« Une campagne identitaire a lieu à Bruxelles et un parti se porte clairement bien »

« Une campagne identitaire a lieu à Bruxelles et un parti se porte clairement bien »
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Le PTB cNous estimons que les personnes disposant d’un patrimoine d’au moins 5 millions d’euros et d’au plus 1 million devraient désormais être imposées à 2 %.. Écologique et le PS aller encore plus loin que le parti de Raoul Hedebouw. L’extrême gauche cherche-t-elle à adoucir son discours à l’approche des élections ?

Oui, mais c’est avant tout une question de perception. Si vous regardez de plus près, je ne suis pas sûr que le résultat final soit différent. Les calculs devraient être effectués en fonction de la proposition de chaque parti. Le PTB a expliqué qu’il changeait de position pour suivre l’inflation et s’adapter aux inégalités qui se sont creusées depuis la crise du Covid. Il y a plus de millionnaires et même de milliardaires en Belgique. Mais il est clair que, du point de vue de la perception, on a l’impression que le PTB est actuellement le parti de gauche le plus flexible envers les super riches. C’est un peu bizarre.

Que penser de l’approche des écologistes et des socialistes concernant la taxe des millionnaires, qui est historiquement une mesure phare de l’extrême gauche ?

Tout le monde à gauche a la même idée. Cela pose toutefois un problème du point de vue flamand. Certains partis de droite du nord du pays ont l’impression que la gauche veut taxer les Flamands, qui comptent le plus grand nombre de riches du pays. Ils estiment que c’est surtout le nord du pays qui paiera un impôt pour permettre aux moins fortunés, plus nombreux côté wallon, de poursuivre leur mode de vie actuel. Et ce ne serait pas une première, selon eux.

Cette campagne ne creuse-t-elle pas le fossé entre le Nord et le Sud du pays ?

Nous vivons dans « deux pays différents ». Avec une opinion publique et des propositions de partis complètement différentes. Du côté francophone, l’échiquier politique est majoritairement à gauche, tandis que, du côté néerlandophone, l’offre est plus large avec une aile à droite assez prononcée. Il est donc tout à fait logique qu’un débat comme celui sur l’impôt des millionnaires se déroule principalement dans le sud du pays, puisque les partis de gauche flamands ont moins de poids.

Si l’on compare les débats entre les présidents des deux partis, la différence entre les deux campagnes est frappante. Du côté francophone, on n’a pas parlé de budget, mais plutôt de la manière d’augmenter les allocations, du Smic, etc. Personne ne s’est posé la question de savoir comment on allait financer ces mesures. Du côté flamand, on se demande plutôt qui va payer le déficit budgétaire. On parle d’austérité, d’économies d’argent, etc.

Cela illustre-t-il – une fois de plus – à quel point il sera compliqué pour les partis francophones et flamands de s’entendre pour former une coalition à l’issue du scrutin ?

Évidemment. C’est sur ce constat que se base la N-VA pour affirmer qu’il est devenu impossible de former à nouveau un gouvernement. Les nationalistes proposent donc de conclure l’accord historique avec le PS, pour réformer le pays.

UN accord entre la N-VA et le PS est-ce encore possible, malgré le virage à gauche pris par le Parti Socialiste dans sa campagne ?

Il ne s’agit pas d’un accord pour gouverner, mais plutôt pour se séparer. Les nationalistes se moquent de voir le PS virer à gauche. Il y a cependant un problème avec les chiffres. La N-VA se retrouve sous la barre des 20% en Flandre. Le PS flirte avec les 21% dans le dernier sondage. Les deux partis politiques sont confrontés au même problème : ils étaient autrefois le parti dominant de leur côté du pays et il y en a désormais d’autres. Même s’ils se réunissent, cela ne suffira jamais à conclure un accord. Il va falloir trouver un tas d’autres partis. Tout le monde acceptera-t-il d’abord de gouverner, puis conclura-t-il un accord historique pour se séparer ? À mon avis, c’est actuellement très difficile, voire impossible.

D’où vient cette mauvaise forme du PS ? dans les sondages ?

Pour Bruxelles, ce qui se passe à l’étranger influence pour la première fois les élections. Je pense plus particulièrement au conflit à Gaza. Nous sommes donc en train de mener une campagne identitaire à Bruxelles. Et un parti qui s’est concentré sur le côté anti-israélien et sur le soutien à la Palestine s’en sort bien : le PTB. Mais le MR se rebelle, on le voit de sondage en sondage, il faut donc apporter quelques nuances à cette analyse.

Les socialistes flamands sont également en déclin, selon les derniers chiffres. Est-ce uniquement lié à départ de Conner Rousseau ?

Oui. Conner Rousseau avait du charisme et donnait de l’espoir à l’électeur. Comme Guy Verhoofstad ou Yves Leterme en leur temps, ou encore Bart De Wever plus récemment. On disait qu’avec lui, tout pouvait changer. Le fait de le perdre et ses propos racistes qui l’ont poussé à démissionner ont joué un rôle très important dans les résultats actuels du Vooruit. La perte est très prononcée.

