l’essentiel
Présenté dimanche 17 mars, en première française et en compétition à Cinélatino, « Valentina o la serenidad » suit délicatement le chemin vers la paix d’une petite fille mixtèque qui vient de perdre son père.
« La partie autobiographique réside dans le fait que j’ai vécu le deuil étant enfant. La perte de mon père à l’âge de neuf ans m’a profondément touché et a changé ma vision du monde. Et en 2020, à cause de la pandémie, j’ai encore eu très peur de perdre un être cher et c’est ce sentiment de peur de la perte qui traverse mon film. Alors, à partir de mon expérience, j’ai raconté l’histoire d’un enfant qui découvre l’absence, fait face à la douleur, à la peur et qui, finalement, accepte et comprend que la vie continue”, explique le réalisateur mexicain. Ángeles Cruz qui sera ce dimanche 17 mars au cinéma ABC pour rencontrer le public autour de son film « Valentina o la serenidad », présenté en compétition et en première française au Cinélatino.
Valentina est une fillette de neuf ans qui vit dans sa communauté mixtèque près d’Oaxaca. Valentina est heureuse comme un pinson : son père, parti en ville, doit lui apporter une poupée. Seulement, le papa ne va pas revenir, noyé dans une crue de la rivière. La douleur est trop immense pour la petite fille qui ne peut accepter cette réalité. Son papa n’est pas mort : ce corps gonflé qu’elle a vu n’est pas le sien. Alors, alors qu’on lui annonce qu’il s’est noyé, Valentina l’imagine vivant au fond de l’eau. Et en jouant à l’école buissonnière, elle va lui parler tous les jours au bord de la rivière…
Deuil chez les Mixtèques
Avec beaucoup de délicatesse, sans pathos, « Valentina o la serenidad » suit le chemin parcouru par la petite fille pour faire son deuil et surmonter son chagrin tout en montrant les protections que l’esprit s’accorde face à l’inacceptable, pour ne pas transformer la douleur en traumatisme. En imaginant son père vivant, Valentina met une barrière à sa douleur, la dilue, la repousse dans le temps. Dans sa culture mixtèque d’origine précolombienne, on dit que Lsont des esprits disparus se trouvent dans la nature. Valentina serre les arbres dans ses bras, observe les insectes : la nature, omniprésente, l’aide aussi à faire son deuil.
«Le processus que traverse Valentina, peut-être dans d’autres cultures, serait résolu par une thérapie ou des célébrations. Nous, les Mixtèques, le faisons avec des silences », conclut le réalisateur. « Je viens d’une culture où on parle peu et où les choses sont comprises différemment. Toutes les cultures réagissent différemment au deuil, mais toutes les personnes qui perdent un être cher doivent passer par un processus d’adaptation à l’absence… »