« Les entreprises continuent d’investir dans le Tarn-et-Garonne »

« Les entreprises continuent d’investir dans le Tarn-et-Garonne »
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l’essentiel
La directrice départementale de la Banque de France livre son analyse de la situation économique du Tarn-et-Garonne. Malgré l’inflation et les incertitudes géopolitiques, notre département a la chance de disposer d’un réseau de PME financièrement bien structurées, souligne Michèle Brogi.

L’enquête annuelle de la Banque de France est l’un des baromètres les plus attendus pour juger de la santé de notre économie. Dans le contexte inflationniste que l’on connaît, et alors que la guerre en Ukraine continue d’avoir des effets néfastes, comment se porte le Tarn-et-Garonne ? Michèle Brogi, directrice départementale de la Banque de France, livre son analyse.

Dans cette enquête annuelle, vous faites le point sur l’activité économique pour 2023. Comment se qualifier cette année ?

Il y a eu une résilience et une activité soutenue, même si elle a été moindre qu’en 2022. Je parlerais d’un bon atterrissage en 2023 mais avec un ralentissement observé à partir du 4ème trimestre. C’est au deuxième trimestre, d’avril à juin, que la croissance du PIB a été la plus soutenue (+0,4%), en raison du report des commandes à partir de 2022. La construction et le commerce ont été les deux secteurs les plus touchés par le ralentissement de l’activité. Dans la construction, c’est surtout le gros œuvre qui en souffre. Au contraire, les services et le tourisme ont bien performé en 2023.

L’inflation va-t-elle continuer à baisser ?

Entre février et décembre 2023, le rythme de l’inflation a été réduit de moitié, passant de 7 % à 3,7 %. Mais on constate que dans les services, les prix continuent d’augmenter. Aujourd’hui, on ressent ce déclin des activités de services. En 2025, il faudrait ramener cette inflation à 2%.

Cependant, nous constatons que les gens continuent d’épargner beaucoup. Dans le Tarn-et-Garonne, l’épargne a augmenté de 15 % entre 2020 et 2023. Cela représente une augmentation de 5,6 millions d’euros pour la seule année 2023.

Nous tardons à voir des signes de reprise en ce début d’année 2024. Quelle analyse faites-vous ?

Il est vrai qu’au premier trimestre 2024, le produit intérieur brut (PIB) ne devrait augmenter que de 0,1% au lieu des 0,2% attendus. La Banque de France a revu sa projection à +0,8% pour cette année 2024 alors que le gouvernement table sur 1% de croissance. L’année dernière, ce sont les exportations qui ont stimulé le PIB. Cette année, c’est la consommation qui doit soutenir la croissance, mais je voudrais mettre en garde sur ce sujet car on sait que la consommation qui redémarre est liée à la confiance des gens dans l’avenir. Cependant, nous constatons que les gens continuent d’épargner beaucoup. Dans le Tarn-et-Garonne, l’épargne a augmenté de 15 % entre 2020 et 2023. Cela représente une augmentation de 5,6 millions d’euros pour la seule année 2023.

Venons-en au Tarn-et-Garonne. Comment vont les entreprises ?

La force de frappe de notre économie, les PME, se porte bien. Je parle des 1 600 entreprises tarn-et-garonnaises qui réalisent plus de 750 000 euros de chiffre d’affaires. On voit qu’ils ont de très bonnes structures financières et qu’ils continuent à investir : c’est un point très positif. Je ne suis pas trop inquiet du positionnement des PME en Tarn-et-Garonne.

Ici, nous avons beaucoup d’indépendants, ce qui fait que le secteur de la construction a beaucoup de mal à recruter, sauf via les agences d’intérim. Aujourd’hui, les CDI ne sont plus recherchés par personne.

Quels secteurs se portent bien et, au contraire, ceux qui souffrent le plus ?

Ce qui anime l’activité, c’est l’aéronautique. Les services sont également bien orientés et l’industrie agroalimentaire se porte bien. Grâce aux bonnes récoltes de 2023, l’arboriculture se porte bien. Les secteurs à l’arrêt sont le bâtiment et les travaux publics. Pour la construction, on s’attend à un chiffre d’affaires de -0,2% en 2024 en Occitanie contre +3,1% en 2023 et des effectifs qui continueront de baisser, même si ce sera à un rythme moins soutenu. Ici, nous avons beaucoup d’indépendants, ce qui fait que le secteur de la construction a beaucoup de mal à recruter, sauf via les agences d’intérim. Aujourd’hui, les CDI ne sont plus recherchés par personne.

Nous constatons que le nombre de faillites d’entreprises a augmenté au cours de la dernière année.

Oui en effet. Les défaillances d’entreprises ont augmenté de 42 % en 2023 dans le Tarn-et-Garonne alors que la moyenne nationale est de +35,6 %. En fait, nous revenons à la situation d’avant Covid. Ces échecs concernent principalement les petites entreprises et affectent les secteurs des services, du commerce et de la construction. Il s’avère qu’aujourd’hui plus de 80 % des procédures judiciaires aboutissent directement à des liquidations. C’est paradoxal, mais les médiations étaient en fort déclin l’année dernière : nous en avons fait à peine une quinzaine. Les gens viennent souvent chez nous trop tard.

Qu’en est-il de la situation du ménage ?

Avec une population de 262 500 habitants, le Tarn-et-Garonne n’arrive qu’au 9ème rang sur les 13 départements d’Occitanie en termes de niveau de vie mensuel médian : il s’élève à 1 738 euros. Le taux de chômage reste élevé avec un taux de 8,4% (nous sommes 6ème sur 13). Le salaire horaire net moyen est de 13,97 €, contre 15,07 € en Occitanie. L’endettement des ménages est prépondérant dans le Tarn-et-Garonne : il est majoritairement accru par l’immobilier et la consommation. L’épargne continue de croître au rythme de 2 %.

 
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