l’essentiel
Le sénateur du Lot-et-Garonne Michel Masset dépose une proposition de loi contre l’ennemi numéro un des abeilles. Son texte invite l’Etat à mettre la main à la poche pour la destruction des nids.
Vingt ans après son arrivée accidentelle dans le Lot-et-Garonne en provenance de Chine, le frelon asiatique a conquis la France entière. L’insecte noir et orange, avec sa spirale menaçante, est même devenu un fléau pour les apiculteurs. Vespa velutina nigrithorax décime les ruches et les abeilles, et stresse donc les producteurs de miel. Le frelon asiatique est également dangereux, particulièrement agressif lorsqu’il sent son nid menacé. Il est vrai que ces énormes bonbonnes brunâtres accrochées aux branches suscitent des envies de destruction, mais celui qui les touche se fait piquer…
Des morsures qui peuvent être mortelles
Le frelon asiatique constitue donc un problème sérieux, mais aucune mesure réglementaire n’a encore été prise pour limiter ses dégâts. L’insecte a colonisé la France depuis le Lot-et-Garonne, et c’est de ce territoire que viendra pourtant la réponse. « En tant qu’élu du Lot-et-Garonnais, explique le sénateur RDSE Michel Masset, je suis évidemment sensible aux enjeux agricoles. J’ai cependant été informé par le syndicat des apiculteurs Abeille Gasconne des ravages causés par le frelon sur les ruches. Asiatique. Ce fléau touche tous les départements, et nous avons consulté au Sénat pour déposer un projet de loi structurant la lutte contre cette espèce envahissante et permettant d’indemniser les apiculteurs. Le texte a été rédigé par le sénateur du Lot-et-Garonne, le symbole est là, et sera discuté dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg le 11 avril.
Michel Masset souligne les enjeux. « La santé d’abord, car le frelon asiatique constitue un réel danger pour les populations lorsque les nids sont proches des habitations ou des écoles. Ils attaquent en groupe s’ils se sentent menacés, et il y a eu des morts [NDLR : par exemple l’été dernier en Normandie]. L’enjeu est également environnemental et agricole, car les frelons asiatiques tuent les abeilles pour nourrir leurs larves. Ils peuvent décimer entièrement plusieurs ruches. Moins d’abeilles, c’est moins de miel pour les apiculteurs, mais aussi une baisse de la pollinisation, ce qui profite essentiellement à la biodiversité et à l’agriculture.» D’où un troisième enjeu, économique, puisque selon le parlementaire la perte de chiffre d’affaires pour le secteur apicole est estimée à 12 millions d’euros par an.
L’État doit mettre la main à la poche
Comment une loi peut-elle freiner l’esprit de conquête et l’appétit féroce de ces maudits frelons ? « Il ne s’agit pas d’éradiquer l’espèce. La proposition de loi vise à endiguer sa prolifération, d’où une obligation de déclarer les nids à la mairie. Les préfectures seront ainsi informées et le cas échéant le préfet pourra les détruire.
Par ailleurs, l’État doit prendre en charge une partie du coût de la lutte, car certains départements sont plus touchés que d’autres. Dans certaines zones, les communautés participent au financement de la destruction des nids, mais pas dans d’autres départements. Il y a des inégalités entre les citoyens, il faut y remédier. Enfin, ajoute Michel Masset, les apiculteurs doivent pouvoir recevoir une compensation si leurs ruches sont décimées. Les dégâts causés par les loups, les ours, les tempêtes, la sécheresse, etc. sont désormais couverts. Le but est ici d’ouvrir un droit aux victimes de cette espèce exotique plus que gênante.
Comble du malheur : les méfaits du frelon asiatique accentuent les difficultés des apiculteurs, alors que le marché français est inondé de… miel chinois. Comme une double punition pour nos petites abeilles.