garnaque à la rosse à Arnac-la-Poste (Haute-Vienne). Laëtitia Caillaud n’avait qu’un rêve, depuis toute petite : parcourir les routes du nord Limousin et du bas Berry à bord d’une épicerie ambulante. Transformé en camion à pizza, son projet a viré au cauchemar. Criblé de défauts, son food truck, acheté auprès d’une entreprise de revente de véhicules d’occasion basée dans l’Oise, est condamné à s’arrêter dans son jardin.
Experts en assurances, conseillers juridiques, commissaires de justice travaillent depuis six mois sur le cas de ce bateau dangereux sur la route, mais aussi impuissant à cuire correctement les pizzas – le comble ! De sérieux doutes sur la réalité du kilométrage affiché par le véhicule ont conduit le tribunal de commerce de Beauvais à demander son immobilisation, dans l’attente d’une énième expertise.
La désillusion est grande pour Laëtitia Caillaud, 48 ans, ancienne comptable engagée dans une démarche de reconversion. Son changement professionnel remonte à 2021. Lassée de parcourir les bilans et les soldes de fonctionnement au sein d’un cabinet comptable à Guéret, elle décide de quitter son emploi. Là “crise de la quarantaine” a éveillé son désir le plus profond : « Apporter un service aux villages sans commerces en allant à la rencontre des habitants. » Une rupture contractuelle, un bilan de compétences et une formation au métier de pizzaïolo la conduiront ensuite à acquérir un camion Mercedes aménagé, au prix de 44 800 euros.
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L’absence de bouteille de gaz le jour de la vente empêche le four de fonctionner. Peu importe : le même que “une petite fille devant son jouet”, Laëtitia Caillaud revient à Arnac-la-Poste avec l’objet fantasmé. Elle a déjà programmé sa tournée des lieux, à la croisée de trois départements : lundi à Chaillac (Indre), mardi à Saint-Maurice-la-Souterraine (Creuse), mercredi à Cromac (Haute-Vienne), jeudi à Naillat (Creuse). ), vendredi à La Châtre-Langlin (Indre). Fabriquée à la main, sa pâte à pizza mettra en avant des recettes classiques et originales, à base de magret de canard ou de camembert.
Pizzas Pourpres
Des problèmes apparaîtront dès les premiers jours. Incapable de produire une chaleur uniforme, le four est difficile à faire fonctionner. Les pizzas sortent soit pourpres, soit partiellement cuites. Surtout : six minutes de cuisson étant nécessaires, au lieu de deux, pour parvenir à un résultat présentable au client, une perte d’exploitation s’accroît progressivement. D’autres déboires apparaissent : l’eau de pluie s’infiltre dans l’habitacle ; l’installation électrique tombe en panne ; le frigo menace de se briser. La partie moteur n’est pas au mieux : le câble de frein est desserré ; le capteur de température de l’eau perd le contrôle ; le chauffage fonctionne mal… Comment croire que cet utilitaire datant de 2000, précédemment immatriculé en Pologne, n’affiche que 120 000 kilomètres au compteur ? « Comment a-t-il pu passer le contrôle technique ? »demande Laëtitia Caillaud.
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