Et Conner Rousseau ne donne pas l’impression de vouloir revenir sur la scène politique…

C’est la question à un million de dollars. Reviendra-t-il ou pas ? Et surtout, serait-ce positif pour le parti ? Si Conner Rousseau revient, tous les journalistes l’interrogeront. Il sera présent dans tous les médias. Mais il ne s’agit pas de parler du socialisme, mais plutôt de ce qu’il a fait. De plus, le Vooruit tente d’installer sa nouvelle présidente, Melissa Depraetere, donc ramener Conner Rousseau diviserait l’attention avec deux messages complètement différents. Je ne sais pas si c’est la bonne solution pour eux. Je crains que ce soit perdu pour le Vooruit.

La N-VA est distancée par le Vlaams Belang. La fête est-elle en train de perdre de sa superbe en Flandre ?

Oui, mais la N-VA perd depuis des années du poids, de l’apparence et des possibilités d’influence politique. C’est peut-être moins perceptible du côté francophone mais, dans le nord du pays, on voit très clairement ce qui se passe avec le parti de Bart De Wever. Lors des élections de 2019, la N-VA était le parti leader en Flandre. Mais dès le premier sondage après 2019, le Vlaams Belang a pris la tête des intentions de vote. Depuis, le parti de Tom Van Grieken n’a pas cédé la première place.

Toutefois, le président de la N-VA Bart De Wever reste très populaire en Flandre…

Mais c’est la différence entre un parti et un homme politique. Bart De Wever est dominant. C’est dans sa personnalité. Il peut mener un débat comme personne. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde vote pour son parti.

La stratégie de Bart De Wever, qui a porté le parti au sommet, est-elle à bout de souffle ? A-t-il commis une erreur en ne travaillant pas assez pour sa succession ?

Oui, mais d’un autre côté, tout le monde dit que c’est indispensable. S’il n’était pas là, le parti serait déjà divisé, avant même le pays. C’est lui qui fédère les différentes fractions au sein de la N-VA. Alors oui, il a fait une erreur puisqu’il aurait dû lui trouver un successeur. Mais d’un autre côté, qui pourrait remplir ce rôle ? De Wever en a tiré la conclusion qu’il était indispensable au parti et qu’il valait mieux pour la N-VA qu’il reste. C’est un peu la quadrature du cercle.

En tentant de s’implanter en WallonieLe parti de Bart De Wever ne s’éparpille-t-il pas trop ?

Son objectif est de briser Vivaldi. Cependant, s’il parvient à prendre quelques voix au MR, son objectif est réussi puisque les libéraux font partie de Vivaldi. Et puis, si son objectif est d’agacer le président du MR, son coup de force est réussi au vu de la réaction de Georges-Louis Bouchez.

Bart De Wever, Drieu Godefridi et Theo Francken, lors de la présentation de la tête de liste N-VA dans le Brabant wallon ©Philip Reynaers

LE révélations concernant Filip DewinterPersonnalité phare du Vlaams Belang, sont-ils capables d’affaiblir le parti largement en tête jusqu’à présent ?

Non. Pour l’électeur du Vlaams Belang, cela ne change rien. C’est un combat politique, entre les élites, les médias… Le Vlaams Belang est un parti qui aime les attaques. Cela les place dans la position de victime d’une certaine élite. Les révélations sur Dewinter pourraient cependant avoir un impact au sein du parti. Tom Van Grieken est un président très prudent. Il a sa stratégie et essaie d’avancer. Il essaie d’écarter les personnes qui ne sont pas utiles pour atteindre ses objectifs. Mais petit à petit. On l’a vu avec Dries Van Langengove, Steven Creyelman et Frank Creyelman. C’est ce qui va probablement arriver à Filip Dewinter. Mais il ne faut pas oublier que l’homme remporte encore 100.000 voix à Anvers. Ce n’est pas facile pour Tom Van Grieken de se séparer subitement de quelqu’un qui lui rapporte encore beaucoup de voix.

LE saut des Engagés qui est passé de 10,7% en 2019 à 16,8% des intentions de vote en Wallonie est frappant. Comment expliquer un tel regain d’intérêt pour ce parti qu’on annonçait quasiment mort ?

Depuis l’opposition, le parti a renouvelé non seulement son message, mais aussi son équipage. Maxime Prévot a donné de nouveaux accents au parti, trouvé de nouvelles personnalités issues principalement de la société civile. Cela semble plaire à l’électeur. Et peut-être qu’après tout ce qu’on a vécu avec les Vivaldi, on apprécie quelqu’un qui ne fait pas trop de bruit avec une politique assez calme, voire ennuyeuse. On retrouve les mêmes éléments du côté néerlandophone avec le CD&V, même si ce n’est clairement pas le même succès.

 
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