Une nouvelle enquête menée par le réseau » Afrobaromètre», spécialisé dans les études d’opinion en Afrique et couvrant 39 pays du continent, souligne l’importance accordée à la gestion de la pénurie d’eau par les citoyens africains, plaçant ce problème au quatrième rang de leurs priorités.
Au Maroc, seulement 9 % des personnes interrogées considèrent la crise de l’eau comme une priorité absolue nécessitant une action gouvernementale immédiate. Ce faible pourcentage révèle une méconnaissance de l’urgence de la situation de l’eau dans le royaume.
Le chômage arrive en tête des préoccupations des citoyens africains, avec 33% des personnes interrogées le plaçant en première position, suivi de près par les questions économiques (29%) et de santé. En revanche, la lutte contre la corruption, le développement agricole et l’augmentation des salaires sont relégués au bas de la liste des priorités selon les données recueillies par Afrobaromètre.
Environ 80 % des Marocains déclarent n’avoir rencontré aucun problème d’accès à l’eau potable ou domestique au cours des 12 derniers mois, alors que seulement 3 % déclarent le contraire. Par ailleurs, 12 % ont rencontré des difficultés d’accès une à deux fois au cours de l’année écoulée.
Comparativement, le Maroc se classe deuxième en Afrique en termes d’accessibilité à l’eau potable, juste derrière les Seychelles où 88 % des habitants déclarent n’avoir jamais rencontré de problèmes d’approvisionnement en eau. En revanche, le Gabon, le Congo-Brazzaville et l’Angola font partie des pays les plus touchés par les difficultés d’accès à l’eau.
Concernant l’assainissement des eaux usées, 72% des Marocains indiquent disposer de systèmes adéquats dans leur région, plaçant le Maroc au deuxième rang en Afrique après la Tunisie, suivi de l’Afrique du Sud. Des défis majeurs dans ce domaine sont rencontrés au Malawi, au Niger et au Zimbabwe.
Quant aux toilettes privées, 95% des Marocains en disposent à leur domicile, sans rencontrer de problèmes à cet égard, contrastant avec les difficultés rencontrées par certains citoyens de Namibie, de Sao Tomé et Principe et du Bénin.
Concernant l’évaluation de la performance du gouvernement en matière de fourniture de services d’eau et d’assainissement, 56% des Marocains interrogés ont exprimé leur satisfaction, dépassant ainsi la moyenne africaine qui est de 38% pour les 39 pays inclus dans l’étude.
” Afrobaromètre » recommande aux gouvernements africains de prendre des mesures décisives pour garantir l’accès des populations à l’eau potable et aux services d’assainissement, soulignant que les zones rurales et les populations pauvres sont les moins desservies.
Par ailleurs, le Rapport mondial sur la gestion des ressources en eau 2024 des Nations Unies souligne le lien entre les tensions liées à l’eau et les conflits mondiaux, soulignant la nécessité d’une coopération internationale renforcée et d’accords transfrontaliers pour préserver la paix.
” À mesure que le stress hydrique augmente, les risques de conflits locaux ou régionaux augmentent également. Le message de l’UNESCO est clair : si nous voulons préserver la paix, nous devons non seulement mieux préserver les ressources en eau mais aussi renforcer au plus vite la coopération régionale et mondiale dans ce domaine.», note Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, citée dans le communiqué.
Le rapport, coordonné par le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau de l’UNESCO, donne un aperçu des principales tendances en matière d’état, d’utilisation et de gestion de l’eau douce et de l’assainissement, fournissant ainsi aux décideurs des outils pour des politiques durables dans ce domaine.
Les chiffres révèlent que 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable et que 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’assainissement adéquats. Les sécheresses touchent de plus en plus de personnes et la moitié de la population mondiale sera confrontée à de graves pénuries d’eau en 2022.
Le changement climatique aggrave ces défis, menaçant la paix sociale et affectant particulièrement les femmes et les filles. L’Afrique est particulièrement vulnérable, avec 19 États sur 22 souffrant de pénurie d’eau, malgré le fait que les deux tiers des ressources en eau douce sont transfrontalières.
