-on.
  • Une avalanche de catégorie 2 peut enterrer, blesser ou même tuer une personne, tandis qu’une avalanche de catégorie 3 peut enterrer ou détruire une voiture, endommager un camion ou détruire une maison à ossature bois.
  • L’avalanche s’est produite sur le mont Médaille, à un peu plus de vingt kilomètres au sud-est de Sainte-Anne-des-Monts, en Haute-Gaspésie.
  • D’une altitude d’environ 800 mètres, il se situe à l’extérieur du parc national de la Gaspésie et de la réserve faunique des Chic-Chocs, administrés par la Sépaq.

Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?

Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les cinq derniers mois ont été parmi les plus humides depuis au moins 64 ans dans les Ardennes
NEXT Les murmures de lundi : les adieux prodigieux d’Eric Frechon au Bristol, Benjamin Collombat au Château de Courcelles, les Gautier et leur Auberge de la Give, les nouveaux Relais & Châteaux de Drisco à Tel Aviv et l’ascension de Tomer Tal, les débuts de Philippe Mille nouvelle façon