un député défend les arrêts maladie pour règles douloureuses

un député défend les arrêts maladie pour règles douloureuses
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Sébastien Peytavie présente en commission ce 27 mars un projet de loi qui prévoit le droit à 13 jours de repos par an aux femmes souffrant de « règles invalidantes », pour mieux aménager les bureaux et proposer davantage de télétravail pendant les règles. Entretien.

Créer des arrêts maladie pour périodes invalidantes, par exemple en cas d’endométriose : c’est ce que propose le député écologiste de Dordogne Sébastien Peytavie, co-auteur, avec sa collègue Marie-Charlotte Garin, élue dans le Rhône, d’un projet de loi présenté ce Mercredi 27 mars en commission à l’Assemblée, avant son débat en séance le 4 avril.

Pour attirer l’attention, les deux députés ont fait tester à plusieurs collègues, de tous bords politiques, un simulateur de douleurs menstruelles. Tout le monde est unanime : on imagine mal travailler avec de tels symptômes. Comment alors refuser un peu de flexibilité aux femmes ?, s’interroge Sébastien Peytavie. Entretien.

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Madame Figaro. – Quelles mesures concrètes proposez-vous ?

Sébastien Peytavie. – Le texte concerne, au sens large, la santé menstruelle et gynécologique au travail. Ses quatre articles visent à aménager le poste de travail, avec des toilettes propres, un lavabo privatif et une salle de repos par exemple, mais aussi à rendre possible le télétravail si nécessaire. On a vu, avec la pandémie de Covid-19, combien le télétravail a trouvé sa place. Pour les femmes souffrant de règles invalidantes, il peut être plus confortable de travailler à la maison, allongées et dans des vêtements confortables, avec une bouillotte à portée de main. Mais certaines femmes, notamment les plus précaires, comme les caissières ou les infirmières, n’y ont pas accès. Pour elles, l’arrêt menstruel que nous défendons prend tout son sens.

Quelles seraient ses caractéristiques ?

Nous proposons 13 jours par an, un par cycle, remboursés à 100% par la Sécurité Sociale, sans jours de carence, que chacun peut prendre comme bon lui semble – deux jours en février, trois en mars, aucun en avril… L’idée n’est pas de faire n’importe quoi. automatique, mais d’être flexible pour s’adapter aux besoins. Pour éviter aux femmes de devoir consulter leur médecin tous les mois, ces 13 jours leur seraient ouverts sur la base d’un arrêt maladie valable un an, qui attesterait de symptômes invalidants. Cet arrêt serait rendu par des médecins généralistes, spécialistes, sages-femmes et médecins du travail. Il nous a semblé essentiel de l’impliquer dans ces questions.

De nombreuses voix craignent une atteinte au secret médical et davantage de discrimination à l’égard des femmes…

On entend effectivement des alertes, notamment de la part des associations féministes. Mais aujourd’hui, dans le secteur privé, un quart des femmes atteintes d’endométriose quittent un emploi rémunéré, faute de pouvoir garantir leur présence. Une autre partie travaille à temps partiel, tandis que certaines prennent des arrêts maladie pendant leurs règles, mais subissent donc une sanction financière. Dans la fonction publique, les collectivités qui offrent des congés aux femmes utilisent une autorisation de congé spécial, l’ASA. Il s’agit d’en informer votre employeur, qui ne garantit pas le secret médical. D’où l’idée des arrêts maladie, qui protègent mieux les travailleurs. Bien entendu, un manager ou un RH peut toujours faire des hypothèses en notant les absences tous les 28 jours, mais ce ne seront que des hypothèses.

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Votre texte parle de « déviriliser le monde du travail ». Ce est-à-dire ?

Elle a été construite par et pour les hommes, et plutôt pour des jeunes hommes en bonne santé. D’où une perception de la performance comme quelque chose de linéaire et de constant. Les seniors, les personnes handicapées, les femmes quelques jours par mois, comme tous ceux qui ne peuvent atteindre ce niveau de performance, se retrouvent exclus. Il est demandé aux salariés de s’adapter au monde du travail, mais jamais l’inverse. Cependant, c’est nécessaire. Regardons comment fonctionne le cycle menstruel : il provoque un pic d’énergie avant les règles, une baisse pendant et une augmentation après… Tout comme lors d’une grossesse. Nous pouvons clairement voir que les performances fluctuent. Mais cela peut ajouter beaucoup à la dynamique de travail ! Le système que nous défendons introduit de la flexibilité et demande à l’entreprise d’aborder différemment la santé menstruelle et gynécologique. Et finalement, pour remettre en question l’idée que l’on se fait de la performance. Les entreprises qui proposent déjà un tel système, comme L’Oréal ou Carrefour, le disent : cela n’entraîne aucune réduction de productivité.

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Un texte similaire défendu par des sénateurs socialistes avait été rejeté en février dernier. Pourquoi le vôtre aurait-il plus de chances d’être adopté ?

D’abord parce qu’on ne le porte pas dans la même pièce, ensuite parce que son spectre plus large englobe la santé gynécologique et menstruelle. L’idée d’un simple arrêt est controversée et soulève d’intéressantes questions d’égalité. Faut-il avoir une parfaite égalité de traitement ? Le même système commun à tous ? L’arrêt des règles douloureuses ne compense-t-il pas des inégalités de fait et naturelles ? Nous n’avons jamais vraiment abordé ces questions. Mais le débat n’a de sens que si l’on permet à tous ceux qui travaillent dans les entreprises de changer de regard. Ce que le texte débattu au Sénat ne permettait pas. Enfin, après l’inscription de l’avortement dans la Constitution à Versailles, l’adoption de notre texte enverrait un message fort.

 
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