En Guyane, Emmanuel Macron ouvre la porte à l’autonomie régionale

En Guyane, Emmanuel Macron ouvre la porte à l’autonomie régionale
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C’est l’éléphant au milieu du couloir qu’Emmanuel Macron a essayé de ne pas voir, ou du moins le moins possible. La visite présidentielle en Guyane qui s’est déroulée les 25 et 26 mars a porté sur l’orpaillage illégal, l’industrie de la pêche, l’agriculture ou encore l’espace. Mais c’est la question de l’évolution statutaire du territoire qu’avaient en tête tous les élus locaux et une grande partie de la population, tant l’encre a coulé sur le sujet ces derniers mois.

Le sujet a finalement été abordé lundi soir, entre autres sujets comme l’insécurité ou l’aménagement du territoire, lors d’un dîner à la résidence préfectorale. Parmi les invités, Gabriel Serville, président de la collectivité locale de Guyane, Georges Patient, sénateur de Guyane, et 16 élus locaux. La presse n’a pas été invitée.

Si le format a été très critiqué – et même écarté par les deux députés de gauche guyanais – pour son aspect fourre-tout et son manque de transparence, le dîner a permis d’avancer sur quelques points. A la fin d’un échange ” riche ” et à ” coeur ouvert “qui a duré près de trois heures selon un participant, l’Élysée a reconnu les spécificités guyanaises et a constaté que le territoire arrivait “En fin de cycle” et a annoncé un programme de travail.

Révision constitutionnelle

Les élus ont désormais quatre mois pour distinguer les mesures pouvant être appliquées dans le cadre de l’article 73 de la Constitution, qui permet une adaptation normative dans les départements et régions d’outre-mer, de celles nécessitant une révision constitutionnelle.

Pour ce faire, ils seront accompagnés – ou contrôlés, selon votre point de vue – par deux experts nommés en décembre par l’Élysée et travaillant avec les territoires d’outre-mer engagés dans un processus d’évolution statutaire. « Ce n’est pas une panacée, mais c’est la méthode qui nous est proposée. Nous, maires, restons disponibles pour avancer dans ce cadre », réagit Michel-Ange Jérémie, président de l’Association des Maires de Guyane.

L’idée d’un « statut particulier » pour la Guyane au sein de la République est loin d’être nouvelle. C’était déjà le projet porté en 1959 par le député Justin Catayée. Depuis, le processus est resté latent, jusqu’à sa relance suite à la mobilisation de 2017 et son inscription dans les accords de Guyane.

Au terme de trois congrès d’élus et de 25 réunions du comité de pilotage – réunissant élus, société civile et peuples autochtones – les représentants guyanais se sont accordés en mai 2023 sur un modèle politique dessinant les grandes lignes de la future communauté. Il permettrait de récupérer de nombreuses compétences, notamment l’aménagement du territoire, l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles, les transports et l’agriculture.

D’autres seraient partagés, comme l’immigration, l’enseignement non primaire ou encore la coopération régionale. Un projet « 95 % terminé » qui attendait seulement “la réponse claire de l’Etat”, se souvient Michel-Ange Jérémie. Seuls le sujet coutumier – la représentation des peuples autochtones dans la future institution – et certaines questions de fiscalité restent encore à trancher.

Le cas corse en toile de fond

Ces derniers mois, de nombreux élus guyanais n’ont pas compris les atermoiements de l’Élysée. D’autant que le dossier corse, aux enjeux similaires, a connu des avancées significatives, conduisant le 12 mars à “un projet d’écriture constitutionnelle” avec, pour conséquence, un statut d’autonomie. Quelques jours plus tôt, Gabriel Serville s’était emporté et avait même menacé de boycotter la visite présidentielle si la Guyane n’obtenait pas des garanties aussi fortes que celles promises à la Corse.

De telles garanties n’ont été obtenues ni avant ni après la visite d’Emmanuel Macron, une révision constitutionnelle étant exclue à ce stade. Le bref séjour du président a cependant eu le mérite de fixer un délai au terme duquel l’Etat devra formuler des propositions concrètes.

 
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